sine

Lettre de Georges Yoram Federmann à Catherine Siné

Strasbourg , le 5 mai 2016

Ma chère Catherine,

Bob s’en est allé.

La mort s’impose à nous, insaisissable, insensible, péremptoire et cynique.

Mais aussi, peut-être, comme la marque puissante d’une intemporalité à laquelle chacun aspire.

Intemporalité de l’amour (de la haine parfois aussi) de la mémoire, de l’espérance et de l’enthousiasme.

Au-delà de la douleur.

Au-delà de la stupeur.

Au-delà de l’isolement et de la solitude dans lesquels nous plonge la confrontation à l’absence de celui qui s’en est allé.

Et cette étrange découverte : celle qui rend omniprésent, à notre cœur et à notre esprit, celui que la mort a emporté.

Que la mémoire se mette à l’ouvrage et préserve l’œuvre de l’absent afin de poursuivre inlassablement l’œuvre collective.

Je me souviendrai de Bob comme d’un tendre veilleur lucide et bienveillant, graphomane et pétomane, qui illustrait parfaitement le constat de B.B : « l’homme est bon, mais le veau est meilleur ».

Ce matin ( 6 mai), je lui ai rendu hommage sur France Bleu Alsace
https://www.francebleu.fr/emissions/le-journal-de-7h/alsace/le-journal-de-7-heures-de-france-bleu-alsace-176

Accepte, ma chère Catherine, mes affectueuses et tendres condoléances en mémoire de lui.

Puis-je te confier ce magnifique poème d’ Erich Mühsam qui m’a déjà tant de fois consolé et dynamisé, une fois la peine du deuil un peu estompée ?

Bob est vivant.

Il continue à nous offrir un incroyable élan de vie au delà des douleurs et des doutes de l’existence.

Je ne suis pas certain que la Vie soit un cadeau mais l’élan de vie nous emporte et Bob en est un vecteur et un moteur.

Il est mort à « Bichat » dont on a dit à sa mort ( à 30 ans) : « Personne en si peu de temps n’a fait autant de choses et si bien »….comme toi, cher Bob.

A propos, autant te le dire dès à présent : Dieu existe et Elle ( El: Dieu en Hébreu) t’attend …

Latcho drom.

Georges Yoram

« Celui pour qui le soleil ne brille plus

Il n’a plus besoin d’amour.

Combien de chagrins pleurent pour lui,

Il n’a pas besoin de le savoir.

Hommes, laissez les morts tranquilles

A vous appartient la vie

Chacun a bien assez à faire

A lever le bras et le regard.

Laissez les morts ils sont libres

Dans le sable humide.

Vous, sortez de l’esclavage,

De la misère et de la honte.

Un combat vaudrait-il des lauriers,

Epargnez à la mort ces cadeaux !

Mais reprenez l’épée du mort

Et menez son combat jusqu’à la fin.

Voulez-vous faire quelque chose de bien

Pour ceux que la mort a rencontrés.

Hommes, laissez les morts tranquilles

Et accomplissez leur espoir.

Erich MUHSAM.