Extrait:

“FRANCE 24 : La sympathie du fondateur du Front national pour les régimes autoritaires arabes n’est pas nouvelle. Comment expliquez-vous ses soutiens successifs à Saddam Hussein, au colonel Kadhafi et plus récemment au président Assad ?

Sylvain Crépon : Pour comprendre ce positionnement, il faut notamment revenir à la fin des années 1980, au moment de la chute du mur de Berlin. Le Front national de Jean-Marie Le Pen, alors en phase avec l’axe anticommuniste, se pose comme le défenseur de l’Occident chrétien et prétend incarner la véritable droite en se réclamant du président américain Ronald Reagan. Or, après la chute du mur de Berlin et l’éclatement de l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques), l’extrême droite française, désormais orpheline du communisme, n’a plus d’ennemi à l’Est. Elle doit par conséquent revoir sa politique internationale. Pour ce faire, le FN va puiser dans les pensées de groupes, tels que le GRECE (club de pensée anti-égalitariste), qui développent la pensée du différencialisme culturel et s’opposent au métissage qui, selon eux, constitue un danger contre l’identité des peuples. Désormais, l’ennemi est à l’Ouest et il est américain car son hégémonie, culturelle et politique, menace justement les identités.

Le revirement du Front national, qui s’inscrit dans une logique contestataire, s’opère au début des années 1990 lorsqu’il s’oppose à la première guerre du Golfe, après l’invasion du Koweït par les troupes de l’Irakien Saddam Hussein. Depuis, le FN a défendu quasi-systématiquement les dictatures arabes contre les pays occidentaux, au nom du différencialisme, arguant que la démocratie et les valeurs occidentales sont inadaptées à ces populations. Un positionnement qui leur permet de légitimer leur opposition aux arabes et aux musulmans présents sur le territoire français.”

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