isidore on t'adore

En 1967, au moment de la guerre des six jours qui a conduit à l’occupation, qui dure depuis, d’une grande partie de la Palestine, Wladimir Rabi, intellectuel juif et juge dans les Alpes, spécialiste du droit de la montagne, affrontait au Home Laure Weill, rue Sellenick, les fervents partisans de l’Etat d’Israël.

Plus de 40 ans après, il semble que rien n’ait changé, sauf en pire, à Strasbourg.

On se souvient, que lors de la manifestation anti-OTAN du 4 avril 2009, au Port-du-Rhin, plusieurs bâtiments avaient été incendiés, dont la pharmacie du quartier, acte imbécile s’il en est, privant les habitants, déjà mal lotis, d’accès aux soins et conseils.

http://www.flickr.com/photos/35970450@N04/sets/72157616284017553/show/

La pharmacie a été reconstruite grâce à une célérité inhabituelle, avec le soutien efficace de l’État et de la ville de Strasbourg.

Mardi 26 janvier, le pharmacien, Isidore Rubinstein, celui que les habitants reconnaissants, saluaient -Isidore, on t’adore!- lors d’une manifestation, où nous étions, du port du Rhin à la CUS, donnait une conférence au Club III, au centre communautaire israélite de la rue Hirschler.

Ces conférences, précision utile, sont annoncées dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, comme ouvertes au public.

Nous y étions, comme d’habitude, malgré l’ostracisme (herem) et même le harcèlement subis par un juif, membre de la communauté de Strasbourg, de la part du président du Club III, qui nous avait même conseillé, par courrier, de ne plus venir, malgré l’attitude pour le moins peu amicale de quelques uns (unes, plutôt) des participantes vociférant, et le véritable harcèlement de la part du service de sécurité qui nous a traité plusieurs fois comme un supposé terroriste islamiste cachant, qui sait, une ceinture d’explosifs sous ses vêtements…

Comme quoi, il est difficile d’être juif en “diaspora”…non pas pour ceux du quartier des Contades, qui vaquent en paix à leurs occupations, si on n’est pas un inconditionnel du nouveau Veau d’Or qui remplace pour beaucoup de coreligionnaires, le judaïsme même et leur tient lieu de nouvelle religion, comme s’il y avait une Onzième Parole: “L’État d’Israël, tu adoreras!

Le conférencier, homme manifestement pieux et cultivé, parla d’abord de la prochaine fête de toubichevat, fête des arbres, du renouveau de la nature, du printemps, écologique s’il en est, sauf pour les oliviers palestiniens arrachés par centaines sur ordre des gouvernements israéliens.

Puis, il entra dans le vif du sujet de la conférence.

La première partie nous impressionna beaucoup, tant la description faite de l’occupation policière et gendarmesque du quartier juif, et en particulier de la rue Oberlin, autour du 4 avril, en prévision de la rencontre des chefs d’États sur la passerelle des Deux-Rives et au Palais des Congrès, transformé en bunker, correspondait à la réalité vécue, et aux critiques virulentes des forces démocratiques mobilisées en prévision de la manifestation.

M. Rubinstein associa automatiquement, avec raison, cette occupation militaire, assortie de privation des libertés démocratiques pour les citoyens ordinaires, aux souvenirs familiaux des méfaits du nazisme quand l’Alsace était annexée au Reich millénaire.

Il invita le public à réfléchir à la fragilité de nos libertés qui, du jour au lendemain, et sans préavis, pouvaient être supprimées par un pouvoir quel qu’il soit, ici “démocratique”.

Les juifs, mais pas seulement eux, en savent quelque chose. Donc, soyons vigilants! Parfait!

Hélas, ce beau discours que nous partagions sans la moindre réserve, se gâta rapidement dans la suite de la conférence.

M. Rubinstein nous fit cependant sourire et même rire à plusieurs reprises, par le récit coloré de ses relations après l’incendie, avec les diverses autorités, locales et nationales. jamais il n’imaginait être aussi bien traité, sans compter le véritable amour exprimé par les habitants du quartier du Port du Rhin, pour un juif, vous imaginez, cela se savoure!

