On remuait les lèvres mais on ne disait rien

Lundi 21 mai, à 18h, au cinéma Odyssée de Strasbourg, s’est déroulée, devant un public nombreux, la projection du film de Gabrielle Schaaf sur les “Malgré nous”, appelés aussi, de préférence, “Incorporés de force”. Son grand-père, personnage du documentaire, était présent dans la salle, et remercia chaleureusement le public de sa présence. Ce fut sa seule intervention, tant il était ému.

 

 

 

 

 

 

 

 

A partir de 1942, et les Français de l’intérieur ne le savent pas encore assez, et les livres d’histoire en parlent à peine, toutes les classes d’âge des jeunes Alsaciens et Mosellans ont été incorporées de force dans la Wehrmacht, et parfois, pire encore dans les Waffen SS. L’Alsace-Moselle, abandonnée par le régime du maréchal Pétain, n’avait pas été occupée, mais annexée par le régime nazi. Et le crime atroce d’Oradour-sur-Glane, auquel participèrent des incorporés de force alsaciens et un seul volontaire Waffen SS, a rajouté au trouble, ravivé par le procès de Bordeaux en 1953. Comme l’a dit Roland Ries, cinq ans après la guerre, la France et l’Allemagne ont créé ensemble le Conseil de l’Europe. Mais des dizaines d’années ont été nécessaires pour que le Limousin et l’Alsace se tendent la main.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le gauleiter Wagner en Alsace, accomplit son œuvre sinistre, avec zèle, sans même en voir demandé l’autorisation préalable à son Führer, Adolf Hitler.

Il a fallu du temps pour que les rescapés alsaciens-mosellans de la guerre nazie sur le front de l’est, qui n’étaient pas morts ensuite dans les camps staliniens, comme à Tambov, puissent en parler.
Et cette histoire a eu des répercussions sur le champ politique d’ici, en particulier en terme d’anticommunisme à cause de Staline.

 

 

 

 

 

 

 

 

Alors qu’il en reste quelques milliers seulement en vie aujourd’hui, après que 30 à 40 000 sont morts (pour la France, sous l’uniforme ennemi haï), le film sera utile, s’il est diffusé, pour reconstituer la mémoire et l’histoire de l’Alsace-Moselle, meurtrie et la transmettre non seulement aux jeunes générations ici, mais à la France et à toute l’Europe qui ont connu de telles situations ailleurs, comme au Luxembourg proche.

 

 

 

 

 

 

 

 

Étaient présents, aux côtés de Farük Gunaltay, le directeur de l’Odyssée, Gabrielle Schaaf, et son grand-père, ex incorporé de force, le général Baillard, résistant, déporté, Roland Ries, sénateur-maire de Strasbourg, dont le père, comme tant d’autres a été incorporé de force, et Georges Yoram Federmann, psychiatre, et expert auprès du ministère de la défense, pour les traumatismes des victimes et de leurs familles, qu’il a justement rapprochés de ceux des migrants appelés “sans-papiers“, situation qui n’est la leur qu’à cause de lois iniques qu’il est temps d’abroger, n’est-ce pas, Monsieur le président normal?.

Débat On remuait les lèvres, mais on ne disait rien Cinéma Odyssée f2c_audio

Le public est intervenu avec force questions et de nombreux témoignages personnels et familiaux qui chacun mériteraient aussi un film.

http://www.lesoubliesdelhistoire.org/