Communiqué UJFP

Le report de programmation d’un film israélien (« à 5 heures de Paris ») et son remplacement immédiat par un autre (en l’occurrence le film de Simone Bitton « Rachel ») a fait l’objet d’une campagne de presse initiée par le distributeur du premier et reprise par une presse écrite, radio et télé qui n’a pas toujours donné la parole à Utopia pour expliquer son geste.

Devant cette censure, Utopia a donc décidé d’acheter une page de Libération pour que chacun puisse au moins disposer de sa version des faits et de l’opinion de ceux qui l’ont soutenu dans cette affaire (Eyal Sivan, Simone Bitton, des dizaines et des dizaines d’intellectuels et artistes israéliens, l’UJFP).

C’en est trop pour le CRIF, qui sur son site publie une lettre à Libération lui reprochant d’avoir accepté cette insertion, et proférant quelques contre-vérités :

  • il n’y a jamais eu appel à boycott d’une oeuvre culturelle; il y a eu annonce d’un report par le programmateur d’une salle, et c’est tout de même sa liberté de juger de l’opportunité de la date de programmation d’un film que toutes les salles de France et de Navarre sont habilitées à programmer, et elles ne le font pas, pas plus que pour la très grande majorité des films israéliens et palestiniens. Il n’y a là ni illégalité ni discrimination
  • la haine d’Eyal Sivan n’est pas la haine de soi chère aux psychanalystes de bazar; sa haine, qui est aussi la nôtre, est contre le régime d’apartheid qu’instaure l’Etat israélien à l’égard des Palestiniens, tant par l’enfermement dans des enclaves en Cisjordanie, le blocus de Gaza et le refus du droit au retour des réfugiés que dans des réglementations discriminatoires en Israël même – une politique contraire au droit international et maintes fois condamnées par les instances de l’ONU. L’Israélien Eyal Sivan ne veut pas se jeter à la mer avec ses compatriotes; il veut explorer les possibilités d’un vivre ensemble dont son film « Jaffa, la mécanique de l’orange » montre sa nostalgie
  • et c’est bien ce crime d’apartheid qui donne sa légitimité à la campagne initiée par la société civile palestinienne BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) et auquel nous entendons bien répondre. Mais ce report de programmation, s’il relève du même état d’esprit -en tant que citoyens nous avons des choix à faire qui nous engagent-, ne constitue en rien un boycott.

La politique des gouvernements israéliens successifs est criminelle et suicidaire, une fuite en avant qui n’ouvre aucune possibilité d’une vie pacifique d’une population juive israélienne sur le sol de la Palestine. Le soutien que le CRIF lui apporte est un mauvais service rendu aux Israéliens eux-mêmes.