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barrage gendarmes pont guillotière lyon f2c

L’équipe de la Feuille de chou était à Lyon ce 29 novembre pour suivre la manifestation contre le congrès du FN.

Article participatif et évolutif.

L’appel était fixé à 14h mais le départ du cortège ne s’est fait qu’à 15H15, retard dû aux arrestations de bus et voitures de manifestants aux péages autoroute et aux blocages et filtrages des bouches de métro, stations de tram et de gare, avec fouilles des sacs et des personnes. D’après des témoignages de manifestants arrivés sur place avant midi, des descentes de police ont eu lieu dans les bars sur place Jean Macé plusieurs heures avant le début de la manif et les bars ont été fermés (un seul bar n’a pas été fermé car utilisé par flics en civil pour repérage). D’autres nous ont raconté que la BAC attendait certains militants en bas de chez eux le matin. A l’évidence, tout avait été fait pour mettre la pression, que la manifestation n’ait pas lieu ou qu’elle ait lieu dans les pires conditions…

Donc à 14H, place Jean Macé, il n’y avait que quelques centaines de manifestants. Une heure plus tard, heureusement, le cortège s’était étoffé et se présentait ainsi : une tête de cortège composée de la gauche molle strictement anti-FN, puis un bloc Solidaires et NPA, et enfin un important groupe AL, CNT, Antifas et autonomes qui manifestaient également contre le racisme d’État et les violences policières. “Ni FN, ni austérité : un autre avenir pour la jeunesse.”

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Diaporama du cortège (66 photos): https://www.flickr.com/photos/durgaphotos/sets/72157649576136025/show

Dès le lieu de départ de la manifestation, place Jean Macé, on avait remarqué qu’un cordon de la BAC s’était placé entre les derniers manifestants et les nombreux véhicules de gendarmerie qui escortaient l’arrière du cortège.

Cette proximité a été l’occasion de pressions exercées sur les manifestants et a donné lieu rapidement à des provocations policières. Très vite les tirs de grenades lacrymogènes ont été entendues et un nuage de gaz aperçu en fin de cortège au niveau du Cours Gambetta. Des vitrines ont été martelées, des poubelles renversées et des barrières de travaux montées en barricades.

Suite à ces incidents, la police a décidé de diviser la manifestation et de bloquer la fin du cortège au niveau du pont de la Guillotière pendant que la première partie du cortège poursuivait son parcours sur les quais. Les membres de l’équipe de la Feuille de chou étant dans chaque cortège, nous vous livrons donc le récit des événements vus des deux cortèges.

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I.

Diaporama du premier cortège :
https://www.flickr.com/photos/79179163@N06/sets/72157649143048340/show

Traces du passage du premier cortège… : https://www.flickr.com/photos/79179163@N06/sets/72157649561317901/show

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II.

Dans le même temps, à quelques centaines de mètres de là, la dernière partie du cortège composée principalement de membres de Solidaires et du NPA a été bloquée et maintenue sur place au niveau du pont de la Guillotière, l’empêchant ainsi de poursuivre définitivement la manifestation. 

Suite aux incidents au niveau du Cours Gambetta, la stratégie policière a été de décider de bloquer la dernière partie de la manifestation pour l’empêcher de rejoindre -voire de rallier- le cortège des autonomes passés devant. On a vu alors des escadrons de gendarmes (certains avec flash-ball en position de tir) se détacher des rangs arrières du cortège et courir sur les trottoirs pour doubler l’arrière de la manifestation pendant que les escadrons arrières se rapprochaient à grands pas.

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Une fois les gendarmes déployés de tous côtés, les 300 derniers manifestants ont été pris en nasse, le dernier cortège séparé du reste de la manifestation puis resserré en goulot d’étranglement sur une seule voie de circulation entre la fin du Cours Gambetta et l’entrée du pont de la Guillotière (au niveau du carrousel devant le palais de la Mutualité).

