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Une fâcheuse habitude : les menaces, y compris physiques, à l’encontre de journalistes commencent à devenir monnaie courante chez certains cadres et dirigeantEs du Front national. Dernier exemple en date, celles proférées à l’encontre d’une collaboratrice de Mediapart, à propos desquelles le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « menaces de mort ».

«Je vais te tuer, Marine ! Je vais te retrouver ! Je vais t’attendre en bas de chez toi ! » Ces propos ne visaient pas Marine Le Pen… mais une journaliste trop critique aux goûts du FN, dont le hasard veut qu’elle partage le prénom de sa présidente. C’est avec ces mots précisément que Marine Turchi, travaillant pour le journal en ligne dirigé par Edwy Plenel, a été menacée par Olivier Duguet. L’homme au crâne rasé, qui a aussi tenté de frapper la journaliste, n’est autre que l’ancien trésorier du « micro-parti » de Marine Le Pen, « Jeanne ». Il avait dû quitter cette fonction en raison d’une condamnation pour une escroquerie contre Pôle emploi remontant à 2012.
Son successeur dans la structure de financement politique de Marine Le Pen, « Jeanne », est Olivier Loustau. Ce dernier a lui aussi participé au groupe de quatre à cinq personnes ayant agressé Marine Turchi et son collègue Karl Laske, le 30 janvier dernier dans le 16e arrondissement de Paris.

Mediapart a rendu publique cette agression ce 6 février. Le journal d’Edwy Plenel avait joué un rôle important dans la révélation de mécanismes de financement politique frauduleux impliquant « Jeanne » et la société commerciale « Riwal » dirigée par un autre proche de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon.

Ce dernier a, lui, été mis en examen le 23 janvier 2015, pour « faux et usage de faux », « escroquerie » et « abus de bien sociaux ». En 2012, son entreprise avait vendu des kits de campagne à un prix excessif à « Jeanne » qui les avait revendus aux candidats du FN aux législatives… en leur imposant de contracter un prêt standardisé de 16 500 euros auprès du micro-parti. Le tout servait à extorquer de l’argent à l’État au titre des comptes de campagne…
Duguet, Loustau et Chatillon viennent tous les trois du GUD (Groupe Union-Défense), groupe étudiant ouvertement violent et qui n’a jamais dissimulé sa nature fasciste.

 

La « dédiabolisation » de la violence ?

Le 27 janvier, c’est la députée FN Marion Maréchal-Le Pen qui avait apostrophé le journaliste Gilles Leclerc, président de la chaîne LCP, avec ces mots : « Mais on va vous avoir, mais quand ça va arriver, ça va vraiment vous faire mal. » Plusieurs dirigeants du FN étaient présents pour fêter la remise d’un prix, l’« élu local de l’année 2014 », décerné par un jury de journalistes présidé par Arlette Chabot. L’heureux élu était Steeve Briois, le maire FN d’Hénin-Beaumont…
«  Dédiabolisation » réussie en termes d’implantation locale, et pratiques autoritaires ou violentes, peuvent donc voisiner de très près dans le FN. Ce dernier se porte pourtant toujours bien dans les sondages : 30 % des FrançaisEs interrogés souhaiteraient selon un sondage Ifop « son succès » aux élections départementales de fin mars prochain. Dans un autre sondage (Odoxa), 42 % des électeurs de Nicolas Sarkozy se déclareraient prêts à voter pour le FN lors de scrutins locaux. Enfin, selon TNS, 50 % des sympathisantEs UMP se prononceraient pour « des alliances locales, au cas par cas » avec le FN.
Il est à craindre que les récents « excès » du parti néofasciste ne les en dissuaderont pas.

Bertold du Ryon

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