Le Curtelet Bois Rattel 8 mai 2013 stèle renovée et rectifiée

IL Y A 71 ANS !

La stèle a été doublement rectifiée:

– la graphie correcte Meyer a remplacé la graphie fautive de 1946 Mayer

– l’inscription originelle “fusillés par les Boches” a été remplacée par “fusillés par les Allemands“…

Cette seconde rectification, quoique la formule soit plus satisfaisante, relève cependant d’un effacement négationniste de l’idéologie résistancialiste gaullo-communiste germanophobe de l’immédiat après-guerre.

Le 8 mai 2013, la commune de Marlieux, dans l’Ain rendait hommage à la Résistance

Cette année, après plus d’un an d’existence, la section locale du Souvenir Français a su donner un relief particulièrement émouvant et ancré dans l’histoire locale à la commémoration du 8 mai 1945.

La cérémonie s’est en effet déroulée , non seulement au monument aux Morts du village ,mais aussi auprès des monuments commémoratifs des morts pour la Patrie sur le territoire de Marlieux , entre 1939 et 1945.”

Une fois de plus, près de 70 ans après l’inauguration d’une stèle aux fusillés, au bord de la RN 83 , désormais RD 1003, près du village de Marlieux, une certaine confusion est entretenue au sujet des victimes de l’époque.

En effet, le Souvenir Français, récemment créé, et les élus de Marlieux ont rendu un hommage indifférencié aux résistants morts en combattant, les armes à la main, l’occupant nazi et aux victimes juives d’un crime contre l’humanité, assassinées non pour des actes de résistance, pour ce qu’elles auraient fait, mais pour ce qu’elles étaient.

A 09h30, à la stèle du Curtelet, le maire de Marlieux,Robert DEPLATIERE accompagné de messieurs Roger et André UNTERBERGER, fils de deux victimes israélites de la fusillade du 14 juillet 1944, déposait une gerbe. Monsieur Roger UNTERBERGER est venu de Bâle et Monsieur André UNTERBERGER de Reims, pour l’occasion.

Marcel Meyer tombe Marlieux 8 mai 2013

A 09h45,au cimetière, sur la tombe de Marcel MEYER, israélite fusillé par les Allemands le 14 juillet 1944, monsieur le maire de Marlieux et monsieur l’abbé Malassagne, vice-président du comité local du Souvenir Français, déposaient une gerbe. A l’issue, les drapeaux, suivis de l’assistance, sont allés s’incliner sur la tombe de Robert LHOSTE, chef du groupe de Résistance de Marlieux.”

Dans le même paragraphe, sont associés mon père, certes, avec la mention “israélite” et un chef de groupe de résistance de Marlieux. Il n’est pas certain qu’aujourd’hui et dans l’avenir, les vivants se souviennent que le premier est une victime de la barbarie raciale des nazis, à la tête desquels se trouvait Klaus Barbie, et de leurs collabos, dont le préfet de l’Ain, M. Delpeyrou.

http://www.marlieux.com/index.php?art=264

Reine, Juliette, Marcel, Jane, Paul Meyer 001

Souvenir Français Héricourt Haute-Saône

Par contre sur ce site, figure la liste des déportés et fusillés “israélites” héricourtois entre entre 1942 et 1944.

http://souvenirfrhericourt.e-monsite.com/pages/israelites-hericourtois-deportes-1942-1944/

Parmi eux, quatre membres de ma famille paternelle, mes grands-parents déportés à Drancy puis Auschwitz, dans le convoi 69, une sœur de mon père, déportée à Auschwitz et mon père, fusillé, parce que juif, à Marlieux le 14 juillet 1944 au lieu-dit Curtelet Bois-Rattel avec quatre autres Juifs.

Le numéro du convoi figure

69 MEYER Aaron 11/11/1874 Seppois-le-Bas 12/03/1944 Auschwitz

dit “Adolphe”

69 MEYER Cécile 10/04/1880 Niederroedern 12/03/1944 Auschwitz

35 ULLMANN Reine 23/08/1905 Seppois-le-Bas 01/07/1944 Auschwitz

née Meyer

Fusillé par les Allemands

MEYER Marcel 27/03/1904 Seppois-le-Bas 14/07/1944 Marlieux

fusillé après la rafle du 10/07:1944

 