Cette opération violente a suscité un moment de panique, des personnes ont été poussées et sont tombées, elles ont été relevées par les manifestants avant de risquer d’être écrasées par la foule compactée qui ne voyait plus où elle marchait.

 

Le service d’ordre de la manif a alors réussi à desserrer le cordon de police pour pouvoir traverser le pont de la Guillotière, sous escorte malgré tout… A plusieurs reprises les forces de l’ordre ont réessayé de nous bloquer sur le pont mais à chaque fois les manifestants les ont écartées.

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A mi-pont, nous apercevons la première partie de la manifestation qui, elle, a passé le pont, mais très vite nous distinguons que l’arrière du premier cortège est sous les tirs de lacrymogènes.

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Arrivée au bout du pont, nous sommes en face de dizaines de CRS et d’un camion canon à eau, les gendarmes nous bloquent à nouveau pendant 10 minutes.

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Après négociations, nous arrivons à avancer au ralenti -car freinés par les gendarmes- et à marcher quelques mètres sur le quai Jules Courmont…

 

… puis sommes à nouveau stoppés et contenus par la gendarmerie !

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Après encore une bonne quinzaine de minutes d’attente, excédés, nous décidons de pousser gentiment le cordon de gendarmes…

 

Changement de stratégie gendarmesque : on fait sortir des manifestants de la nasse 10 par 10, on le fait 2 fois, puis c’est fini, on change encore de stratégie…

Finalement, c’est une interdiction complète de poursuivre le parcours prévu (et déposé) de la manifestation, le cortège doit reculer et partir à l’opposée, quai Dr Gailleton, pour être dissous à Perrache ! La manifestation se termine où et quand les autorités et les forces de l’ordre le décident…!

 

L’hélico, conseiller en stratégie…

 

Solidaires négocie sa sortie du cortège. Le responsable NPA cède face aux autorités et annonce qu’il faut faire demi-tour et évacuer le cortège vers Perrache où la manif sera dissoute, et nous assomme d’un discours de morale civique digne du PS…: “On est ici pour la manif contre le FN, pas pour créer des incidents avec la police”, ‘il ne faudrait pas garder un mauvais souvenir de la manif”, pretextant aussi de quelques fachos aperçus aux abords de la manif pour inviter les manifestants à reculer et à partir “calmement et à ne pas rester seul”… Bel exemple de résistance à l’extrême-droite…! (oui, c’est ironique)

Le NPA en acceptant de ne pas poursuivre la manifestation, cautionne de fait l’idée qu’une manifestation peut être interdite sur décision arbitraire au nom d’un potentiel trouble à l’ordre public de la part des manifestants potentiellement violents… Merci le NPA pour cette défense si vaillante de nos droits ! (oui, c’est encore ironique)… :

 

Dernière aventure, pour aller Quai Dr Gailleton, le cortège est forcé d’emprunter la voie souterraine et non la surface (sans doute pour éviter que des manifestants ne retournent sur le pont de la Guilletière…). C’est donc en sous-sol et en partie dans le noir que le cortège est détourné de son parcours officiel, toujours sous escorte disproportionnée de gendarmes (une centaine d’hommes de chaque côtés dont un rang serré à l’arrière et une vingtaine de cars sur 3 voies en fin de cortège) et sous le regard de dizaines de badauds.

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Des personnes présentes, non manifestantes, sortant de leur travail ont témoigné de leur effroi de voir “autant de policiers pour entourer des manifestants comme s’ils étaient des terroristes”, d’autres se demandaient “si le droit de manifester existait encore ?”, d’autres ont parlé “d’images dignes de pays non-démocratiques”… Nous partageons leurs inquiétudes.

Une douzaine de cars et un bus de CRS sur le Pont Lafayette à 17H30:

Diaporama du 2nd cortège piégé par la police (84 photos): https://www.flickr.com/photos/durgaphotos/sets/72157649570394851/show

 

Communiqué d’Alternative Libertaire du 29/11/2014:

Les socialistes et leur police protègent le FN et répriment les antifascistes

Aujourd’hui devait se tenir à Lyon une manifestation contre l’extrême droite à l’occasion du congrès du FN.

