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Dans leur opposition brutale, ces deux photographies de l’AFP, publiées ce lundi dans les Dernières Nouvelles, le première en format plus grand, illustrent parfaitement, quoique involontairement, le mécanisme par lequel les médias dominants formatent jour après jour l’opinion publique en un sens pro-gouvernemental.

D’un côté, des gens assis, au Champ de Mars, la flamme vacillante d’une bougie, le dessin d’une fleur dont il est répété à satiété qu’elle était la préférée de Rémi Fraisse, de l’autre, des CRS venant de plaquer à terre un supposé manifestant violent place de Stalingrad.

Le rédactionnel abonde dans le même sens unique.

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Déjà l’édition des DNA du dimanche 2 novembre titrait ainsi au-dessus d’une photographie où un homme est maintenu à terre par deux bacqueux casqués secondés par une dizaine de CRS:
Sivens: la violence gagne du terrain“.

Les photographies comme les articles visent à faire peur aux citoyens en divisant et essentialisant la population en “casseurs” et manifestants pacifiques.

Scènes de guérilla urbaine à Nantes, Toulouse et Dijon. Hier, des centaines de casseurs se sont opposés aux forces de l’ordre.

Comme le redoutaient les autorités, la manifestation contre les violences policières organisée hier à Nantes six jours après la mort de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens (Tarn) a rapidement dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre, causant cinq blessés.

Un manifestant a été atteint par un coup de matraque à la tempe et deux autres ont été atteints aux jambes par des éclats de grenades de désencerclement. Deux membres des forces de l’ordre ont été légèrement blessés, selon la préfecture.

Le bilan aurait pu être plus grave

Mais le bilan aurait pu être plus grave. Des bouteilles d’acide ont été lancées par des manifestants, touchant un policier.

Essuyant des jets de bouteilles, de fusées de détresse, de panneaux de signalisation et de poubelles, les forces de l’ordre ont répliqué par des grenades lacrymogènes et assourdissantes et ont tiré des balles de caoutchouc.

La présence de casseurs

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Puis ce sont une petite centaine de casseurs, à l’approche du centre-ville, qui sont entrés en action, laissant place à des scènes de guérilla urbaine qui se sont poursuivies jusqu’au début de la soirée. Environ 400 policiers et gendarmes ont été mobilisés au plus fort des affrontements dans la préfecture de Loire-Atlantique, interpellant 21 manifestants.

Le PS et la police pour cibles

Hier, un cran supplémentaire a été franchi avec des échauffourées, sur une même journée, dans plusieurs villes de France.

À Toulouse , dans le quartier Esquirol, vers 18 heures, les CRS ont affronté plusieurs dizaines de jeunes gens décidés à en découdre. Au moins treize personnes ont été interpellées. Les manifestants « en mémoire de Rémi Fraisse » ont été 600, selon la police, au plus fort du rassemblement convoqué à 15 heures.

À Dijon , 200 personnes se sont rassemblées en fin d’après-midi. Après avoir muré avec des briques et aspergé de peinture les locaux de la police municipale devant lesquels ils ont brûlé un mannequin à l’effigie d’un policier, les manifestants s’en sont pris à des commerces, cassant des dizaines de vitrines, taguant les bâtiments. Selon nos informations, aucune interpellation n’aurait été effectuée.

À Lille , en début d’après-midi, c’est le siège du Parti socialiste qui a été tagué et a essuyé des tirs de billes d’acier.

D’autres rassemblements, réunissant entre 100 et 200 personnes, se sont déroulés à Amiens, Bordeaux, Avignon, Montpellier, Brest, Saint-Brieuc ou Strasbourg où une cinquantaine de personnes s’étaient mobilisées.

Adversaires de la démocratie

« Ces comportements anti-démocratiques bafouent le droit légitime des manifestants pacifiques de s’exprimer sur le territoire national et sont une insulte à la mémoire de Rémi Fraisse », a déclaré en fin de journée le Premier ministre Manuel Valls.

Son prédécesseur à Matignon et ancien maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, a lui condamné « les violences délibérées des groupes radicaux qui n’ont qu’un adversaire, la démocratie ».

La Feuille de chou y était

http://la-feuille-de-chou.fr/archives/73390

Ce lundi, rebelote, avec un compte-rendu très partial du rassemblement de la place Stalingrad à Paris. Qui y a assisté ne peut croire un instant le roman politico-journalistique dominant.

Vers 15 h 30, des centaines de manifestants étaient rassemblés, sans banderoles, ni drapeau, ni sigles visibles, dans une sorte de cuvette (genre Dien Bien Phu à l’envers) encerclés par un nombre au moins trois fois supérieur de policiers surarmés en y comptant ceux tout autour dans le quartier y surveillant les abords ainsi que ceux planqués dans les couloirs du métro.

Les manifestants sont ensuite sortis du seul côté laissé libre, vers le quai Signoret-Montand, devant le cinéma MK2, aubord du Bassin de la Villette.

A l’extrémité du cinéma, un barrage de CRS les bloquait. Tout est resté calme. Puis ils ont avancé vers le barrage, sans aucune violence ni jet de quoi que ce soit.

C’est alors que les CRS ont initié la violence en les aspergeant avec leurs gazeuses. Même là, aucune riposte violente des manifestants qui se sont contentés de reculer en invectivant les casseurs étatiques.

Pendant ce temps, d’autres CRS s’étaient disposés sur l’arrière du rassemblement, bloquant ainsi tout le monde.

Si on veut créer des incidents violents, on ne s’y prend pas autrement. Comme cet été pour Gaza, c’est l’interdiction d’un rassemblement qui produit des violences. Mais le responsable c’est la bande à Cazeneuve, Valls, Hollande. Il est temps de désarmer ces casseurs-là.

La version du Journal (DNA) signée Patrick Barrère

>Des poings américains

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Le rassemblement illégal, place Stalingrad, était lui annoncé à haut risque par les forces de l’ordre. Dans ce quartier populaire du nord-est de la capitale, près de 300 militants antifascistes et anticapitalistes ont été encadrés par d’importants moyens. Un impressionnant cordon de CRS a contenu comme dans une nasse les manifestants. Des fouilles et des contrôles d’identité notamment de jeunes portant des T-shirts aux slogans hostiles à la police ont entraîné 76 interpellations.

Fermeté gouvernementale

Dix-neuf des interpellés ont été placés en garde à vue, trois pour port d’arme prohibé, quatorze pour participation à un attroupement en vue de commettre des violences et deux pour refus de se soumettre à un contrôle d’identité. De source policière, certains des interpellés avaient « des marteaux, des pinces, des casques, des poings américains, des pétards et des engins incendiaires » dans leurs sacs.

Parmi les manifestants, des casseurs ont bien essayé à plusieurs reprises de mettre le feu aux poudres, notamment quand un manifestant a tenté de distribuer des œufs « pour faire de l’omelette aux poulets ». Au moment où des manifestants tentaient de quitter la « souricière » de la place Stalingrad, des éléments perturbateurs ont essayé de forcer un barrage de CRS avant d’être vite refroidis par quelques jets de bombes de gaz lacrymogène.

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par Patrice Barrère, publiée le 03/11/2014 à 05:00