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Yannis Youlountas, 2 juillet 2015 : ” A l’heure qu’il est, certains craignent encore une “reculade”, mais, cette fois, plutôt après le référendum. Pourquoi ?

Parce que la troïka a changé de stratégie. A l’initiative d’Angela Merkel, les négociations sont reportées après le référendum. Et le but est tristement connu des Français : la troïka cherche désormais à OBTENIR LA TRAHISON POST-RÉFÉRENDUM DU GOUVERNEMENT GREC et, par conséquent, son discrédit total, ainsi que celui du mouvement politique qu’il incarne en Europe. Rien de moins.

Alors que les relations sont rompues jusqu’à lundi, qui travaille dans l’ombre à Athènes, depuis le début de la semaine ?

C’est là l’élément le plus important de la séquence actuelle : la diplomatie américaine s’inquiète, de plus en plus, de voir la Grèce se rapprocher des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et de certains pays qu’elle n’apprécie pas du tout en Amérique Latine et, bien sûr, au Moyen Orient. Autrement dit, la tension monte, non plus seulement sur le plan politique et financier, mais aussi sur le plan géopolitique maintenant. Beaucoup plus que la semaine dernière.

Mais, depuis lundi, une autre forme de pression monte. Une pression qui menace l’après référendum. LA PIRE MENACE QUI SOIT. Celle de ne pas tenir réellement compte de ce qui aura été exprimé par la population ce dimanche, comme en 2005 en France, et d’oublier dans un tiroir du ministère des finances tout le travail de la commission pour l’audit de la dette, effectué par Eric Toussaint et le CADTM.

Voilà le nouveau scénario que viennent d’écrire la troïka et la diplomatie américaine. Un scénario contre lequel le mouvement social dans sa diversité et l’aile gauche de Syriza s’apprêtent à lutter. Un scénario qu’on espère voir démenti dès dimanche soir par Alexis Tsipras, après l’annonce du résultat du référendum (fermeture des bureaux de vote, ce dimanche à 19h, c’est-à-dire 18h en France).

UN RÉSULTAT QUI SERA TRÈS PROBABLEMENT OXI (NON), MAIS QUI NE SUFFIRA PAS. Il faudra encore continuer à lutter, bec et ongles. Encore se faire entendre partout. Encore manifester, sans fléchir ni faiblir, pour pousser, tous ensemble et de toutes nos forces, ces tyrans d’un autre âge vers les oubliettes de l’Histoire.

Maintenir la pression, jour après jour, sans jamais baisser les bras, pour refuser la fatalité et avancer vers l’utopie.”

Yannis Youlountas, jeudi 2 juillet 2015, à 19h30.

LA GRÈCE N’EST PLUS SEULEMENT
UNE LIGNE DE FRONT EUROPÉENNE,
MAIS DÉSORMAIS MONDIALE…
La principale caractéristique de cette semaine, c’est que la Grèce n’est plus seulement une ligne de front européenne, mais désormais mondiale.

1 – Comme je l’ai expliqué ci-dessous vers 14h30, Varoufakis en appelle maintenant à l’article 103 de la charte des Nations Unies.

2 – Les deux émissaires des Nations Unies, qui sont chargés du problème grec, prennent clairement parti en faveur des grecs et le rapporteur urugayen cite précisément la charte invoquée par Varoufakis dans sa première réponse au journal Le Temps.

3 – Les technocrates du FMI hésitent à Washington :
cf. point 1.

4 – La diplomatie américaine s’agite à Athènes et s’inquiète du rapprochement avec les BRICS, des pays d’Amérique Latine et du Proche-Orient, comme je l’ai annoncé et expliqué ci-dessous vers 11h30.

C’est ça, la spécifité de la séquence actuelle : la Grèce pose maintenant une question universelle en matière de démocratie et de droits humains (question qui se pose également ailleurs, et même partout). Elle peut ouvrir une brèche vers une transformation de l’imaginaire social selon la suite des événements.

Comme nous le disons depuis longtemps : ce qui se joue en Grèce dépasse largement ce petit territoire du sud-est de l’Europe. Ce qui se joue en Grèce, c’est un moment charnière dans un lieu symbolique qui a marqué l’Histoire, un moment charnière vers autre chose, au carrefour de trois continents, et désormais, sous les yeux du monde entier.

Jusqu’où cela nous mènera-t-il ? Ça dépend de nous ! De nous tou-te-s ! Partout ! En Grèce et ailleurs. Et l’enjeu est crucial : DÉCOLONISER LA GRÈCE, C’EST DÉCOLONISER NOTRE IMAGINAIRE ET OUVRIR DE NOUVELLES PERSPECTIVES.

Y.Y.

http://jeluttedoncjesuis.net