Des organisations syndicales, des organisations politiques et collectifs antifascistes avaient mobilisé des militantes et des militants de toute la France pour ne pas laisser l’extrême droite tenir le haut du pavé.

Mais la police et, derrière elle, le pouvoir socialiste, en ont décidé autrement : dès le début de la matinée, la tristement célèbre BAC procédait à des contrôles arbitraires dans les rues lyonnaises. Puis ce sont les cars de manifestant-es qui étaient arrêtés, fouillés et très longuement contrôlés. L’objectif ? Perturber par avance la manifestation et intimider. Le ton était donné.

Malgré tout, ce sont des milliers de personnes qui se sont rassemblées. Alternative libertaire avait mobilisé ses forces pour grossir les rangs d’un cortège rouge et noir avec la CNT et au côté du NPA dans un pôle anticapitaliste. Mais la manifestation n’est pas allée très loin.

Des incidents déclenchés par une partie de la mouvance autonome (bris de vitrines principalement) ont fourni un prétexte à la police pour réprimer l’ensemble de la manifestation et la séparer en deux par la force dans une atmosphère enfumée par les gaz lacrymogènes.

La première partie de la manifestation, bientôt divisée en plusieurs groupes, a été de nouveau gazée sous les projecteurs d’un hélicoptère tandis que des arrestations très violentes avaient lieu.

La seconde partie, où se trouvait une partie des militant-es d’AL, de la CNT et de Solidaires ainsi que l’essentiel du cortège du NPA, était quant à elle stoppée manu militari et encerclée sur un pont avant d’être déplacée sous bonne garde jusqu’à la gare de Lyon-Perrache.

C’en était terminé de la manifestation contre l’extrême droite et la police en porte l’entière responsabilité.

Le cycle de la répression se poursuit. Après les manifestations de solidarité avec le peuple palestinien, après les manifestations contre le barrage de Sivens, après les manifestations contre les violences policières suite à la mort de Rémi Fraisse, le gouvernement socialiste envoie maintenant sa police réprimer ceux et celles qui manifestent contre l’extrême droite.

Les ennemis du pouvoir socialiste, ce ne sont ni les patrons qui licencient, ni les fascistes qui paradent, ni les exploitants agricoles qui défendent une agriculture ultra-intensive au mépris de l’environnement. Les ennemis du pouvoir socialiste, ce sont celles et ceux qui se battent contre les injustices, l’austérité, les politiques racistes.

Alternative Libertaire dénonce une nouvelle fois les conséquences de la politique répressive d’un Parti socialiste qui méprise les travailleuses et les travailleurs, et cherche à piétiner le mouvement social. En procédant ainsi, le gouvernement doit savoir qu’il déroule le tapis rouge au Front national et à l’autoritarisme.

Pour cela, Alternative libertaire appelle à renforcer toutes les mobilisations contre les capitalistes et leurs alliés socialistes. Sur nos lieux de travail et dans nos quartiers, c’est en reconstruisant une solidarité de classe que nous pourrons lutter contre les offensives patronales et que nous pourrons endiguer la progression de l’extrême droite, qui prospère sur fond de précarité et de casse sociale.

Alternative libertaire, le 29 novembre 2014

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L’extrême-droite et ses idées sont les ennemies des travailleurs et des travailleuses

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Communiqué de l’Union syndicale Solidaires du 1er décembre 2014 suite au WE de mobilisation antifasciste à Lyon

C’est parce que nous mènerons des luttes victorieuses sur le terrain des droits sociaux et économiques que nous pourrons faire reculer durablement le FN.

Communiqué à retrouver sur le site de Solidaires

Le Front National vient de tenir son congrès à Lyon : une grand messe pour occuper le devant de la scène médiatique et tenter de se faire passer pour les défenseurs des « oublié-es du système ». Un système – le capitalisme, l’exploitation des travailleurs-ses, des chômeurs-ses, des retraité-es, par une poignée de privilégié-es – que le Front National, en réalité, ne remet pas du tout en cause !