Il se consacra ensuite à une description approximative des actions des dits “black-block”, décrits, faussement comme des jeunes de 15 à 17 ans déguisés en noir pour commettre leurs méfaits, puis se fondant dans la nature, une fois leurs oripeaux guerriers ôtés. Selon l’orateur,qui réfléchissait à voix haute, essayant de comprendre l’incompréhensible, pour lui,”ils risquent la mort pour tuer“! Des nihilistes, donc.

M. Rubinstein fait comme s’il ignorait que des centaine de milliers de personnes, pas toutes jeunes, survivent, non seulement dans le tiers et quart monde, mais même ici, en Europe, en France, dans des conditions de misère, de précarité, de pauvreté et d’exploitation, sans aucun avenir qu’on a évidemment du mal à imaginer dans les beaux quartiers. D’où la révolte contre le système. Comme quoi, le jugement des individus dépend largement, très souvent, de leur appartenance à telle ou telle classe sociale. Mais bien entendu, la lutte des classes cela n’existe plus, sauf pour le MEDEF évidemment.

Il rappela les profanations contre des églises, taguées, l’incendie du bureau de police-douane, celui, empêché de justesse par la mobilisation spontanée des mamans du quartier pour défendre l’école,et enfin celui de l’hôtel, pourri -qui, abrite ça et là des sans-papiers retenus jusqu’à leur expulsion-où dormaient en plein jour d’un juste sommeil réparateur, des fonctionnaires de police fatigués des longues missions à eux confiées, survivant eux-aussi, plusieurs jours, dans leurs cars, se nourrissant de sandwichs desséchés et de canettes tièdes-voir les revendications des syndicats de police.

M. Rubinstein condamna avec raison l’incendie de sa pharmacie qui privait de travail plusieurs employés. Puis son discours dérapa de plus en plus, après une observation selon laquelle le sol autour de son commerce était jonché de tracts en faveur de la Palestine…

A partir de là, le pharmacien juif, d’abord sympathique défenseur des libertés démocratiques, se transforma à vue d’œil en contempteur de la Palestine, et des associations de soutien à ce peuple privé de sa terre depuis 1948.

Il fit un grossier amalgame entre tous les participants supposés ou rêvés de la manifestation anti Otan. A l’en croire, les pacifistes (bêlant, bien sûr) se seraient retrouvés aux côtés du Parti des musulmans de France de Mohamed Latrèche, et de militants d’extrême-droite, mélangés avec ceux de gauche et d’extrême-gauche, confirmant ainsi la quatrième de couverture d’un livre récent sur les juifs de France -on y reviendra!

A aucun moment il ne dit la vérité sur le véritable piège tendu par les autorités (US, nationales, préfectorales) qui avaient pourtant donné leur accord, après des heures de négociations, pour un parcours, certes sous les yeux perçants et les piallements des mouettes et autres goélands du Rhin, qui devait faire une boucle entre les hangars.

Il ne dit rien non plus de l’abandon soudain du quartier par toutes les “forces de l’ordre”, dès lors que la photo sur la passerelle Mimram, séchée par Berlusconi, qui devait avoir une de ses nombreuses maitresses au bout du portable, avait immortalisé les saigneurs de la terre, qui s’imaginent, les pauvres, qu’ils dirigent nos vies, alors qu’ils ne sont que les pantins stipendiés, comme Proglio, du capital, jetés après usage comme un mouchoir de papier souillé après un éternuement grippal.

M. Rubinstein avait commencé par nous faire sourire.0n le trouvait même sympathique. Hélas! A la fin, on était en présence d’un bourgeois, certes humaniste, vis à vis des utilisateurs de son officine, mais après tout, un pharmacien, ça gagne sa vie avec nos bobos et nos douleurs, un éructeur désignant à la vindicte publique, devant un public conquis à l’avance, non l’Islam, certes, mais ce qu’il appela l’islamisme, sans bien sûr, en donner une définition. Avec les amalgames actuels et la prétendue “identité française”, on voit de quoi il retourne.

