Jean-Pierre Chevènement à Strasbourg
15 févr. 2011

La France est-elle finie?

Afficher l’album
Voir le diaporama

Jean-Pierre Chevènement, dont le petit aller-retour aux confins de la mort, aurait pu figurer dans le film de Clint Eastwood, Au-delà, était à Strasbourg, dans la salle blanche de la librairie Kléber, entre 12h30 et 14h, ce qui n’a pas empêché ses supporteurs et des curieux de venir l’écouter à l’occasion de la sortie de son dernier livre, au titre vendeur,

La France est-elle finie ?

Le Che du Territoire (de Belfort) dont il rappela dès l’entrée, qu’avant 1870, il faisait partie de l’Alsace, a été présenté par le dircab de Roland Ries, mais pas à ce titre, fut-il précisé, mais parce qu’il avait travaillé avec notre national-républicain.

Après une longue (trop?) présentation, le Lion de Belfort se leva et, micro en main, se lança dans une magistrale leçon de politique, qu’on la partage ou pas, à côté de laquelle les politicards actuels, à commencer par celui qui loge à l’Élysée, sont tout juste bon à figurer dans les soutes étasuniennes (de l’époque de Bush) ou sur les unes de Gala.

On avait là un bel exemple de politique à l’ancienne, comme la moutarde du nom, élevée, cultivée, historisée et prospective. On eut même droit à un véritable programme présidentiel au cas où le miraculé de la République jugerait, selon les fenêtres d’opportunité ouvertes, bon ou pas, pour la France, de se présenter à la magistrature suprême.

Pas de surprise dans ce discours long et articulé, comme dans les réponses minutieuses aux 7 questions (notées sur un papier) autorisées par l’horloge qui filait.

Un rappel historique d’abord, qui remonta loin, en 1914, et même avant, une vive attaque, mais respectueuse en même temps, de la conversion libérale -son pari “pascalien”- de François Mitterrand dont il fut ministre. Il rafraichit la mémoire de l’auditeur et, indirectement, descendit en flamme les ministricules actuels, non pas aux affaires, mais plongés, jusqu’au cou, dans les affaires, comme cette pauvre MAM à l’acronyme faussement maternel, en rappelant ses trois démissions (celles de Chevènement…) en fanfare, tout en déclarant qu’à de nombreuses autres occasions, il eut pu claquer la porte du gouvernement aussi. C’est pas Hortefeux, ex-Woerth ou Alliot-Marie, ou tout autre qu’on verrait de nos jours agir ainsi! O tempora, o mores!

Il consacra du temps à l’Allemagne et à critiquer la politique économique, financière, monétaire et sociale de ce grand pays concurrent. Il se prononça comme attendu pour une Europe des patries et des nations, ce qui devait tomber agréablement dans les oreilles attentives des quelques partisans de Marine le Pen (présente le même jour à Strasbourg, pour lancer ses chevaux de retour édentés dans la compétition cantonale) repérés ça et là. On remarqua les auteurs convoqués dans le fil du discours, Pascal, abondamment, mais aussi Drieu La Rochelle et même Hitler (à Rauschning) qui s’étonnait, admiratif, de la combativité des soldats français en 14/18.

Il fut question de Maastricht (prononcé comme trique…), de l’inféodation aux USA, de l’Europe, de la Chine, du républicanisme, de la réindustrialisation nécessaire, de la langue française et de la francophonie qui s’étend démographiquement en Afrique.

Après la dédicace, il devait de rendre à l’IEP pour parler devant les étudiants.

On avait rencontré un jour, il y a quelques années, Jean-Pierre Chevènement au musée Beyeler à Riehen, en compagnie de sa belle femme, originaire d’Égypte. Il n’a pas pris de rides depuis.

On discuta un peu avec quelques vieux fans du Che du 90, du Français et des langues dites minoritaires et/ou régionales à propos desquelles J.P. Chevènement dit simplement qu’il n’avait rien contre l’alsacien, (?) tout en ciblant le Corse et les demandes insulaires de nomination préférentielle de fonctionnaires parlant la langue de Corse.

Il n’évoqua pas, malgré la chaude actualité, la révolution arabe, sauf pour faire l’éloge (à contrepied) du général Kléber dont la statue était dans son dos. En réponse à une question d’un de ses partisans, il déconseilla l’insurrection, tout en rappelant que son droit, contre la tyrannie, était inscrit dans la Constitution de 1793.

On s’en souviendra!

A venir, sur feuille2ChouRadio, le son de la conférence.