Bourg-en-Bresse : le juillet noir de 1944

in Résistance Lycée Lalande

Peu de burgiens connaissent la tuerie de 1944. Ce “juillet noir” où l’on dénombre une trentaine d’exécutions sommaires commises entre le 10 et le 25 à Bourg, qui comptait alors 25 000 habitants.
Parmi les victimes 17 burgiens, dont 11 juifs résidant en ville, un autre juif d’Oyonnax, 8 résistants qui avaient été amenés du Jura voisin, un FFI originaire de Priay, un FTP de Vénissieux.
Ils furent des victimes expiatoires et peu-être même une monnaie d’échange.
Klaus Barbie, l’organisateur de la tuerie, ne s’est jamais entendu reprocher contradictoirement les fats que j’évoque.
C’est par contumance qu’il avait été condamné une première fois en 1954 par un tribunal militaire à Lyon. À son spectaculaire procès d’assise, trente ans plus tard et toujours à Lyon, il n’a pas été question du massacre de Bourg-en-Bresse, en vertu du principe de l’autorité de la chose jugée.
Ainsi l’imprescribilité du crime contre l’humanité fut bel et bien éludée.
D’abord la Milice

1944 : les miliciens sont solidement installés à Bourg depuis le début de juin. Au moment même où le débarquement des Alliés en Normandie est annoncé.
Dans l’Ain, ils sont une “cohorte” – 300 hommes environ. Au chef-lieu départemental, ils se sont logés à l’Hôtel de la Pyramide, emplacement de l’actuelle agence du “Progrès”, à l’Hôtel de France qui est un centre d’interrogatoire, à l’Hôtel de l’Europe, qui fut un temps salle des ventes. Ils en ont fait un centre de détention, les chefs y ont aménagé leurs bureaux.
D’Agostini est à la tête de cette cohorte. On connaît les crimes de ce forcené qui lui ont valu, après jugement, d’être fusillé après la Libération.
Depuis juin, d’Agostini sévit à Bourg, Nantua et ailleurs. Il est flanqué de sa maîtresse, un grand nom du gotha : Madeleine Champetier de Ribes, laquelle se pavane en uniforme milicien : culotte de cheval, béret timbré du gamma. Cette égérie à particule ne se sépare jamais de sa cravache ni de ses armes. Elle se fait appeler “colonelle Maud” et participe aux interrogatoires des “terros” et des “partoches”, comme elle dit.
La cohorte milicinne de l’Ain a son deuxième service (renseignements) en rapport qutidien avec le deuxième service régional commandé à Lyon par Touvier.
(Au fait, a-t-on jamais demandé à ce dernier s’il savait quelque chose su les événements de Bourg ?)
À Bourg, il y a aussi ce Francisque Girard, le bien prénommé, qui selon Patrick Séry (“Événement du Jeudi” en date du 30 mars 1988) a établi la liste de tous les juifs de la ville, l’a adressée à Maurras pour publication dans l’Action française. Ces listes vont servir, celles de la préfecture aussi.
Les potaches à la question

Le 5 juin 1944, en début d’après-midi, les franc-gardes de la Milice armés jusqu’aux dents investissent le lycée Lalande. Molestés et même sévèrement battus, une quarantaine de potaches, le proviseur et le surveillant-général sont conduits à Saint-Amour, à trente kilomètres, pour être interrogés plus avant.
Dix arrestations sont maintenues : le surveillant-général et neuf élèves. Ils seront enfermés dans les caves de l’Hôtel de l’Europe avant d’être remis aux allemands et déportés en Allemagne.
Les caves de l’Hôtel de l’Europe

