Il faut toujours se méfier des bêtes blessées; elles sont encore plus dangereuses.

C’est manifestement le cas pour les quatre signataires d’une page entière de propagande mensongère (à quel tarif?) dans les Dernières Nouvelles d’Alsace ce 18 septembre 2018.

Après le nouveau succès de la manifestation de plus de 2000 personnes samedi dernier à Kolbsheim, après le jugement en référé du Tribunal administratif qui a retoqué le viaduc de Kolbsheim, sans pourtant stopper la déforestation, Rottner, Biéry, Ries et Herrmann se sont ligués, avec l’argent du contribuable pour une pleine page de mensonges.

Non, le Contournement Ouest de Strasbourg n’est pas une nécessite.

Avons-nous vraiment besoin que des milliers de camions déferlent dans le Kochersberg, ce qui augmentera la pollution localement et sur l’Eurométropole à cause des vents dominants d’ouest en est. Selon le principe égoïste de “not in my backyard”, ces élus souhaitent polluer la campagne sous prétexte d’améliorer en ville. Les camions seront encore plus nombreux du fait que le péage du COS, cher, sera pourtant inférieur à la Maultax de la rive droite du Rhin.

Non, le COS n’est pas fait pour diminuer les embouteillages du trafic pendulaire de l’A35. Il n’est pas fait pour ça. Et les bouchons augmenteront du fait d’une sortie possible sur la N 4 d’Ittenheim à Strasbourg!

Ce projet datant des années 70 est obsolète.

Les 7 avis négatifs plus l’avis du TA ne suffisent-ils pas à faire renoncer? Quels enjeux, financiers, entre autres se cachent devant l’obstination anale de “nos” grands élus.

Ils annoncent maintenant un “grenelle des mobilités” -sic-, (majuscule à Grenelle, messieurs!) pour noyer le poisson, avec “priorité aux transports doux”; de qui se moquent-ils?

Le “boulevard urbain” que deviendrait l’A 35, si vous ne voyez pas ce que c’est, allez donc vous poster le long de cet autre “boulevard urbain” qui mène de la place de l’Étoile au pont de Kehl! Comptez tous les poids-lourds (en infraction) qui devraient rejoindre l’A35 par le Port-du-Rhin! Pas une contravention sur ce axe, sans même parler des gaz que respirent les habitants de cette zone urbanisée à outrance.

Autre menteur dans ce même n° des DNA, un certain Angsthelm (au nom prédestiné: casque d’angoisse…) président du conseil régional de l’ordre des experts-comptables qui fait miroiter de prétendues créations d’emploi et des sommes injectées dans l’économie alsacienne.

Un texte du psychanalyste et auteur Dominique Jacques Roth, lu à Kolsheim avant la dernière marche contre la déforestation et la rocade ouest

