lu dans le Journal (DNA 14/08/12)

En caractères italiques et gras, des extraits du Journal.

Quatre-vingt-quinze commerçants ont signé une pétition au maire contre la présence de SDF dans la Grand-Rue qui nuirait aux affaires.

Et la crise, la baisse du pouvoir d’achat, et la saison d’été, n’y seraient pour rien?

« Il faut qu’ils aillent ailleurs, c’est tout»…

Déplacer le “problème”, c’est tout ce qu’ils proposent? On reconnaît là l’égoïsme et l’individualisme de groupe contemporain, la nouvelle maladie sociale!

Reconnaissons que la présence de nombreux chiens, l’alcool, le bruit, l’odeur d’urine, le manque d’hygiène... peuvent gêner certains passants, autochtones ou touristes. 

Mais le recul important de la clientèle dû à la « présence permanente de ces personnes désœuvrées qui font fuir les passants » n’est-il vraiment dû qu’à ces SDF? Il faudrait des comparaisons avec le chiffre d’affaire d’autres secteurs où les SDF sont absents. En tout cas, près du Simply de la rue des Grandes-Arcades, pour prendre un exemple, il ne semble pas que la présence de ces personnes fasse baisser les recettes. Surtout, mais pas que, car un SDF, ça mange aussi, celles de la consommation d’alcool!

Sur place et selon les jours, la situation est plus nuancée. De nombreux riverains ou promeneurs saluent ces SDF, prennent de leurs nouvelles, les appellent par leur prénom.

« Mais je suis fatiguée, c’est sale, ça pue. L’autre jour, il y en a un qui a vomi sur ma terrasse. J’ai dû nettoyer. » Pour conclure : « Il faut qu’ils aillent ailleurs, c’est tout. »

Déplacer le problème…

Le point de vue des incriminés est donné par le Journal:

« Mais, si ce n’est pas eux qu’on dérange, ce sera forcément des gens ailleurs. On ne va pas disparaître de la planète », lance le jeune homme, crête et treillis troué.

Il a tout compris! “Disparaître“, c’est ce que proposait déjà Swift, pour résoudre le problème de la pauvreté en Angleterre, tuer les pauvres…Ou, au moins, les mettre dans des camps, comme dans certains régimes totalitaires?

« On dérange. L’été c’est moins beau dans le paysage »

« C’est marrant mais l’hiver on ne dérange personne. Par contre l’été quand les gens ont envie de se promener dans les rues, on détonne dans le paysage. »

…les solutions semblent peu nombreuses.

Et la municipalité social-morale de réfléchir à des arrêtés interdisant la consommation d’alcool sur la voie publique…

En plus de ceux déjà pris contre les jeunes dans les parcs!

Rappelons que de tels arrêtés pour être légaux ne peuvent avoir de caractère général. Ils doivent cibler des zones nommément désignées.

Bref, la consommation d’alcool, hors de chez soi, sera réservée aux portes-feuilles garnis sur les toujours plus nombreuses terrasses, cloutées ou non.

A moins que, un bon plan parmi d’autres, les SDF ne squattent les nombreux pots alcoolisés offerts par les institutions?

Quant à faire disparaître les causes de la misère, il faut, dans ce monde marchand-libéral, être un utopiste pour seulement y songer…