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DNA

Strasbourg Houleux conseil fédéral du PS 67, lundi soir.

Catherine Trautmann accuse

Au lendemain de sa non-élection sur la liste conduite par Édouard Martin aux européennes, Catherine Trautmann, ex-n°2, a dressé en interne un «sévère» réquisitoire sur l’échec annoncé d’une stratégie élaborée par le PS à Paris dans son dos. Face aux militants et aux ténors socialistes, elle a accusé l’ex-direction : Harlem Désir et son conseiller politique, Alain Fontanel.

“« Sévère », le mot est faible. L’eurodéputée sortante n’a épargné aucun détail aux militants du PS 67, réunis en conseil fédéral lundi soir, pour débriefer et tenter de digérer le « choc » et l’ampleur de la défaite électorale. Sa charge, si elle a été « digne » et « contenue » sur la forme, selon des témoins, n’en a pas moins été forte sur le fond : la « stratégie de la direction nationale » – incarnée alors par deux hommes, l’ex-premier secrétaire Harlem Désir, mais aussi par son conseiller politique, qui n’est autre qu’Alain Fontanel, aujourd’hui premier adjoint au maire de Strasbourg.

Pour ce qui a été, a-t-elle dit aux militants, « la campagne la plus dure de ma carrière ». Et pour cause, cette relégation s’est faite, apprend-on, dans son dos. À La Rochelle, l’ancienne députée européenne a présenté un bilan et tracé des pistes pour la nouvelle campagne. Avec un avertissement : la montée du FN, qui n’a « jamais vraiment été prise en compte ». Puis la composition de la liste : « opaque ». Une réunion des premiers secrétaires fédéraux du Grand Est, « dans une drôle d’ambiance ». Et pour cause : presque tous – hormis le Bas-Rhinois Mathieu Cahn – étaient au courant de sa relégation en n° 2… Tandis que la liste est validée – la mieux élue de France même – par les militants, circule la rumeur d’un atterrissage d’Édouard Martin.

Exigence du président de la République
Dix minutes avant le Bureau national, Harlem Désir et son conseiller politique Alain Fontanel convoquent Catherine Trautmann – pressentie par Martin Schulz pour diriger le groupe socialiste européen – et lui font part de la nouvelle : elle va devoir céder sa place à Édouard Martin. Exigence du… président de la République, lui explique-t-on.

Qu’à cela ne tienne, elle saisit son portable et fait un SMS à François Hollande ! Celui-ci lui aurait répondu qu’il ne se mêlait pas de cette question des têtes de listes. On attire l’attention du Bureau national sur la parité. Sans résultat. Un journaliste annonce qu’un plateau télévision est loué par le PS pour faire l’annonce officielle. Les DNA joignent Édouard Martin juste avant ; le syndicaliste confirme, il sera le n° 1. Catherine Trautmann décide de rester loyale et de mettre tout son poids politique dans la balance. Rien n’y fera.

« Harlem Désir, un passe-plat…»
Robert Herrmann, Mathieu Cahn, Liliane Tetsi et Philippe Bies se sont succédé lundi soir au micro pour dénoncer des « méthodes inqualifiables » de la direction nationale. En sa qualité de conseiller politique d’Harlem Désir, Alain Fontanel est visé. Sans être nommé. Hormis par Catherine Trautmann qui, dans son récit, n’oublie pas de donner du « notre camarade Alain », « qui était présent » ou « qui menait la réunion ». Et qui, pour le coup, lundi soir, est resté silencieux. C’est Jean-Baptiste Gernet et Paul Meyer qui sont venus à sa rescousse. « La décision ne pouvait venir que du président, l’ancien premier secrétaire [Harlem Désir, aujourd’hui secrétaire d’État des Affaires européennes] n’était qu’un passe-plat au PS (Sic) », a confirmé avoir expliqué durant la soirée Paul Meyer à quelque 70 personnes présentes – parmi lesquelles figuraient aussi les élus municipaux et l’autre parlementaire, Armand Jung.

« Martin n’arrive même pas en tête à Florange »
« On a bafoué le vote des militants du grand Est qui avaient choisi Catherine Trautmann comme tête de liste, et méprisé les parlementaires locaux qui ont écrit en ce sens », a rappelé pour sa part Mathieu Cahn, qui a dû peu goûter la dissimulation de la candidature d’Édouard Martin jusqu’au dernier moment.

Et le premier secrétaire du PS 67 d’enfoncer le clou de cette stratégie : « Il n’y a pas eu d’effet Martin : il n’arrive même pas en tête à Florange. »

Quant à Roland Ries, il a lui aussi remis en cause la stratégie nationale. Sans accabler son premier adjoint.

Alain Fontanel est sorti de son silence, hier soir : « L’émotion après ce résultat, je la partage. Il faut éviter les mauvaises querelles. Le choix d’Édouard Martin a été collectif et il vient de plus haut. Il n’a pas produit le résultat escompté. J’avais alerté sur le risque d’injustice vécu localement, je n’ai pas été écouté. C’est qu’il y a peut-être un autre objectif derrière… », a-t-il estimé sans en dire plus. Et de conclure : « Ce n’est pas le moment de polémiquer. »

Jointe brièvement en début d’après-midi, avant de discuter du périmètre de ses futures délégations à la Ville et (ou) à la communauté urbaine de Strasbourg, l’ancienne eurodéputée a déclaré ne pas vouloir « régler ses comptes en public ». Mais, a insisté l’élue de la Ville et de la CUS, elle « ne souhaite pas – à ce stade – ajouter une crise municipale » au fiasco retentissant d’une stratégie calamiteuse pour la campagne des européennes.”