Chers sympathisants, chers amis,
Le tribunal a suspendu les travaux d’aménagement du viaduc de Kolbsheim. Espérons que ce sera le premier d’une longue série nous permettant de croire encore que tout n’est pas perdu dans ce pays. La séparation des pouvoirs et l’indépendance des juges est toujours d’actualité ;
A Kolbsheim toutefois, depuis lundi matin, c’est toute une population qui a été sommée de se plier aux injonctions d’une multinationale soutenue par l’Etat, même si cette population a fait savoir par tous les moyens dont elle disposait que ces injonctions étaient illégitimes.
Lorsqu’il y a « échange » sur une ZAD, du moins en apparence comme il y a quelques jours, lundi matin à Kolbsheim, ce n’est jamais qu’un simulacre pour prélever une part de jouissance sur l’autre, comme dans le Marchand de Venise Shylock prélève une livre de chair. « Soyez raisonnables, » a-t-on entendu dire dans la bouche du secrétaire général de la préfecture « on discutera plus tard et ailleurs, mais là il faut dégager la route. Je ne cherche pas le « contact », mais si vous ne reculez pas je ferai donner les sommations ». Et fusent les grenades lacrymogènes !
Accumuler pour accumuler, produire pour produire, construire pour construire est le mot d’ordre de l’économie moderne où les besoins sont de plus en plus grands et de plus en plus insatisfaits alors que la planète, ou étouffe ou se noie. Cette libido d’accumulation est perverse et on peut dire que l’exigence de profit intervient là, comme substitut aux pulsions sadiques archaïques.
Ne croyez pas que mon propos relève d’un jugement moral, il ne s’agit pas de cela… il s’agit d’un phénomène appendu à un mécanisme qu’il importe de comprendre : le mécanisme pervers.
Certains cliniciens estiment que ce mécanisme se constitue dans une logique de vengeance qui renvoie toujours à une rupture de relation plus ancienne poussant un sujet à se venger sur le mode réel d’un dommage subi souvent, sur le mode psychique, invisible aux yeux, et dont eux-mêmes même ne savent plus par rapport à quoi…ni pourquoi !
Contrairement à l’idée reçue, leurs pulsions ne se déploient pas aveuglément, non, c’est au contraire un état de culture qui domine dans les manifestations les plus brutales et les plus inavouables quand leurs pulsions sexuelles se transforment en stéréotypie, en entêtement, en une façon de marteler les choses à l’identique, qui ferait plutôt de ce mécanisme, une forme érotique de la haine.
On a entendu dire aussi « Je suis ici pour appliquer la loi et vous demande de reculer… ! » ces éléments de langage éculés sont répétés sur un mode incantatoire sur tous les terrains de lutte où sévit le mépris et la haine de la nature
Le massacre de la nature qui s’en suit, à Kolbsheim, à Vendenheim, dont vous pourrez constater les dégâts tout à l’heure, ne supprime pas la violence, mais l’exacerbe: efficience, concurrence, compétition sont les slogans décérébrés alors que le monde court à sa perte, sans comprendre que le salut réside dans la coopération, pour sauver une planète menacée.
L’incapacité du mécanisme pervers à concevoir une limite, caractérise l’infantilisme qui se niche au cœur du néolibéralisme et de ceux qui en portent l’encensoir, comme hier quand l’assemblée des maires a chaleureusement applaudi le Préfet Marx, en réaction à la charge portée contre le comportement inadmissible de l’Etat par René Wunenberger et Jean-Charles Lambert.
On voit bien ici, comment le mécanisme pervers marque des points dans le champ social où tout se passe comme si, à travers ses dirigeants, l’humanité voulait se détruire, même quand elle semble construire.
Car la civilisation n’éteint jamais la pulsion de mort, elle la refoule, la détourne, la dirige vers l’extérieur, contre la nature. De tous les destins que l’homme se choisit, disait Freud, celui de disparaître n’est pas le moindre.