En ces lieux, où, malheureusement, on en a déjà entendu, des choses ignobles, non de la part des conférenciers, en général fort compétents en leur domaine et respectueux, et passionnants souvent, comme André Bord, François Igersheim, Léon Strauss ou le généticien Jean-Louis Mandel, liste non exhaustive, mais d’une partie du public, intolérant, et refusant toute opinion contraire à la leur, ce qui va parfois jusqu’au racisme, telle cette dame, encore jeune, qui à bout d’arguments, s’en prit, un jour, aux “Arabes qui se reproduisent comme des poules“, la terreur de l’État d’Israël qui veut par tous les moyens y compris d’épuration ethnique, violente ou plus “feutrée” conserver une majorité “juive” en Palestine (appelée Israël).

A la fin de la conférence, une place est habituellement donnée aux questions, sauf quand elles proviennent d’un juif pas “catholique” si on ose cette comparaison empruntée aujourd’hui à un ami d’Israël qui n’aime pas Fabius….

Les antisémites et les sionistes ont ce point commun: ils souhaitent que les juifs soient tous concentrés en un pays…Fin de la dite “diaspora”!

Ce fut encore une fois le cas ce jour. Le président, à qui on souhaite de se refaire une bonne santé, commença par manifester son agacement habituel, puis, comme on avait demandé au conférencier l’autorisation d’intervenir et qu’il l’avait généreusement accordée, malgré les susurations de son voisin à son oreille, on intervint en tant que coorganisateur de la manifestation anti Otan, et participant aux diverses occasions où les habitants du quartier avaient démontré qu’ils n’étaient pas prêts à se laisser faire.

On avait presque fini de parler, et la question allait venir, concernant le curieux hasard (même si on est loin d’être “complotiste”) qui avait fait que les incendies avaient, dans quelques unes des cibles, visé des bâtiments promis de toute façon à la destruction afin de faire passer le tram…

Il nous a déjà frappé que de vieux immeubles, devant être démolis, brûlaient “miraculeusement” , et fort opportunément, évitant ainsi de lourds frais de démolition programmée…Autant de bénef pour les agences immobilières.

On souhaitait savoir s’il n’y avait pas eu quelque chose de similaire au Port du Rhin.

A ce moment, avant d’avoir pu terminer notre question, on a été brutalement interrompu par le conférencier lui-même, abusant de la puissance de son micro.

Quelques dames, pourtant d’allure normale, et civilisées, vociféraient à côté de nous, pour nous reprocher de parler. La pluralité démocratique à l’œuvre…

C’était donc fini, un peu abruptement, et, cette fois, on n’aurait même pas la douce consolation et le plaisir de partager le Kaffee-Kuhre traditionnel.

On s’est donc levé, on a enfilé sa veste polaire (le climat était aussi froid dehors que chaud dedans…) et au fond de la salle Blum, on allait sortir, quand on s’est vu cerné par une petite dizaine de jeunes et moins jeunes hommes, présumés être du service de sécurité du centre communautaire, qui s’était trouvé cette fois un supposé ennemi de l’intérieur, les pires, comme on sait depuis Abel et Caïn,le ver dans le fruit, la tribu, la famille même…

Ils demandaient qu’on sorte, ce qu’on était précisément en train de faire! l’incident avait été créé de toutes pièces par l’interruption au micro due au conférencier, et la venue de la sécurité alertée par on ne sait qui.

On était calme, on expliqua qu’on n’avait pas besoin de chaperon pour sortir, vu qu’on connaissait parfaitement les lieux et le chemin vers le sas.

A cet instant, un individu, un peu enveloppé, portant des lunettes aux montures assez voyantes, en amande, et orangées ou dorées, quelque chose comme ça, on connait la difficulté des témoignages, surtout lors d’incidents, s’approcha de nous et nous traita d'”antisémite“!

Ce n’est pas la première fois, ni la dernière, hélas. Pourtant on ne s’habitue pas à cette insulte grave, le jour même où de vrais nazis profanent le cimetière où une bonne partie de notre famille repose depuis des générations, surtout quand on est juif, membre de la communauté, et orphelin d’un père fusillé par les nazis, comme otage, parce qu’il était juif, quand on n’avait que 2 mois et demi.

