Extrait du livre Permis de tuer. Chronique de l’impunité policière

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En France, la peine de mort a été abolie en 1981, mais le permis de tuer existe toujours. Les violences policières et les crimes policiers rythment la vie des bidonvilles et des quartiers populaires depuis des dizaines d’années. Avec plus de dix morts connus par an, leur actualité demeure brûlante. Donner un chiffre exact s’avère difficile, mais nous savons que plusieurs centaines de morts ont été recensées au cours des trente dernières années. Le livre collectif [1]Permis de tuer, qui vient de paraître aux éditions Syllepse, revient sur six histoires de luttes récentes pour établir la vérité et obtenir justice. Elles sont racontées directement par les proches de personnes mortes entre les mains de la police républicaine. Par ces parents, ces frères et sœurs, ces amis, confrontés au mur de silence étatique et à la souffrance, qui ont la force de s’exprimer et le courage de se mobiliser. De ce livre important voici, avec l’amicale autorisation des Editions Syllepse, deux extraits consacrés à la mise à mort de Wissam El-Yamni. Dans leurs entretiens respectifs, le frère de Wissam, Farid El-Yamni, et deux de ses amis, Marwan Brahmiya et Celik Ilter, présents sur les lieux le soir de sa mort, reviennent sur cette nuit du 31 décembre 2011, sur les mobilisations qui ont suivi, sur les zones d’ombres et sur les entraves dans la quête de la vérité…

Le 31 décembre 2011, Wissam El-Yamni, trente ans, et quelques amis fêtent la nouvelle année sur un parking du quartier de La Gauthière à Clermont-Ferrand. Arnaud P. et Pascal F., deux agents de l’unité cynophile de la police nationale, sont en service et patrouillent dans la cité. À trois heures du matin environ, leur véhicule est la cible d’un jet de pierres. Les agents sont persuadés que Wissam en est l’auteur et décident de l’interpeller immédiatement. Wissam court. Tout va très vite. Moins d’une minute plus tard, il est maîtrisé, menotté sur le parking d’une école voisine.

Des renforts de police sont déjà sur place, la géolocalisation dénombre au moins sept véhicules et une vingtaine d’hommes. Sous le regard choqué de voisins, Wissam est roué de coups et aspergé de gaz lacrymogène à plusieurs reprises. Embarqué à bord du véhicule de la brigade canine, il est transporté au commissariat le plus proche.

Les amis de Wissam affirment que les policiers l’ont « plaqué au sol, frappé dans les côtes, au niveau du visage et du cou ». Pour eux, ce soir-là, les policiers ont fêté le réveillon à leur manière : en pleine interpellation, « ils fument, rigolent et mettent de la musique funk ! »

Aucun procès-verbal de notification de garde à vue n’est rédigé, mais Wissam El-Yamni est retrouvé inconscient dans un couloir du commissariat vers 3 h 40, étendu au sol, face contre terre. Il avait les mains attachées dans le dos et le pantalon aux chevilles, d’après les déclarations d’un officier de police judiciaire. Tout ce qui a pu se passer dans la voiture de la brigade canine ou dans le commissariat constitue un des angles morts de la procédure. Aucun enregistrement vidéo ne pourra être récupéré. Quant aux enregistrements radio, obligatoires en cas d’intervention, ils seront rares, quasi inexistants.

Wissam El-Yamni est pris en charge par les pompiers et le Samu qui ne parviennent pas à le réanimer. Transporté au centre hospitalier universitaire de Clermont-Ferrand, il est admis en soins intensifs, puis placé en coma artificiel pendant neuf jours, avant de décéder le 9 janvier 2012.

À La Gauthière, les amis de Wissam et les voisins présents ce soir-là ne peuvent oublier la scène à laquelle ils ont assisté et ne comptent pas faire profil bas face à une stratégie politico- médiatique qui veut étouffer l’affaire et rendre Wissam responsable de sa propre mort. Un mouvement de solidarité se crée autour de la famille El-Yamni. L’enquête judiciaire s’annonce longue et difficile, comme toujours quand il s’agit d’affaires de violences ou de crimes policiers.

Dès le samedi 7 janvier 2012, les habitants du quartier organisent une marche de protestation. Compte tenu du climat tendu des nuits précédentes, la famille appelle à ne pas y participer, craignant des débordements. Finalement, plus de 500 personnes défileront dans « le calme et la dignité ».

Le 10 janvier, 500 personnes se rassemblent devant le centre commercial de La Gauthière en hommage à sa mémoire.

