Comme depuis plusieurs années, les Loubavichs ont allumé la Hanoukiah en public, place de Bordeaux hier soir, 5e jour de la fête qui célèbre le “miracle” d’une fiole d’huile d’olive qui aurait brûlé une semaine alors qu’il en restait pour un jour.

rabbin Coriat et Roland Ries

rabbin Coriat et Roland Ries

C’était en 165 avant l’ère chrétienne et le temple avait été souillé par les Séleucides qui interdisaient aux Hébreux de pratiquer leur culte. Une statue de Zeus avait même été installée dans le lieu saint. L’observance du chabat était interdite de même que la circoncision.

Au delà du “miracle”, on ne peut manquer de rapprocher la symbolique de la lumière qui brille dans la nuit, de toutes les manifestations anthropologiques de l’humanité qui espère que la lumière succèdera aux ténèbres, et cela aux alentours du solstice d’hiver. Les Schieweschlawe organisés parfois encore en Alsace, sous la forme de rondelles de bois chauffées qu’on envoie dans le ciel avec un bâton frappant une pierre ne disent pas autre chose.

Ries  Keller Coriat Hermann Dreyfus Elkouby Hanoucah Loubavich

Ries Keller Coriat Hermann Dreyfus Elkouby Hanoucah Loubavich

L’ humanité a peur du noir, comme les enfants, et combat cette peur par la symbolique de la petite lumière qui éclairera le monde, ceci du point de vue matériel comme spirituel. Ce n’est pas pour rien qu’on parle de philosophie des Lumières, et on se souvient que dans le récit de la création du monde, c’est la lumière qui advient d’abord.

Dans les temps que nous vivons, on sent comme un besoin de trouer la nuit dans laquelle nous sommes de plus en plus plongés. Même au fond des ténèbres les plus obscures, une petite lumière brille toujours, comme la faible flamme d’une chandelle, dont Gaston Bachelard a si bien parlé dans l’ouvrage du même nom.

On a remarqué la présence de plusieurs élus et non des moindres à cette célébration strasbourgeoise, puisque le sénateur-maire Roland Ries y était de même que les adjoints Hermann, Elkouby, et aussi Fabienne Keller. La laïcité à la française, en a souffert, mais on est en Alsace-Moselle, où la République n’est pas séparée des églises…

allumage de la hanoukiah

allumage de la hanoukiah

Arrivé un peu après le début de la cérémonie, on a observé que des véhicules étaient garés sur l’herbe du terre-plein de la place de Bordeaux et que des motards se trouvaient à côté. On a voulu s’y garer aussi. Mais immédiatement, un homme en civil est venu nous dire que c’était interdit (pour nous) et les gendarmes se sont dirigés vers nous. On a prudemment quitté l’endroit pour se garer, ailleurs. Il faut en conclure que malgré la nuit du 4 août 1789, il y a encore des privilèges dans notre pays. l’un des véhicules étant celui ,officiel du sénateur-maire. Là comme ailleurs, on cherche encore la différence entre gauche et droite.

deux véhicules (dont celui du maire) sur le gazon place de Bordeaux

deux véhicules (dont celui du maire) sur le gazon place de Bordeaux

Il nous faut aussi raconter un petit incident fâcheux et inquiétant, postérieur à la fin de l’allumage. On avait remarqué que dès notre arrivée sur les lieux, un individu emmitouflé dans un manteau, la capuche relevée et un foulard noir lui cachant la moitié inférieure du visage, à la mode “Ligue de défense juive”, groupuscule de juifs fascistes interdit en Israël et aux USA, mais toléré en France, s’était posté juste derrière nous. Quelle que soit son appartenance, à la LDJ, à un service privé de sécurité, au Mossad, ou tout autre, ce micro Golem de pacotille a tout intérêt à cesser de nous importuner.

Au moment où nous sommes parti, après avoir photographié les véhicules privilégiés garés sur l’herbe, et que nous nous apprêtions à regagner le nôtre, un peu plus loin vers FR3, nous avons été interpellé verbalement par l’individu en question qui nous demanda pourquoi on avait photographié les véhicules. On lui répondit bien volontiers, tout en reconnaissant en lui le type qui faisait partie du service d’ordre protégeant le samedi précédent le colloque Durban II organisé au Conservatoire de musique et de danse. par le Consitoire israélite du Bas-Rhin.

Il nous colla littéralement au cul, l’œil sinistre. Après quelques mots pour exiger qu’il cesse ce harcèlement , nous avons pris à pied la direction du tram, laissant là notre véhicule. Il nous suivit de près avec un acolyte barbu tout aussi reconnaissable car lui au moins ne se cachait pas le visage.

Les deux individus nous suivirent jusqu’au quai du tram devant le lycée Kléber. Que cet individu, quel qu’il soit, le sache, sa tentative d’intimidation nous laisse de marbre. Si cet agent sioniste s’obstinait en d’autres occasions, nous ne manquerions pas de prendre les mesures qui s’imposent afin de faire cesser ces provocations.

Hanoucah Saméia!