Par les miliciens, les caves de l’Hôtel de l’Europe son devenues l’enfer. On y pratique tous les jours la torture : flagellation avec les boucles de ceinturons, on brûle des journaux entre les jambes écartées des gens qu’on interroge. Les témoins attestent.
M. Charvet, alors chirurgien-dentiste, a connu cette détention. Il décrit ainsi ces culs-de-basse-fosse : “dix mètres d’un escalier de pierre où l’on accède aux caves par un long couloir, faiblement éclairé d’une lampe de 15 watts. La première cave est bourrée de fagots qui laisse un espace de 60 cm jusqu’à la voûte. On ne peut se tenir debout. Dans la seconde, trois tonnes de pommes de terre en fermentation servent de paillasse aux détenus.”
Tous les soupiraux ont été bouchés, la puanteur s’est ancrée. Ils sont là 80 à 100 qui suffoquent.
Tout est permis aux miliciens, ils sont pour l’État pétainiste, la loi et l’ordre public. Leur grand chef, Joseph Darnand, natif de Coligny (Ain), a autrefois travaillé dans un commerce de meubles de la ville. Il y a encore de la proche famille. Outre son poste de chef national de la Milice, il est devenu secrétaire d’État au maintien de l’ordre. Ce sont les allemands qui l’ont imposé dans cette fonction. Il sera même promu Sturmbannführer de la SS, après avoir prêté serment à Hitler.
À Bourg, à l’Hötel de l’Europe, expéditifs, les tueurs miliciens abattront dans la rue, devant l’hôtel, Robert Venet, 29 ans, un maquisard capturé auquel d’Agostini, machiavélique, venait de dire : “Après tout, tu es comme nous aussi un patriote, tu as choisi une autre voie, tu es libre, fous le camp !”
Et Venet est tué sous prétexte d’une tentative d’évasion.
Du gamma milicien à la tête de mort des Totenkorps

Après la Libération, Mme Denizot qui dirigeait avec son fils Pierre l’Hôtel de l’Europe m’a rapporté les affres endurées par les détenus. Quelquefois elle réussissait à leur faire passer de l’eau. Ils étaient nourris d’un infect brouet de patates pourries prélevées dans leur litière. Ce brouet était archi-salé pour provoquer une torture supplémentaire : la soif.
Ce monde milicien était un monde de folie. Si les sous-sols étaient un enfer, la dépravation était de règle dans les salons et les chambres. Une orgie comparable en tous points à celle qui régnait à Salo , la dernière Capoue des derniers fascistes mussoliniens.
La colonelle Maud en était la reine.
Mais tout cela n’était qu’un prélude. De la loi du gamma, on allait passer à la loi SS. Celle qui avait fait régner l’ordre à Varsovie. On sait quel ordre et on sait de quelle manière. Mais pour autant, la Milice ne cédait pas le pas aux allemands. Elle allait les aider.
Rafle générale

J’ai été le premier journaliste à signaler, preuves à l’appui, la présence de Barbie à Bourg.
À l’aube du 10 juillet 1944, la ville est complètement bouclée par la soldatesque, aidée des miliciens.
Barbie commande. À ses côtés on remarque les miliciens du deuxième service, ceux qui ont collecté les renseignements sur les “suspects”. Beaucoup de burgiens dorment encore quand passent les voitures haut-parleur faisant savoir que tous les hommes de 17 à 45 ans doivent se présenter en divers points de rassemblement munis de leurs papiers, sous peine d’être fusillés.
Bientôt ils seront parqués dans les cours et parc de la préfecture. Selon les RG ils sont 1200. Selon “L’Ain de 1939 à 1944”, ouvrage de Paul Cattin et Roger Dusonchet, ils sont 1764.
L’allemand Krekler accuse l’allemand Barbie

À 7 heures 45, un jeune homme de 19 ans est abattu. : M. Lamberet. J’ai en main la déclaration faite à la police française par l’allemand Krekler le 25 septembre 1944 à l’inspecteur Pohl de la section criminelle de la PJ de Lyon. Déclaration donnée trois mois après les événements. Qu’on ne nous parle pas d’erreur de mémoire.
Herr Doktor Krekler était à Lyon chef d’un service dépistant les réfractaires au STO. Il faisait partie de l’expédition de Barbie à Bourg avec 20 hommes de son groupe.
Krekler accuse formellement Barbie de l’exécution sommaire de MM Lamberet et Servillat auxquels il a tiré des balles de revolver dans la tête. Il est 8 h 40. Devant l’assistance tétanisée après l’exécution de Lamberet, l’Obersturmführer hurle : “Lui aussi a aidé les terroristes…”
Deux gardes s’emparent aussitôt du malheureux, le jettent à terre, lui tirent dessus.
M. Jules Barberot, frère d’un ancien député de l’Ain, qui se trouvait parmi les raflés se souvient et écrit (“Le Progrès” du 16 juillet 1985) : “L’officier [Barbie] que j’ai reconnu sur une photo publiée ultérieurement, mes papiers dans la main gauche, a sorti son revolver de la main droite, a retourné le corps de Servillat d’un coup de pied et a tiré une balle dans l’oreille. D’un autre coup de pied, il a retourné le corps une autre fois et parachevé son œuvre en tirant une autre balle dans l’autre oreille. Puis il m’a redonné mes papiers.”
M. Barberot poursuit : “Je n’ai pu oublier ce visage plein de haine et de satisfaction, ni celui de ce milicien boiteux et bossu qui accompagnait l’officier SS.”
Précision : ce milicien boiteux et difforme était Francis André, “Gueule tordue”, tortionnaire redouté en particulier à Lyon où il opérait avec la Gestapo.
Ce quasimodo de la collaboration, condamné à mort, a été fusillé à Lyon, comme d’Agostini.
Même le responsable allemand est outré par les miliciens français