Entretien avec Farid El-Yamni

Quand c’est arrivé, vous avez eu du soutien ou des consignes particulières de la part de la mairie ou des autorités ?

Ils ne nous ont rien demandé, personne ne nous a rien demandé. Lors de la première marche, mon frère était encore dans le coma. On voulait qu’il se réveille ou qu’il meure en paix et que justice soit rendue, dans le calme. Nous étions tous d’accord avec ma famille pour dire qu’il ne fallait pas encourager les révoltes et la violence.

Pour toi, c’était un crime raciste ?

Ce dont je suis convaincu, c’est que c’était un crime raciste dans le sens où ils se sont permis d’agir en groupe, et dans le groupe, pas un policier a dit non, pas un policier ne s’est opposé à ses collègues. Raciste dans le sens où ils se sont sentis supérieurs quand ils tabassaient Wissam. Ce sentiment de supériorité, c’est la base du racisme. Pour moi, lorsque l’on considère que l’autre n’est pas notre égal, c’est ça le racisme. Ils se sont sentis supérieurs, ils ont considéré que leurs vies étaient plus légitimes que la sienne. La manière dont la justice a fait traîner les choses, tout se passe comme si Wissam était un sous-homme. Or, la seule manière de justifier que Wissam était un sous-homme, c’est parce qu’il était différent d’eux. Après, qu’ils l’aient considéré comme « différent » parce que c’était un Arabe ou parce qu’il vivait dans une banlieue, de toute façon, c’est du racisme.

Je vais même dire qu’il y a une troisième forme de racisme, c’est celui de la société. La société accepte. Quand un chat se fait maltraiter et qu’il s’en sort avec une patte cassée, tout le monde s’émeut. Quand des Arabes ou des gens de banlieue se font tuer par la police, ça rassure. Ça les rassure, dans le sens où ils se disent : « Ah, mais c’est un Arabe ! Ça peut pas être quelqu’un comme nous. » Ou bien, voilà ce qu’ils se disent : « C’est quelqu’un de banlieue, c’est quelqu’un qui n’est pas nous. » Et cette forme-là de racisme, traiter l’autre comme quelqu’un de différent, qui n’est pas notre alter ego, je ne sais pas si c’est du racisme selon le dictionnaire, mais c’est ma définition même du racisme : pour moi, c’en est !

Lorsque l’on voit la liste des gens qui sont morts à la suite d’interventions policières, pas besoin d’être statisticien pour s’apercevoir qu’il y a une loi scientifique là-dessous ! Il y a des gens qui vous diront que ce sont les Arabes qui font des conneries, peut être, mais lorsqu’un Arabe fait une connerie, ils ne le loupent pas et ils trouvent même ça légitime de le tuer. La preuve, c’est que dans l’affaire de mon frère, les policiers n’ont même pas été placé en garde à vue ! Une personne est morte et ils ne sont même pas mis en garde à vue ! Ils sont envoyés en vacances. Imaginez, si demain vous tuez quelqu’un, même par accident, on vous laisserait en liberté ou on vous mettrait en garde à vue ?

Oui, c’est vrai que Guéant a mis les policiers en congé… Comment les avocats ont-ils pu vous aider, comment vous ont-ils demandé d’agir ? Est-ce vous qui leur donniez la stratégie ?

Dès le départ, nous avons fait confiance aux avocats. Ils nous ont été recommandés. À partir de là, on avait une forme de confiance, leur engagement sur d’autres affaires nous a prouvé qu’on pouvait leur faire confiance aussi. Par exemple, sur l’expertise cardiologique, ils nous ont apporté des éléments qui ont été percutants. Ils nous avaient prévenus dès le début que ça allait être dur et que le combat ne serait pas judiciaire. Ils nous ont dit ça pour nous faire comprendre que c’est un combat qui se gagne dans le coeur des gens, qu’à partir du moment où on réussirait à faire comprendre aux gens que c’était une injustice, la justice suivrait. Ensuite, ils ont suivi l’affaire normalement.

En parlant de stratégie judiciaire, sachant que tu as participé à différents événements avec d’autres familles et des gens qui s’intéressent depuis longtemps à ces questions-là, que penses-tu du fait que, depuis trente ans, il n’y ait eu presque aucune condamnation ?