On prit à témoin une femme du public qui était venue entendre ce conférencier, intéressée aussi du fait qu’elle avait également tenté de manifester au Port du Rhin et qu’elle souhaitait entendre le pharmacien réputé. Elle n’avait pas dit un mot, posé aucune question, et s’en allait.

On lui dit, la prenant à témoin, “tu entends ce qu’il dit?”

L’individu aux lunettes en amande osa lui demander si elle était juive…(rappelons que les DNA annoncent ces conférences “ouvertes au public“).

Elle répondit que non. Il lui cria “sors, la goy! Et la frappa fort de son poing, près de la barrière au fond de la salle, la déséquilibrant. Choquée, elle se dirigea vers le couloir donnant accès au sas.

Pendant ce temps, je sortis aussi, accompagné par la dizaine de supposés préposés à la sécurité, mes gardes du corps, en somme…tout en protestant calmement. Le responsable se présenta, M. R. Bl. et me jura que je recevrai sous peu une lettre du président de la communauté, Francis Lévy, en réponse à un courrier suite à un contrôle musclé devant le centre communautaire, un shabbat. Je l’attends. Mais la Poste n’est plus ce qu’elle était…

Une fois arrivé dans le couloir, je fus encore pris à partie, en paroles, par le même individu que la sécurité laissait faire. Et la “goy” fut bousculée, perdit l’équilibre à moitié, sans cependant tomber, tout près du sas.

On imagine l’état de choc de cette personne qui craint même de porter plainte.

Elle a consulté un avocat qui n’a pas été surpris de ce genre d’événements…mais lui a dit que ce n’était pas la peine de déposer une plainte qui serait sans suite.

En ce qui nous concerne, le lendemain, lors du débat à la librairie Kléber autour du livre de Freddy Raphaël, Dominique Schnapper, nous avons fait état publiquement de ces faits inqualifiables. Plusieurs personnes dans la salle se trouvaient aussi au centre la veille et ont fait part de leur intention de demander des explications à qui de droit. Merci à elles.

Pour finir, une seule question, toute simple:

Est-il possible d’être juif dans la communauté israélite de Strasbourg, et ailleurs, quand on se désolidarise, en tant qu’homme, et juif, des crimes de l’État d’Israël, relevés pour les derniers, commis à Gaza, il y a un an, dans le rapport de la commission des droits de l’homme de l’ONU, de 560 pages, du juge (juif aussi et traité d’antisémite par un sous-ministre israélien) M.Goldstone?

Archives

Port du Rhin

http://www.youtube.com/watch?v=FdjtnYBkL94

manif-port-du-rhin-campus-crs-016.1239259718.JPG

http://www.youtube.com/watch?v=KyiOjKHeV5o

Certains craignaient une récupération par la droite et l’extrême-droite de la colère des habitants du Port du Rhin délaissés avant comme pendant les destructions occasionnées en marge de la manifestation contre l’Otan.

Il n’en a rien été. On le doit aux habitants eux-mêmes et aux organisateurs locaux de la marche vers la CUS ainsi qu’aux forces de progrès venues les soutenir.

http://www.youtube.com/watch?v=PzvosvDCr18

manif-port-du-rhin-campus-crs-009.1239259808.JPG

lu dans les DNA

La longue marche des habitants

Pour protester contre « l’abandon » du Port-du-Rhin, près de 250 personnes ont défilé dans le quartier, avant d’entamer une longue marche vers la mairie, place de l’Etoile, où une délégation de manifestants a été reçue.

Au départ de la manifestation, ils sont près de 250 dans la rue, entre l’école et les décombres de la pharmacie. Il y a là principalement des habitants du quartier – jeunes et vieux, parents et bébés – mais aussi des gens qui y travaillent, des syndicats et partis politiques, priés de rester à l’arrière du cortège. « Pour éviter toute instrumentalisation », précise dans le porte-voix l’un des organisateurs, Gérard Schann, président de l’association Au-delà des Ponts. Durant l’après-midi, les organisations sauront rester discrètes, tout en exprimant par leur présence leur soutien aux habitants du quartier.