Mais pour l’Union syndicale Solidaires, le Front national n’est pas un parti comme un autre. Il reste un parti fondamentalement d’extrême droite, raciste et nationaliste. La base de sa politique est la discrimination, la division au sein des travailleurs et travailleuses, la promotion d’un capitalisme national. Le programme du FN et les idées d’extrême droite sont totalement opposés aux intérêts des salarié-es !

Ce n’est pas une question morale ; le fascisme se nourrit du désespoir présent et des peurs face à l’avenir : 5 millions de chômeurs et chômeuses, 8 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, 3,5 millions de mal logé-es, accroissement de la précarité, conditions de travail dégradées, licenciements, fermetures d’entreprises… Face à l’explosion des inégalités et aux politiques d’austérité, il faut reconstruire l’espoir collectif en une société plus juste. La question de la répartition des richesses que nous produisons est fondamentale. L’extrême-droite est à l’opposé de ces valeurs.

CGT, Solidaires, FSU et des organisations de jeunesse organisent depuis janvier dernier une campagne unitaire contre l’extrême droite, ses idées et ses pratiques. L’Union syndicale Solidaires a aussi participé, samedi et dimanche, aux différentes initiatives qui se sont tenues à Lyon ; ici aussi, toutes les organisations syndicales avaient leur place ! A l’appel d’associations, de collectifs, d’organisations syndicales et politiques, la manifestation de samedi après-midi a rassemblé plusieurs milliers de personnes, pour l’égalité des droits et la justice sociale et contre la haine distillée par le FN et ses satellites. Les débats et forums organisés le dimanche ont pointé la nécessité de construire une riposte unitaire à la hauteur des enjeux, face à la banalisation de l’extrême droite et ses idées.

Racistes, nationalistes et autres fascistes préparent leur arrivée au Pouvoir … et le gouvernement socialiste s’attaque violemment à celles et ceux qui manifestent contre !

Dès le matin, les « forces de l’ordre » fouillaient les personnes « soupçonnées » de se rendre à la manifestation, bloquaient des bus de manifestant-es venant de différentes villes… L’après-midi, alors que quelques groupes s’en prenaient à des vitrines, la police a chargé la manifestation, l’a délibérément scindée en plusieurs morceaux, a gazé, encerclé et retenu plusieurs cortèges, et voulu imposer une dissolution bien avant le point d’arrivée. Organisé-es collectivement et unitairement, nous avons refusé ce diktat. Le soir, la police renouvelait les mêmes contrôles et blocages de plusieurs bus de manifestant-es rentrant chez eux…

Comme l’ensemble des organisations associatives, syndicales et politiques qui appelaient à cette manifestation, l’Union syndicale Solidaires s’est inscrite dans les mots d’ordre et les actions décidées collectivement et démocratiquement. La manifestation et les manifestant-es n’appartiennent à personne ; nous refusons d’être utilisé-es par quelque groupe que ce soit, qui plus est lorsque ceux-ci servent de prétexte à la répression policière. Interdiction de manifestations, assassinat d’un manifestant, violences policières, … : le gouvernement ne nous fera pas taire ; dans la rue aussi, nous continuerons à manifester notre refus du fascisme et notre volonté de transformer profondément la société. Surtout, la présence et l’activité syndicales au plus près des travailleurs et des travailleuses (quotidiennement sur les lieux de travail), la défense des services publics utiles à la population, la reconstruction d’un tissu syndical interprofessionnel de proximité sont des actes antifascistes concrets. Partisan d’un syndicalisme de transformation sociale, nous pensons que ce système doit être combattu et radicalement modifié, qu’un autre partage des richesses est une nécessité absolue socialement et écologiquement ! C’est, pour nous, une des façons les plus sûres de réduire l’influence néfaste de l’extrême droite.

C’est parce que nous mènerons des luttes victorieuses sur le terrain des droits sociaux et économiques que nous pourrons faire reculer durablement le FN.

1er décembre 2014