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Monsieur Beretz,

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Le vendredi 3 octobre nous manifestions pacifiquement notre colère devant le Collège doctoral européen à l’occasion de la venue de Geneviève Fioraso, secrétaire d’État à l’enseignement supérieur et à la recherche. Plus de 100 personnes, personnels et étudiants, s’étaient rassemblées en à peine deux jours de mobilisation. Par la suite, nous avons appris par un article des Dernières nouvelles d’Alsace daté du 7 octobre reprenant votre statut Facebook de la veille, votre intention de porter plainte pour des propos qui ont été tenus à votre encontre lors de cette manifestation. Nous reproduisons ici votre diatribe :

« Collabo!
Vendredi, en raccompagnant Geneviève Fioraso à sa voiture après sa visite à l’université, j’ai été pris à parti par des manifestants qui scandaient « Beretz collabo ! ».
Les mots ont un sens ! Aujourd’hui je ne peux pas oublier, je ne veux pas excuser.

J’ai toujours porté haut les valeurs de l’université titulaire de la Médaille de la Résistance, celle pour qui Marc Bloch s’est battu. Ceux qui m’ont ainsi interpellé sont indignes de ces valeurs. »

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Nous sommes résolument révoltés par la teneur de vos propos. Vous nous parlez de résistance, ainsi oserions-nous vous rappelez le prix du sang, de la torture et de la déportation que les communistes ont payé en résistant à l’occupant hitlérien et aux pétainistes. Nos camarades ont contribué, et notamment les étudiants communistes, à la libération de la France, à lever le joug hitlérien sur nos universités, et ont été décimés par la barbarie nazie. La grande majorité de nos familles ont souffert du régime nazi, particulièrement en Alsace-Moselle, ainsi vous n’avez pas le monopole de la souffrance monsieur Beretz en évoquant la moitié de votre famille décédée en déportation. Nous non plus nous n’oublions pas, nous sommes plus que jamais fiers de nos camarades résistants.

Vous nous déclarez indignes des valeurs de l’université. De quelles valeurs parlez-vous ? Certainement pas celles du résistant Marc Bloch. Certainement pas les conquêtes progressistes du Conseil National de la Résistance acquises de haute lutte. Ainsi, devrions-nous suivre votre exemple en devenant laquais du MEDEF, du gouvernement et du capital ? Dans ce cas oui, nous sommes heureux d’en être indignes. Vous êtes assurément un « collabo » du capital et de la bourgeoisie c’est cela que nous avons scandé vendredi dernier. Nous n’avons jamais dit « collabo » du système nazi comme vous tentez de le faire croire. Ce n’est pas en détournant nos propos et en tenant un discours larmoyant hors de propos que vous réussirez à vous en sortir. Décidément vous méritez plus que jamais votre titre du « Prix Nobel de l’hypocrisie » que nous vous avons décerné en décembre dernier lorsque vous avez sciemment caché les coupes budgétaires de 4 millions d’euros et repoussé d’un revers de la main nos revendications. Vous agissez en toute impunité pour détruire notre avenir, ainsi devons-nous rester les bras croisés ? La réponse est clairement non !

Par ailleurs monsieur Beretz nous n’attendons pas votre sainte absolution pour ces propos présupposés indignes, excusez-vous plutôt auprès des 45 000 étudiants et des 4 000 travailleurs de votre université, vous et votre clique les forçant à subir jour après jour l’austérité budgétaire qui ronge notre université, qui ruine notre travail et notre avenir.

Que dire alors du qualificatif de « connards » dont vous nous avez affublé et de votre injonction à « fermer notre gueule » ? Quelle verve, quel magnifique verbe monsieur Beretz ! Dignes d’un président d’université. Quel courage de nous insulter derrière un cordon policier ! Merci de nous rappeler que vous nous méprisez à ce point. Nous n’avons malheureusement pas 300 000 euros à vous donner pour avoir « l’honneur » de profiter d’un dîner privé avec vous. De toute manière nous n’avons plus rien à attendre d’un président qui depuis 2009 nous envoie les forces de police pour discuter. Les coups de matraque, les gaz, les intimidations, les gardes à vue, etc. Une plainte mensongère en plus cela ne nous fait pas peur.

Ce sont vos étudiants monsieur Beretz que la police cherche au petit matin dans leur chambre de cité-universitaire pour être reconduits à la frontière, n’y aurait-il pas ici un arrière-gout désagréable de pastille Vichy ? Ne nous parlez plus jamais de dignité monsieur le président lorsque vous cautionnez ces actes ignobles.
Que dire encore de la censure effectuée dans les médias, et notamment dans les Dernières nouvelles d’Alsace qui est votre courroie de transmission, dont nos actions et nos revendications font preuve. Les blogueurs de la Feuille de Chou peuvent en témoigner (http://la-feuille-de-chou.fr/archives/72271).

Nous ne vous avons pas entendu réagir aux propos du « Collectif Marianne », émanation nauséabonde du Front National dans notre université, qui vante « la méritocratie, vraie égalité contre l’égalitarisme », qu’avez vous à répondre monsieur le président vous qui « défendez » l’égalité entre tous ?

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Syndicalistes, camarades, étudiants et personnels de l’Université de Strasbourg ne tombez pas dans l’enfumage de monsieur Beretz ! Ne divisons pas la lutte !

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L’Union des étudiants communistes de Strasbourg