Ils nous ont pris pour des cons, mais on s’en est vite rendu compte lorsque nous avons eu accès aux éléments judiciaires. En gros, voilà ce qu’ils nous disaient : « On l’a tué et on vous emmerde ! » Tout ça bien habillé, bien maquillé, à l’image de la société d’aujourd’hui, celle du paraître… Aujourd’hui, vous parlez bien, vous êtes bien habillé, vous dites les choses différemment, on vous écoute, sinon on vous emmerde.

Je voudrais revenir sur l’histoire des photos. On a montré au juge que les photos présentées par le capitaine de police judiciaire ne pouvaient pas être les bonnes. Mon frère est moins marqué sur celles du 1er janvier que sur celles prises par les médecins, le 2 janvier, et que sur les nôtres, prises le 3 janvier. Or, un procès-verbal mentionne que des photos ont bien été prises le 1er janvier et le personnel hospitalier les ont vu prendre des photos. Le capitaine de la police judiciaire reconnaît lui-même avoir pris des photos le 1er janvier.

La police des polices se refuse à récupérer ces photos, malgré l’injonction de la chambre d’instruction. Ils se moquent de nous et nous montrent par là même leurs intentions. Nous l’avons vu le 1er janvier, il était tuméfié tout au long de ses bras, sur les côtes et sur le haut de son torse ; il était gonflé comme un ballon de baudruche, il était méconnaissable.

Malgré ces éléments, le juge a choisi de croire en la version du capitaine de police, ce qui est une insulte au bon sens. Lors d’une rencontre avec le deuxième juge d’instruction, celui qui a ensuite été promu, je n’étais pas présent, mais il a fait comprendre à mes parents et à ma famille qu’il ne fallait pas persister à demander la vérité parce que ce serait de pire en pire pour nous. Il leur a dit : « Ce sera de pire en pire », ce sont ses mots. Comment un juge peut dire ça à une famille ? « Ce sera de pire en pire ! » Ce n’est pas son rôle et ce n’est pas un jeu.

De la même manière, pour nous, les médecins légistes n’ont pas été dans leur rôle, la police des polices n’a jamais été dans son rôle, le procureur n’a pas été dans son rôle, les deux premiers juges également, personne n’a été dans son rôle ! À un moment donné, il faut se demander pour qui la police et la justice travaillent, pour qui ils sont. Ils disent qu’ils sont pour le peuple, mais ils ne sont pas vraiment pour le peuple, ils défendent leurs propres intérêts. Comme le deuxième juge d’instruction dans notre affaire qui a obtenu une meilleure place. Ils sont là pour leur carrière, ils sont là pour servir leurs propres intérêts.

Franchement, ils s’en foutent, s’ils peuvent nous tuer juste pour faire avancer leur carrière, ils le font sans hésiter, voilà la conclusion à laquelle j’arrive. Pour moi, actuellement, je pense que beaucoup de fonctionnaires de justice sont des carriéristes, et ceux qui ne le sont pas, au risque de brimades, méritent notre respect à tous. Quand je parle de la justice et de la police, je fais une distinction, ce sont des administrations différentes, mais en réalité, c’est la même chose. C’est comme si on parlait des roues et du guidon sur un vélo, les deux font partie du vélo. Avec la justice et la police, c’est la même chose, ils n’ont pas de valeurs, ils n’agissent pas par rapport à des valeurs, ils jugent par rapport à ce qu’ils vont gagner ou perdre.

Je me souviens que lorsque nous avons contacté le médecin légiste de Poitiers pour lui faire part de notre incompréhension. Avant même qu’on ait le droit de regarder le rapport, il nous a dit : « Mais vous savez, les policiers, ils sont pas bien, ils se sentent mal. » En gros, ces gens n’ont pas de compassion pour un mec qui jette un chat et lui mettent un an de prison, mais ils ont de la compassion pour ceux qui tuent un Arabe.

Entretien avec Marwan Brahmiya et Celik Ilter

Quand vous apprenez ça, comment ça se passe ?

Marwan : On avait déjà une association et on était déjà un peu militants, par rapport au Réseau éducation sans frontière (RESF). On avait un pote kosovar, on a tout fait pour qu’il obtienne ses papiers. On avait un peu connu le monde militant, tout le mouvement RESF, la LDH et d’autres. On connaissait aussi des militants du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). On est partis voir un de ces potes, on lui a raconté ce qui s’est passé et on s’est dit qu’il fallait faire un tract.