Pas prévenus du danger

En tête de cortège, trois enfants portent une pancarte « Isidore, le Port-du-Rhin t’adore ». Derrière eux, sept employés d’Isidore Rubinstein, le pharmacien du quartier dont l’officine a été incendiée en marge de la manifestation anti-OTAN, défilent, bras dessus, bras dessous. « Nous voulons ainsi exprimer notre soutien au quartier et notre colère d’avoir perdu notre pharmacie. Deux jours avant la manifestation anti-OTAN, notre patron a décidé de son propre chef de fermer la pharmacie la journée de samedi ; les autorités ne nous avaient pas prévenus du danger », explique Caroline, l’une des préparatrices.
Tout près du groupe de la pharmacie, trois « mamies » se soutiennent : elles ne marcheront pas jusqu’à la place de l’Etoile, mais tenaient à être présentes au départ de la manifestation. Accompagnée et encouragée par deux sympathiques voisines, Suzanne Simon, 82 ans, fera quant à elle le trajet jusqu’à la mairie pour défendre son quartier, « délaissé depuis des années ». Egalement présents, une dizaine d’éducateurs de l’institut thérapeutique éducatif Les Mouettes qui disposait d’un local dans l’ancien office de tourisme incendié. Kamel Qandoussi, le propriétaire du restaurant Au Général Desaix, suit le mouvement : l’hôtel Ibis étant désormais en ruines, il a perdu une bonne partie de sa clientèle.

Petits blocages

Pendant quelques minutes, le cortège s’arrête, symboliquement, au beau milieu de chaussée, route-du-Rhin. Puis il s’avance dans la rue du Port-du-Rhin : devant le bureau de poste (lui aussi pris pour cible par les casseurs), les manifestants sont applaudis. Environ 180 personnes empruntent ensuite le pont d’Anvers, les quais des Belges et des Alpes pour se rendre au centre administratif. La promenade est agréable, les percussions résonnent et les manifestants tiennent haut leurs banderoles et pancartes « Port-du-Rhin en colère », « Port-du-Rhin oublié », « Pris en otage, sacrifiés », « Pour oublier le drame, donnez-nous le tram »… tout en scandant : « Tous ensemble, tous ensemble ! » Nouveau blocage de la chaussée juste avant la station de tram « Winston-Churchill ». Les automobilistes pressés klaxonnent, mais ils redémarrent au bout de quelques minutes seulement.

Les premières propositions

Vers 16 h, les manifestants sont accueillis, sur le perron de la mairie, par le premier adjoint au maire, Robert Herrmann, et l’adjoint de quartier, Philippe Bies. Une délégation composée d’une dizaine de personnes est reçue. Pendant les discussions à l’intérieur, l’ambiance s’échauffe à l’extérieur, certains accusant la délégation de s’être « autodésignée » et de ne pas porter les revendications des habitants. Quelques-uns décident de rentrer chez eux. Les premières propositions des élus municipaux – encore étayées dans la soirée – calment le jeu.

Julia Mangold

édition du Jeu 9 avril 2009

manif-port-du-rhin-campus-crs-005.1239260554.JPG

Plan d’urgence pour le Port du Rhin

Les promesses de Ries

« C’est Noël à Pâques ! », s’est exclamé Étienne Auberger, un habitant du quartier, après l’annonce hier soir par le maire de Strasbourg, Roland Ries, des mesures prises en faveur du Port-du-Rhin.

« A quelque chose, malheur aura été bon, a dit Roland Ries en présentant son plan d’urgence. Ça n’efface pas le traumatisme mais ça fera avancer le quartier. » Puis le maire a annoncé toute une série de mesures immédiates et à plus long terme, un « plan de requalification et de développement du quartier » qui sera appuyé par le président de la République.