Toute civilisation respectable… vise toujours la limitation de sa jouissance sans laquelle une société vivable n’est pas envisageable. Mais Vinci, qui dicte ses volontés à l’Etat, est intouchable. Vinci ne craint rien tant il se sent soutenu par l’Etat.
Le mécanisme pervers recherche la confrontation avec la loi… non pas la petite loi des hommes, contextuelle, variable, changeante, je parle de la loi éthique et exigeante de ceux qui comme Antigone, refusent de se soumettre, et qui prennent la liberté d’agir comme ils l’entendent, conscients que tout n’est pas permis. C’est cette loi culturelle supérieure que le pervers jouit de transgresser.
La fonction critique suppose l’aptitude à penser dont sont dépourvus nombre de nos dirigeants. L’aptitude à penser ne peut se satisfaire d’une structure en trompe l’œil du genre COP 21 pour ébahir les naïfs mal informés.
Un réel progrès de civilisation supposerait de passer d’une économie où prédomine la jouissance à une économie laissant place à l’altérité, mais quand Vinci paie une pleine page de publicité entière dans les DNA pour dire « si nous nous engageons en cas de problème c’est pour qu’il n’y ait aucun problème », nous dénonçons là un simulacre par lequel le mécanisme pervers fait de sa jouissance, la loi.
Le mécanisme est un mode particulier de rapport à la jouissance qui refuse l’impossibilité de la jouissance pleine et totale… c’est-à-dire très précisément ce que vise le capitalisme sur un mode infantile. Nous avons des enfants ici, qui par leurs pancartes, sont plus évolués qu’eux !
De quoi se nourrit le mécanisme pervers ? Il se repaît de l’impuissance de l’autre. Il se délecte du trait d’effarement qu’il voit surgir dans le regard de l’autre.
Pour obtenir cela il organise un scénario. Quel est ce scénario ? Il nous met au défi de dénoncer ce qu’il met là, crûment sous nos yeux, à savoir que sa loi est le travestissement d’un arbitraire qui ne tient aucun compte des processus démocratiques que l’Etat met en oeuvre sur le mode du faux semblant . « 7 avis négatifs.. et alors ? Première sommation ! »
Le mécanisme pervers essaie de provoquer l’angoisse et c’est cela dont il jouit. En gommant la différence de point de vue, il fait disparaître le sujet de la parole au profit d’une vérité de fiction, qu’il essaie de vous vendre pour la loi.
C’est de cette sidération qu’il crée chez l’autre, qu’il jouit. Le mécanisme pervers s’affirme comme volonté de jouir. Dès lors, l’autre, objectalisé, n’existe plus en tant que sujet et… cerise sur le gâteau, le mécanisme pervers pousse le sujet à ne jamais reconnaitre être l’auteur de ses actes. Il exécute un ordre dont il ne se reconnaît pas responsable.
En conclusion, je dirai qu’une collectivité est vivable quand elle sait que ce qui l’organise est une fiction. Autrefois fondée sur de grands sujets monumentaux comme Dieu, le Roi, ou la Nature, ces fictions ont cédé la place à un réel obscène et cruel qui a pour nom « néolibéralisme. »
De ce réel résulte la haine de toute différence et l’indifférence à la souffrance des autres. Nos économies occidentales prétendent pacifier les hommes en satisfaisant leurs besoins alors qu’elle s’emploie à satisfaire la démesure plutôt qu’une harmonie sobre et la tempérance collective.
Mais vous ici, tout au contraire, aujourd’hui encore à Kolbsheim, avec le soutien de Union syndicale solidaires, avec le soutien du Syndicat des avocats de France, avec le soutien de la Ligue des Droits de l’Homme et de nombreuses associations qui nous rejoignent créant une convergence inédite à ce jour, effarés de ce qui se passe ici en Alsace.
Eh bien, vous cherchez vous, à vous rendre maître de l’humaine pulsion d’agression et d’auto anéantissement pour dépasser un monde fondé sur l’absence de limite !
Avec vos mains nues, vous êtes l’autorité morale de la région ! Vous êtes sa ressource éthique !
Honneur à vous ! Merci de votre attention ! Merci de votre présence !