Je tiens à ajouter une phrase de Krekler, l’allemand à propos d’un autre français : “Cardinali est entré dans mon service en mai. Il venait de la Milice. Dès le moi de juillet j’ai été amené à constater qu’il faisait moins ponctuellement son service et j’ai eu l’impression qu’il travaillait pour son propre compte, en dévalisant les juifs. Vers le 15 juillet il a été arrêté par la police allemande parce qu’il cherchait à vendre deux manteaux de fourrure qu’il avait volé, ayant dévalisé l’appartement d’un juif arrêté.”
Et Krekler dans sa déclaration à l’inspecteur Léon Polh, dont je détiens une copie, poursuit : “Cardinali et Mazas, accompagnés de Poulain ont participé aux contrôles d’identité à Bourg.”
À propos de l’exécution de MM Lamberet et Servillat, Krekler apporte la précision suivante qui illustre bien la bassesse de la paticipation milicienne à l’opération : “À notre retour à Lyon, Cardinali est venu dans mon bureau et m’a dit : “Les deux types fusillés à Bourg ont été arrêtés par moi et Mazas. Nous avons droit à une prime.” Krekler affirme ensuite : “J’ai été outré d’une telle demande…”
Meurtriers et pillards en action

Au quartier des Vennes, M. Gabriel Bousquet, 28 ans, qui s’était caché est arrêté. N’ayant pas obéi à l’ordre de rassemblement, il est d’abord assommé à coups de crosse. On le relève et on lui tire une balle dans la tête sous le fallacieux prétexte de “tentative d’évasion”.
Le 12 juillet, l’inspecteur Moine, consignant les faits dans son procès-verbal, précise : “Lorsque l’on rendit le corps à la famille, portefeuille, porte-monnaie et cartes d’alimentation avaient disparu.”
Le 13 juillet, le commissaire Chaprier est appelé par l’autorité allemande à l caserne pour faire procéder à l’enlèvement de six corps. Lorsqu’il se présente, on lui refuse l’entrée. Une heure et demie après, à 11 heures, les six corps sont transportés à la morgue de l’Hôtel-Dieu.
On ne peut les identifier, papiers et cartes d’alimentation ayant été enlevés.
Les allemands font savoir au commissaire (ses rapports 467/44 du 15 juillet et 483/44 du 17 juillet) qu’ils ont été tués alors qu’ils tentaient de s’enfuir.
“Tentatives d’évasion” qui rappellent celle de Gabriel Bousquet.
On apprendra plus tard que ces six victimes sont : Georges Nicod, 24 ans, son frère Gaston, 15 ans, Alfred Welty, Marcel Hugues, 18 ans, Bernard Santot, 17 ans, et un inconnu âgé de 25 à 28 ans.
Le 17 juillet, c’est Georges Ducret qui est abattu par des soldats allemands dans une rue de la ville.
Le 14 juillet, sept exécutions

Le 14 juillet –dans le choix de la date on constate déjà le raffinement de la haine, on passe sans contestation possible du crime de guerre au crime contre l’humanité.
À cette date va commencer le massacre systématique des juifs.
Le 14 juillet, donc, cinq juifs, de Bourg et deux résistants du Jura seront conduits à Marlieux et tués dans le chemin rural du Curtelet, à 50 mètres de la RN Bourg-Lyon.
Il s’agit de Marcel Meyer, 40 ans, marchand de bestiaux, demeurant cours de Verdun à Bourg, Joseph Unterberger, 41 ans, tailleur, 22 rue du 23ème RI, de ses frères Maurice, 40 ans, lui aussi tailleur, même adresse, Fritz Weill, 50 ans, comptable, de son frère Jean Samuel, 42 ans, également comptable demeurant tous deux 7 rue Vaugelas.
Les deux résistants jurassiens fusillés avec eux sont : Jean-Joseph Fernaudet, 30 ans, d’Andelot-les-Saint-Amour et Arthur Paucaud, 43 ans, également d’Andelot.
Le 20 juillet, six corps dans une tranchée

