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Les vertus d’un enseignement laïque

Mgr Kratz , évêque auxiliaire de Strasbourg a publié un Point de vue intitulé Les vertus de l’enseignement religieux, dans les DNA du 9 février. Il s’agit d’une riposte à un autre texte paru dans le même Journal sous le clavier de Jean-Marie Gillig en faveur d’une réforme de la dispense de l’enseignement religieux à l’école publique comme mesure urgente à prendre en ces temps de débat ravivé sur le statut scolaire dit local d’Alsace-Moselle et des religions concordataires dans ces départements français.

L’enseignement des religions participerait d’un combat contre l’ignorance et la peur de l’autre. Remarquons qu’en matière d’ignorance, l’Église catholique est experte, le Vatican ayant reconnu il y a peu, que Galilée avait raison en ses thèses héliocentriques.

Mgr Kratz refuse que l’heure de religion devienne une matière à option. Il a peur que la baisse inexorable de fréquentation s’accentue encore et se satisfait donc d’une prétendue obligation, qui ne vaut d’ailleurs que pour le système d’enseignement et non pour les familles et les élèves.

Il rejette l’argument laïque de la liberté de conscience violée par ces cours, dont on peut être dispensés. Les religions en Alsace-Moselle violent pourtant cette liberté de même que dans l’ex URSS les cours de «  marxisme-léninisme” que dénonçaient les catholiques polonais.

Dans la situation actuelle, rappelons que les parents doivent dispenser par écrit leurs enfants. Dans ce cas ces derniers suivent un enseignement de morale. Les laïques demandent simplement l’inversion du système. Que les parents qui souhaitent que l’enfant ait un cours de religion en fassent la demande. Il s’agit d’un compromis et d’une mesure provisoire, demandés par les laïques qui autrefois exigeaient l’abrogation pure et simple et l’application de la loi de 1905 en Alsace-Moselle. Comme on le voit, l’Église s’arc-boute à ses privilèges.

Prétendre que c’est se singulariser que de demander un enseignement devenu optionnel est fort de café alors que dans la situation actuelle, les élèves sont classés par religions, en infraction à la loi française de l’intérieur.

On sera d’accord avec Mgr Kratz pour constater l’ignorance de beaucoup trop d’élèves quant au fait religieux. Mais, outre la sécularisation en marche depuis longtemps, on peut remarquer que cet enseignement est déjà assuré par des enseignants «normaux» dans le cadre des cours de français, histoire, philosophie,etc. Quand il parle, comme Sarkozy, des «racines judéo-chrétiennes de notre civilisation », il oublie bien entendu l’Islam à qui on doit tout de même des savoirs aussi négligeables que les mathématiques ou la philosophie.

Justifier l’enseignement religieux à l’école publique au nom de la «société harmonieuse», n’est-ce pas oublier l’Inquisition, ou la Saint-Barthélémy, et les vifs conflits religieux au 21e siècle même?

L’école républicaine laïque est bien armée pour combattre l’ignorance, l’intolérance et la peur de l’autre. Pas besoin d’une version religieuse de l’enseignement de ces valeurs auxquelles les Églises ont adhéré assez tardivement. Et encore aujourd’hui, on en a la preuve avec la mobilisation, les évêques dans les coulisses, contre la loi sur le mariage pour tous-tes.

Quant à la réflexion sur le sens de la vie, de la mort, de l’amour, évoqué par Mgr Kratz, croit-il que ces questions ne puissent être abordées avec ou sans réponses par une éthique laïque qui serait commune à tous  ? Que l’Église apporte sa pierre à l’édifice, pourquoi pas, mais qu’elle exige que son enseignement reste obligatoire, et soit considéré comme un «service public» est une atteinte à la liberté de conscience.

Non, pas d’accord pour penser à «la chance que nous avons de bénéficier d’un statut local» et encore moins pour accepter l’idée, jamais vérifiée, selon, laquelle «la population alsacienne (l’) apprécie dans sa grande majorité».

Dans son homélie finale, Mgr Kratz crie, à propos du statut scolaire religieux local, un «laissons le vivre», dont la connotation empruntée aux anti-IVG fait mal aux oreilles.

Non, Mgr Kratz, ne vous en déplaise, la «modernité” est du côté de la laïcité, qui est inclusive de tous, croyants et incroyants.

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