En vidéo

Adresse aux “forces de l’ordre”

Suite aux événements de ces derniers jours, nous nous adressons à vous… forces de l’ordre, CRS et gendarmes, qui ici, à Kolbsheim sur ordre de votre hiérarchie, administrez la violence qu’on vous ordonne.
Les questions que nous vous soumettons sont les suivantes :
Qu’en est-il d’une démocratie qui fait gazer des maires, des députés nationaux et européens et matraquer les personnes assises, sans défense quand la référence à la loi ne constitue plus qu’un argument formel au service d’une multinationale qui, lorsqu’elle enfreint lois et arrêtés, n’est pas poursuivie ? Une telle démocratie est-elle encore légitime ?
A la violence physique dont vous usez pour neutraliser la population révoltée, nous opposons une parole nue puisque au fond, contrairement aux animaux, notre humanité fait d’abord de nous des êtres de langage !
Faut-il rappeler que dans la Grèce antique, n’importe quel citoyen pouvait attaquer l’auteur d’une loi illégitime. Les oligarchies néolibérales l’interdisent pour maintenir leurs privilèges.
Avec le collectif «  GCO non merci » et Martine Wonner, député et psychiatre, nous ne croyons pas que vous accomplissiez cette besogne avec plaisir mais qu’en ces temps de chômage, c’est peut-être là, la seule activité que vous ayez trouvée pour faire vivre votre famille et vos enfants qui, comme vous, souffriront de la violence que le néolibéralisme exerce sur nous tous, car vous aussi, nous le voyons bien dans vos yeux, vous trouvez projetés dans l’abîme d’une violence qui vous épuise et qui partout… entr­­­­­­­­­e les nations, contre les animaux, au sein des entreprises et des administrations, dans les couples, contre les réfugiés, entre ethnies, contre la nature… s’instille partout, contrariant la promesse d’un progrès garant d’harmonie, la fameuse promesse des Lumières.
La spéculation à outrance, l’extermination des populations animales et de la flore, les cyclones dévastateurs, les inondations qui se multiplient, les sécheresses mortelles sont les symptômes d’une crise de civilisation.
Mais nos élites préfèrent privatiser la chose publique au détriment de l’intérêt général. Nos sociétés modernes évoluent sous la pression des multinationales émancipées de la tutelle des Etats à leur botte.
A l’utilité sociale se substitue la distribution de dividendes aux actionnaires, quitte à emprunter pour pouvoir le faire. Voilà où nous en sommes !
L’obsession de la croissance au profit d’une minorité de milliardaires avides d’un pouvoir sans utilité, se fiche du bien commun, alors que les drames humains, environnementaux et climatiques s’aggravent et se multiplient.
Que 90% des vers de terre aient disparu, n’est pas visible aux yeux, mais nos sol, gavés d’intrants chimiques sont morts. Vous-mêmes, sans le savoir, avez des pesticides dans vos cheveux.
Souhaitez-vous être les esclaves d’une forme de développement qui dans son essence exige l’indifférence aux conséquences humaines de son activité..?
La déliquescence démocratique est celle qui interdit de porter assistance aux gens affolés en les gazant, migrants ou populations révoltées, pour accroître leur détresse.

L’économie moderne qui prépare l’écocide de la planète sous l’alibi d’un green washing rentable tel le GCO, est le syndrome mortel qui couve, sous des discours lénifiants appelant à la vertu (responsabilité, pérennité, sécurité), alors que les pôles fondent et que certains y voient même une aubaine.
Ne vivrions-nous plus que pour satisfaire la jouissance imbécile des louangeurs néolibéraux ?
L‘eau, l’air, la nourriture sont pollués et les espèces disparaissent sans que les Gouvernements de la planète revoient leurs fondamentaux.
Sous l’alibi spécieux  d’un réalisme à court terme et à gros renfort de communication mensongère, ils tiennent l’intelligence du cœur pour rien.
Est-ce cet ordre-là que vous souhaitez servir ?
Les Etats serviles ne contrôlent plus les multinationales toutes-puissantes et loin d’être fondatrice, la violence concurrentielle devenue institutionnelle, détruit sans complexe l’esprit même du vivre-ensemble depuis que M. Thatcher a osé dire qu’il n’y avait pas de société.
Le saccage suicidaire de la nature auquel vous participez, l’incapacité de la science à refroidir le climat, à résorber les déchets nucléaires toxiques pour des dizaines de milliers d’années nous donnent un petit aperçu de la pulsion de mort consubstantielle à un capitalisme dévastateur.
Au lieu d’en tirer les conséquences, aujourd’hui, l’Etat français ou son Préfet, n’hésite pas faire à gazer des élus municipaux, nationaux ou européens pour peu qu’ils s’insurgent contre la loi, qui n’est…. une loi républicaine qu’en apparence, dictée en sous-main, par des lobbies sans scrupule.
Ce que vous croyez être l’ordre, crée en réalité les conditions de possibilité d’un désordre planétaire, d’une terreur blanche au service d’un jeu inégal de domination dans lequel les multinationales tiennent les rênes et dictent leurs conditions aux Etats.
Alors que le Préfet Marx parlait d’une tradition de dialogue dans notre région, la violence qui vous est demandée d’exercer sur une population aux mains nues, aura au moins servi à mettre le projecteur sur ce qui est en jeu en Alsace.
Est-ce dans une telle société que vous souhaitez vivre ?
Nous vous laisserons sur cette question et cette nuit, peut-être dans vos rêve, gazerez-vous vos illusions et frapperez-vous de vos matraques les marchés financiers tout puissants !
Merci de votre attention et de votre présence !
Dominique Jacques Roth
Psychanalyste et auteur