Six jours après les exterminateurs réitèrent.
Le 20 juillet –rapport 503/44 du commissaire de police- on retrouvait six corps dans une tranchée en bordure d’un chemin forestier à la forêt de Seillon.
Ce ne fut que le lendemain à sept heures, que les pompes funèbres, en présence de trois policiers, le commissaire Chaprier, son secrétaire, et l’inspecteur Georges Charnay, procédèrent au transport à la morgue. Le constat, établi le 21 juillet par le docteur Bernard précise que la mort a été donnée par des balles tirées à bout portant…
Le rapport 502/44 en date du 20 juillet adressé par le commissaire Chaprier au procureur de l’État français conclut : “Nous n’avons pu recueillir aucune indication sur cette affaire.”
Et pourtant un enfant avait assisté aux exécutions. Perché sur un arbre de la forêt il avait tout vu. Il s’agit de M. Louis Venet qui fut l’un des adjoints d’un ancien maire de Bourg, lequel révéla, plus de 50 ans plus tard, que le gosse s’était tu pour ne pas se faire disputer par ses parents. Voici les noms des malheureux qui furent abattus comme des chiens malades : Léon Blum, 74 ans, rue Alphonse Baudin, son gendre Gaston Lévy, 54 ans, ingénieur, même adresse, son petit-fils, Jean-Paul Lévy, 20 ans, étudiant en pharmacie, Zerbib, 44 ans, forain à Bourg, Charles Liasser, 54 ans, d’Oyonnax, Charles Schnerb, 32 ans, de Bourg.
Le même jour tombèrent sous les balles allemandes : Henri Mairet, 25 ans, de Priay, Alexandre Bozonnet, 19 ans, de Bourg, Di Alamo de Vénissieux (Rhône).
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Voila comment Barbie et les miliciens comptaient faire régner leur ordre à Bourg.
Le temps a passé. Faut-il pardonner ? À cette question, j’ai un temps pensé répondre par l’affirmative.
Depuis, j’ai réfléchi. Maintenant j’estime que le pardon serait un début d’abandon, de renoncement.
D’abord, qui a demandé pardon ? Barbie, Touvier ? …
Souvent, trop souvent, d’horribles faits comme ceux de Bourg sont gommés, banalisés, excusés, sinon niés par certains qui vont jusqu’à justifier l’injustifiable.
À Bourg, hormis deux plaques, la première à la mémoire de Robert Venet, la seconde de Servillat et Lamberet, rien ne rappelle le juillet tragique de 1944 sinon une petite allée de la forêt de Seillon, solennellement consacrée à ce souvenir et dénommée “Allée des Fusillés”.
Monnaie d’échange ? Une hypothèse

Les fusillés de juillet 44 ont-ils été une monnaie d’échange pour les pétainistes et autres attentistes de tout poil pour des tractations avec des nazis ?
Je vous laisse juger après lecture de ces arguments.
1° Aux Archives départementales de l’Ain, j’ai relevé cette phrase dans un journal de l’époque : “Il faut noter l’habileté des personnalités départementales qui ont négocié avec les forces allemandes et évité le pire à la ville”. (“Journal de l’Ain” n° 104 daté de juillet 44).
2° Un rapport des Renseignements généraux portant référence 31/34, daté du 26 juillet 1944, informait ainsi le préfet de l’époque : “La plupart des 1200 personnes arrêtées le 10 juillet avaient été relâchée. Toutefois, 20 personnalités israélites furent fusillées”.
Je possède copie authentifiée de cette note qui semble faire erreur sur le nombre des “personnalités (?) israélites” – euphémisme qui évitait d’employer le terme “juif”.
Pour conclure, je pose simplement cette question : ne doit-on pas faire mentir la règle nazie édictée à la conférence de Wansee où fut organisée la solution finale : “Il faut que la mort des juifs n’ait aucune signification et ne laisse aucune trace.” ?
Signature
Bibliographie :

Mémorial de l’Oppression – Professeur Pierre Mazel – Éditions CDR – 1945
L’Ain de 1939 à 1945 – Paul Cattin et René Dusonchet – Édité par Archives departementales – 1983