Celik : On décide de faire une « marche blanche » le 7 janvier, qui part du quartier en direction du commissariat, à l’encontre de l’avis de la famille. La famille ne voulait pas assumer ça, elle pensait qu’il y aurait des débordements. Wissam était encore dans le coma à cette date, mais on pensait qu’il allait s’en sortir.

Marwan : Le mot d’ordre de cette marche était : « Plus jamais ça ! »

Celik : Sur la première banderole, on avait décidé d’écrire : « Personne au-dessus des lois » et « On est tous Wissam ». La marche s’est très bien passée. Sans aucun débordement, dans le silence, dans le deuil. Pas dans le deuil, mais dans l’émotion. Juste après, on a eu la visite de Tarek, d’Hamza et de Samir du MIB. Ils sont venus, ils se sont présentés. Ils nous ont raconté qu’ils avaient déjà connu ça et nous ont donné des conseils sur comment faire. Eux connaissaient les crimes policiers depuis vingt ans. Nous, on ne savait vraiment pas quoi faire. On ne savait pas comment faire pour se mobiliser. Ils nous ont dit de nous monter en association, de créer un comité. Dans la foulée, on a donc créé le comité Vérité et Justice pour Wissam.

La seconde marche a eu lieu le 14 janvier. Elle s’est organisée avec l’aide de tout le monde. Il y avait même des gars de la mairie qui nous ont aidés, des gars qui se sont incrustés. Nous, on se disait que toutes les aides étaient les bienvenues. On était apolitiques à cette époque-là, on ne savait pas ce que c’était la politique. Mais ces gens-là, ils pensaient déjà à nous manipuler. Ils sont arrivés de la mairie du jour au lendemain. C’était des gars qu’on connaissait, des grands frères à nous qui se sont présentés : « Bonjour, salam aleiykoum » et avec le sourire, la gentillesse, ils ont réussi à rentrer dans le comité et à nous saboter de l’intérieur.

Bref, on mobilise un maximum de monde, la CGT, la LDH, le NPA, même les anarchos. Ils ne sont pas de chez nous, on n’a rien à voir avec eux, ils n’ont pas de Dieu, ils n’ont pas de maître. Moi j’ai un Dieu, hamdoullah, je suis croyant. Même à eux, on leur a dit : « Les gars, vous êtes les bienvenus si vous voulez nous donner un coup de main, parce que nous, on accepte l’aide de tout le monde. »

Marwan : On avait tout le mouvement social de Clermont-Ferrand derrière nous. On disait quelque chose, ça se faisait direct. On était bien avec tout le mouvement social.

Celik : On allait à FO, on faisait 5 000 photocopies. On se disait : « Comment on va faire pour faire des photocopies, des tracts ? » Si on connaissait un mec de la CGT, on y allait et on faisait 5 000 photocopies, gratuit. Et ça, plus ça, plus ça, plus ça, on a réussi à faire un bruit phénoménal à Clermont.

Combien de personnes ont-elles participé à la deuxième marche ?

Celik : Les médias aiment bien donner des chiffres à la baisse. Malgré ça, ils ont estimé que 4 000 personnes y ont participé. Quatre mille personnes pour une ville comme ça, une ville ouvrière, c’est énorme. On nous a dit que c’était une des marches les plus importantes pour ce genre d’affaires, la plus forte mobilisation de ces dernières années contre un crime policier.

Marwan : Tous les quartiers aux alentours se sont mobilisés. On a oublié de vous dire que les CRS sont venus aussi. Les CRS et les hélicoptères, ils faisaient peur à tout le monde. Les journaux ont publié la photo d’une voiture brûlée, trois fois la même voiture…

Celik : Ça a brûlé une seule soirée, mais pour bien criminaliser le quartier, ils ont titré là dessus pendant une semaine. Il y a eu des arrestations, des emprisonnements…

Marwan : Ce qui a été magnifique, c’est qu’on s’est solidarisés avec les quartiers avec lesquels on était hostiles au départ. On s’est carrément retrouvés dans notre quartier. Je dirais même plus, ce sont les quartiers les plus rivaux qui ont le plus bougé pour nous. Même nous, on n’en a pas autant fait qu’eux contre les CRS. Ce qu’ils leur ont mis dans les dents, je te raconte pas !

Celik : Quand on dit quartier rival, c’est des rivalités de gamins : ça se parlait pas, quand ça se voyait, ça se tapait dessus. Malgré tout ça, la mort d’un homme a réuni les quartiers. C’est Rohff qui dit ça : « Tous les quartiers désunis se réunissent pour saluer ta mémoire » dans le morceau Regretté. C’est exactement ça, tous les quartiers désunis se sont réunis, pour la même cause.

