Georges Yoram Federmann E.B. photo

J’entends réagir après le premier tour des municipales, véritable << 21 avril 2002 >> à l’échelle cruciale de nos espaces politiques de vie
quotidienne.

La participation aux municipales est traditionnellement le scrutin que
les citoyens affectionnent le plus et pourtant à Strasbourg, il y a
plus d’abstention que de suffrages exprimés.

Et les deux partis politiques démocratiques principaux ont perdu des
voix par rapport à 2008.

Plutôt préoccupant quand on se proclame << force de progrès >>.

Le PS récolte logiquement ce que le gouvernement a semé: un taux
d’abstention record inégalé, une claque électorale et une percée du
FN.

Et maintenant, il appelle au secours les forces de gauche qui ont
résisté et les abstentionnistes.

Quel sens peut encore avoir aujourd’hui le concept de << Front Républicain >> ?

Est-ce une auto-proclamation ou existe-t-il une charte éthique et
pragmatique d’un tel type de posture ?

Le FN est le grand vainqueur de ce suffrage, nous dit-on.

Mais nous n’avons encore rien vu, hélas, dans l’attente du résultat
des élections européennes.

Mais pour nous, il n’y a pas de vainqueur mais un perdant : notre démocratie.

La liste de Fabienne Keller (UMP) obtient environ 33 % des bulletins
exprimés au premier tour.

Celle de Roland Ries(PS) à peu près la même chose.

Ce qui représente pour chacune 11 % des majeurs de la ville de
Strasbourg, puisque chacun sait qu’environ 70 000 majeurs ne sont pas
inscrits sur les listes électorales.

<< Merci >>,au passage,à François Hollande de n’avoir pas respecté sa
promesse d’établir le droit de vote pour les étrangers non
communautaires.

Le FN représente , lui, environ 4 % des majeurs.

Pour nous , il se << contente >> de recueillir le soutien des << protestataires >> ,des déçus, des opposés à la soi-disant << théorie du genre >>, des antisémites ,des anti-islamiques, des anti-système, des
anti-Siné Mensuel, qui se retrouvent autour de l’exaltation de Marine
le Pen ,peut-être le seul homme politique qui semble exercer son
activité avec une joie communicative et contagieuse .

Il n’y a pas de véritable programme politique au FN autre que
l’injonction à se reconnaître dans une identité nationale (qui donne
droit à la préférence nationale , à une sorte << d’élection >> quasi
religieuse ) qui ne demande jamais à être définie ,car c’est
impossible ( Et Sarkozy en a fait la tragique et triste expérience ).

Mais cela permet de mettre en place un processus << pousse-à-jouir >>
qui va permettre d’exclure légitimement tout ce qui n’est pas << homogène >>.

Elle va permettre de stigmatiser le bouc-émissaire ; << à l’origine de tous nos maux >>avant de le marginaliser, ici (s’il est << national >>),
ou de l’expulser en dehors de l’espace Schengen. (s’il est étranger
non communautaire).

Le FN crée une machine idéologique à exclure, à broyer et ça fait
momentanément << plaisir >> à ceux qui croient que la machine les
épargnera.

On pourrait résumer la doctrine du FN à << Moins il y a de programme, plus il y a d’adhésion >>.

Ces élections ne sont pas l’expression de la volonté de porter au
pouvoir le FN mais le désaveu du bipartisme qui régit notre vie
politique.

En toute conscience , douloureusement et lucidement , nous ne pouvons
appeler à l’érection une fois de plus de cet improbable << Front Républicain >> qui ne doit pas << protéger >> des politiques comme
Sarkozy, Besson ,Guéant, Valls , Chevènement ou Vaillant.

Mais nous en appelons à un engagement de chacun dans le quotidien de
la vie de la cité et dans la reconnaissance de la place civique des
210 000 majeurs de Strasbourg dont seulement un petit tiers s’est
exprimé dimanche.

Georges Yoram Federmann

Strasbourg