Dans l’urgence

Les stigmates des émeutes. Les services de la Communauté urbaine ont nettoyé la plupart des graffitis et déblayé le quartier de ses débris. Quatre Abribus et les panneaux d’information ont été remis en état, sauf un.
D’ici Pâques, des palissades entoureront les lieux sinistrés : poste de douane, pharmacie, et l’hôtel sera sécurisé, les entrées maçonnées.
La pharmacie : elle sera remise en service, au même endroit, dans un baraquement provisoire, dès que les décombres auront été nettoyés. Par la suite, elle trouvera place dans une « Maison de la santé ».

Un plan de requalification et de développement

Roland Ries a ensuite présenté un plan de développement du quartier en deux volets : amélioration des transports publics vers les centres de Strasbourg et Kehl, et prolongement du tram ; transformation du cadre de vie.
Bus : la desserte des bus des lignes 21 et 2 va être améliorée. Une navette plus rapide pourrait être mise en place jusqu’à la station de tram Aristide Briand.
Tram. La prolongation de la ligne D jusqu’à Kehl bénéficiera, de façon quasi-certaine, d’une enveloppe financière de l’État. Mise en service envisagée au premier trimestre 2014.
Maison de l’enfance : sa réalisation sera accélérée, avec 60 places, halte-garderie, centre de loisirs et accueil périscolaire. Avec vocation transfrontalière et bilingue. En 2010 au lieu de 2013. Coût, 5 millions d’ €.
Centre médico-social : dès fin 2010 un nouveau CMS sera mis en route qui accueillera aussi la pharmacie, des cabinets médicaux, etc. Coût, 2 M €.
Groupe scolaire : l’école du Rhin sera rénovée « le plus vite possible », ainsi que son gymnase. L’école devrait devenir « bilingue » pour accueillir des enfants allemands qui veulent être scolarisés en France.
Services publics : dès le 1er juin, une permanence de la mairie de quartier sera ouverte deux fois par semaine. La ville prendra contact avec la caisse d’allocations familiales pour voir si elle peut également proposer une permanence dans le quartier, et avec La Poste afin qu’elle élargisse les horaires d’ouverture du bureau.

Un stade de foot synthétique

« Je considère que le Port-du-Rhin est prioritaire, par rapport à d’autres quartiers de la ville, après ce qui s’est passé, pour un stade de foot synthétique au jardin des Deux-Rives », a dit le maire en commentant ce projet qui n’était pas prévu dans les plans antérieurs.
Les façades des deux églises, catholique et protestante, dont les tags ont déjà été effacés, seront remises en peinture.
Tous ces projets feront l’objet d’une concertation accélérée qui sera menée par l’adjoint de quartier, Philippe Bies, également présent à la réunion d’hier soir.
Commerces : La Ville s’engage à aider la réalisation de projets commerciaux notamment en « mobilisant des dispositifs “zone urbaine sensible” et en travaillant avec CUS Habitat », a précisé l’adjoint Philippe Bies, par ailleurs président de l’Office HLM.
Animations : Dès cet été, des animations seront mises en place pour les jeunes et les enfants du quartier.
Ce plan d’urgence sera présenté de façon détaillée aux habitants lors d’une réunion publique au gymnase de l’école du Rhin, mercredi 15 avril, à 19 h.

Commission d’enquête ?

La présentation a été suivie d’un long débat. Une habitante du quartier, Véronique Auzet, professeur de géographie à l’université, a demandé avec insistance une commission d’enquête parlementaire pour analyser les dysfonctionnements de ce samedi d’émeutes.

R. W. avec Ju. M.

Pour soutenir et développer les commerces dans le quartier, Philippe Bies espère « mobiliser des dispositifs “zone urbaine sensible » et travailler avec CUS-Habitat (dont il est le président).

Édition du Jeu 9 avril 2009

manif-port-du-rhin-campus-crs-019.1239260637.JPG

Sans faire de mauvais esprit ni inciter quiconque à la violence, on ne peut manquer de se dire que pour faire avancer les dossiers des quartiers en difficultés, quelques incendies (surtout de bâtiments promis à la destruction) font avancer les choses plus vite que bien des discours et autres pétitions…