Samih Al-Qasim, poète de la résistance des Palestiniens, est parti
HuffPost Algérie
Publication: 20/08/2014 07h04 CEST Mis à jour: 20/08/2014 13h18

SAMIH ALQASIM DARWICH

samih al-kasim poete

http://www.huffpostmaghreb.com/2014/08/20/samih-al-qasim_n_5693529.html?utm_hp_ref=algeria

Le grand poète palestinien Samih Al-Qasim est mort mardi soir, à l’âge de 75 ans, après un combat de plus de trois ans contre le cancer. La santé du poète s’était dégradée ces derniers jours. Il était rentré chez lui vendredi dernier, au village de Rama à Acre (à 150 km de Jérusalem), après un ultime séjour à l’hôpital de Safed.

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Samih Al-Qassim constituait avec Mahmoud Darwich et Tewfik Ziad, le trio des “poètes de la résistance” dont les poèmes, chantés par Marcel Khalifa, font partie de la culture de combat des palestiniens.
Poète, journaliste, ancien membre du Parti communiste, Samih Al- Qasim qui a publié de nombreux recueils de poésies a été arrêté à plusieurs reprises et soumis à résidence surveillée de la part de l’occupant israélien en raison de ses positions politiques.
Sa correspondance avec Mahmoud Darwich qui a quitté la Palestine dans les années 70, d’une qualité littéraire exceptionnelle, témoignait de la profonde complicité entre les deux hommes.
Thérapie
Le chef de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a rendu hommage à Samih Al-Qassim, dont la “voix haute a défendu le droit, la justice et la terre”.
Le comité exécutif de l’OLP a salué “un grand poète dont le nom est liée à la poésie de la révolution et de la résistance et qui a consacré sa vie à la défense de la culture nationale palestinienne…”.
Le départ de Samih Al-Qassim intervient alors que “renait l’esprit de la culture de résistance dans toute la Palestine et la volonté de notre peuple à vaincre contre l’agression barbare israélienne sur Gaza…” indique le comité exécutif.

Samih Al-Qasim, soulignait lundi le Quotidien d’Oran , est de la même stature que Mahmoud Darwich, son jumeau. “Il ne prétend pas au statut de “porte-parole”, un vilain mot que les poètes ne peuvent que réprouver ou tourner en dérision comme Samih sait si bien le faire. Lui et Mahmoud ne sont pas des porte-paroles. Ils sont cependant la parole palestinienne par excellence.
“Samih Al-Qassim est un résistant. Dans tous les sens du terme, un homme qui ne plie pas, qui ne cède pas, qui contrarie, qui combat. Sans être un surhomme. Juste en étant un homme, qui aime la terre, le pain, les choses de la vie”.
…Les Palestiniens sont attachés à leurs grands poètes car “leur voix est une thérapie contre l’oppression. Des voix qui reconstruisent continuellement, dans la colère, dans l’amour, dans l’odeur du pain et du café au matin, dans le geste pudique et tendre de la mère, un pays volé et interdit. Ils deviennent ainsi les créateurs d’une mémoire vivante, des constructeurs et des accumulateurs de sens pour un peuple mené d’un absurde à l’autre, d’une injustice à l’autre”.

Je résisterai
Par Samih al-Qâsim
Je perdrai peut-être – si tu le désires – ma subsistance
Je vendrai peut-être mes habits et mon matelas
Je travaillerai peut-être à la carrière comme porte faix, balayeur des rues
Je chercherai peut-être dans le crottin des grains
Je resterai peut-être nu et affamé
Mais je ne marchanderai pas
O ennemi du soleil
Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.
Je résisterai
Tu me dépouilleras peut-être du dernier pouce de ma terre
Tu jetteras peut-être ma jeunesse en prison
Tu pilleras peut-être l’héritage de mes ancêtres
Tu brûleras peut-être mes poèmes et mes livres
Tu jetteras peut-être mon corps aux chiens
Tu dresseras peut-être sur notre village l’épouvantail de la terreur
Mais je ne marchanderai pas
O ennemi du soleil
Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.
Tu éteindras peut-être toute lumière dans ma vie
Tu me priveras peut-être de la tendresse de ma mère
Tu falsifieras peut-être mon histoire
Tu mettras peut-être des masques pour tromper mes amis
Tu élèveras peut-être autour de moi des murs et des murs
Tu me crucifieras peut-être un jour devant des spectacles indignes
O ennemi du soleil
Je jure que je ne marchanderai pas
Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.