M. le préfet,(69) cher concitoyen,
Que le sens du service de l’évidence de l’humain (déjà si cabossé)
l’emportât sur le pied de la lettre de la loi.
Surtout pour Carine, élève du collège Martin Luther King.
Fraternellement.

Dr Georges Yoram Federmann
Psychiatre
Strasbourg

Carine Mazedi, collégienne de 15 ans et demi, est née à Kinshasa au
Congo, le 29 novembre 1998.

Elle est arrivée en France le 14 août 2012. Mineure isolée, elle est
confiée à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), hébergée dans un foyer le
20 septembre 2012 et placée sous tutelle le 08 avril 2013. Carine a
intégré le collège du quartier « les Battières » en octobre 2012, en
classe de 4ème, en 2013-2014, elle a intégré la classe de 3ème prépa
pro au Lycée professionnel Martin Luther King. C’est une élève
sérieuse qui a le projet de faire une formation en cuisine, et à fait
des stages satisfaisants en vue de cette orientation.

Le 3 juin 2014, Carine a été convoqué, à 9 h à la PAF (police aux
frontières), pour des tests osseux. En fin d’après-midi, elle est
revenue en pleurs, accompagnée de deux policiers qui voulaient monter
dans sa chambre, afin de perquisitionner celle-ci dans l’éventualité
de trouver des papiers, des documents, des photos pouvant confirmer sa
minorité ou sa majorité. Ils ont fouillé, toute la chambre, placard,
bureau, sacs, album photos…Ils ont également demandé à l’éducatrice
qui les avait accompagnés, de calmer Carine qui était très angoissée
et effrayée au vu de ce qui se déroulait. Carine se trouvait
totalement désarmée face à cette situation qu’elle ne comprenait pas.
Ne trouvant rien, ils l’ont remmené en garde à vue, afin de lui faire
passer des examens osseux.

La commission nationale des droits de l’homme (CNDH) écrit dans son
avis du 26 juin 2014 : Pour « garantir les droits des jeunes isolés
étrangers à un établissement loyal de leur minorité », « le CNDH
recommande qu’il soit mis fin à la pratique actuelle consistant à
ordonner des expertises médico-légales de détermination de l’âge
reposant sur des examens physiques du jeune isolé étranger.
L’évaluation de l’âge à partir d’un examen osseux, des parties
génitales, du système pileux et/ ou de la dentition doit être
interdite » (Recommandation 2).

On comprend l’avis de la CNDH quand on voit le résultat des tests
osseux pour Carine : entre 18 et 35 ans, une fourchette de 17 ans rien
que ça ! Une fourchette d’incertitude aussi longue que sa vie.

Mais c’est pourtant sur cette base que Carine a été accusée de fraude
sur son âge. L’ASE, financée par le Conseil Général du Rhône, fait la
chasse aux mineurs étrangers et conteste systématiquement avec l’aide
de la Police au Frontières (PAF) leur minorité. On a vu comment la
police oblige une gamine à subir les tests osseux, trainée de force
dans un centre spécialisé, déshabillée, mise dans un scanner pour un
résultat qui ferait rire si les conséquences n’étaient aussi
tragiques. Carine a été jugée le 05 juin 2014 et condamnée à un mois
de prison ferme.