Que pensez-vous de la mise en examen récente des deux policiers ?

Celik : Je ne sais pas. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ces mises en examen ? Le frère de Wissam, Farid, a montré des photos, les photos où on voit Wissam, Allah y Rahmo, avec des hématomes à l’hôpital. Parce qu’en fait, dans le dossier d’instruction, la police a antidaté des photos, elle a mis des photos du 9 janvier antidatées au 2 janvier. La famille a pété un câble. Farid a montré des photos et à partir de là, le juge d’instruction a fait l’hypothèse que c’était trop gros, ce n’était pas juste une arrestation, il y a trop de marques, donc il fallait un coupable, il fallait quelqu’un. Ils en ont eu un, peut-être que celui-là a parlé plus que les autres, ils ont eu le deuxième. Mais ils n’étaient pas que deux keufs. Il y avait neuf voitures fois trois flics, ça fait presque trente flics présents. Trente flics et ils n’en ont mis que deux en examen ! Les autres sont tous ou témoins ou complices, ils étaient présents et ne sont pas intervenus pour arrêter le drame.

Qu’est-ce que vous attendez de la procédure judiciaire et du procès à venir ?

Celik : Les crimes policiers, je les suis depuis 2011. Avant, je m’en battais les couilles, ça me concernait pas, ça me touchait pas. Et là, dès qu’il y a un truc, je suis dessus. L’affaire Bentounsi, l’affaire Ajimi, toutes ces affaires-là, je les suis. Je n’espère rien de plus. Ici, à Clermont-Ferrand, ça va être la même, les keufs prendront peut-être six ou huit mois de sursis et ciao. Ça fait déjà presque trois ans que ça dure, ils vont faire traîner encore un peu plus. Ça, c’est la technique de la police et de la justice de faire traîner les affaires en longueur pour que les personnes présentes, impliquées dans cette affaire grandissent, fassent leur vie, passent à autre chose. Comme ça, l’affaire est moins virulente, devient moins médiatique. C’est pour ça qu’ils laissent passer cinq ou dix ans avant qu’il y ait un procès. Qu’est-ce que tu veux que j’attende ici à Clermont ? Rien. J’ai la rage. Je serai au procès. Je serai présent. Mais je ne m’attends pas à des miracles de la part de la justice. Qu’est-ce que tu veux faire ? On n’est pas chez nous, et ils nous le font savoir.

Les entretiens complets avec Farid El-Yamni, Marwan Brahmiya et Celik Ilter sont publiés, avec de nombreux autres, dans le livre de Samir Baaloudj, Amal Bentounsi, Marwan Brahmiya, Celik Ilter, Collectif Angles Morts, Comité Vérité et Justice pour Lamine Dieng, Comité Justice pour Lahoucine Aït-Omghar, Comité Vérité et Justice pour Abdelhakim Ajimi, Farid El-Yamni et Mathieu Rigouste : Permis de tuer. Chronique de l’impunité policière, qui vient de paraître aux Editions Syllepse. Nous reproduisons ces extraits avec l’amicale autorisation des éditeurs.

Table des matières

« Permis de tuer » / Collectif Angles Morts

« On va faire le procès de la police » / Samir Baaloudj avec Nordine Iznasni

« Si la france acceptait de reconnaître ses crimes, tous ses fondements s’écrouleraient » / Comité vérité et justice pour Lamine Dieng

« On a beau faire, la justice en France, ça n’existe pas » / Comité Vérité et Justice pour Abdelhakim Ajimi avec Mogniss H. Abdallah

« Ils nous traitent comme des sous-hommes » / Farid El-Yamni

« Tous les quartiers désunis se sont réunis », Marwan Brahmiya et Celik Ilter

« Il faut créer un véritable rapport de forces » / Amal Bentounsi

« La justice est morte, elle ne va que dans un sens » / Comité Justice pour Lahoucine Aït Omghar

« Le bras armé des classes dominantes » / Mathieu Rigouste

[1] Auteur-e-s : Samir Baaloudj, Amal Bentounsi, Marwan Brahmiya, Celik Ilter, Collectif Angles Morts, Comité Vérité et Justice pour Lamine Dieng, Comité Justice pour Lahoucine Aït-Omghar, Comité Vérité et Justice pour Abdelhakim Ajimi, Farid El-Yamni, Mathieu Rigouste.