Après Roland Ries et Jean-Philippe Maurer, c’est au tour de Philippe Richert de se poser en rempart du droit local des cultes en Alsace-Moselle. Une telle levée unanime de boucliers conduit le citoyen à s’interroger car François Hollande, après une volte-face peu glorieuse, a rassuré les représentants des cultes en affirmant sa détermination de “constitutionnaliser” ce droit spécifique.
Le citoyen peut d’autant plus s’étonner que le président du Conseil régional d’Alsace qualifie lui même la démarche de F. hollande de “hochet”. Voilà beaucoup d’alarmes pour un simple hochet, à moins qu’il ne s’agisse là aussi d’un “hochet” destiné à rassembler les voix des électeurs traditionalistes en vue des prochaines élections.
En effet, les arguments développés par Philippe Richert ne résistent pas à l’analyse rationnelle.
Sa référence à une identité alsacienne homogène et immuable est battue en brèche par Robert Grosmann, qui, dans le même N° des DNA explique : ” Nous ne sommes plus en 1875…nous sommes au XXIe siècle, près de 150 ans et deux guerres plus tard.” De fait, aujourd’hui, l’Alsace est plurielle et multiculturelle et tournée vers l’avenir.
En France, la “concorde civile” fondant le “vivre ensemble” est garantie par l’ensemble des lois laïques dont la loi de 1905 qui instaure la liberté de conscience, laquelle inclut la liberté religieuse. La cardinaux français, les cultes protestants et juifs ont d’emblée approuvé la loi de 1905 qui, contrairement au concordat, leur donnait la liberté de s’organiser librement.
Du fait du concordat et du statut scolaire local , l’Alsace n’est pas juridiquement laïque. L’obligation faite aux parents d’avoir à demander une dispense d’enseignement religieux ne respecte pas pleinement le principe constitutionnel de liberté de conscience.
Invoquer une “laïcité” à l’alsacienne est un non-sens juridique.
Contrairement à l’affirmation de Philippe Richert les élèves alsaciens ne sont pas “les mieux formés du pays”. Des rapports de l’Inspection Générale de l’Education nationale les situent dans le milieux du tableau.
L’épouvantail d’un Etat gargantuesque qui voudrait anéantir le droit local est contredit par l’adoption, en droit général, d’ un élément du droit local concernant la faillite civile.

Pour notre part, nous proposons d’aller plus loin et de faire de l’Alsace un modèle juridique avec l’adoption, au niveau national, de tous les aspects où le droit local est plus progressiste que le droit général actuel ( Sécurité sociale, Droit du travail, Droit des associations etc…)
A l’inverse, nous proposons que les domaines où le droit général en vigueur est plus progressiste que le droit local (essentiellement la législation laïque), soient progressivement appliqués en Alsace après une large information de la population, la consultation des acteurs institutionnels et un calendrier d’application.
Ce n’est pas la crispation sur une situation archaïque qui peut constituer une nouvelle avancée de la “concorde civile”, mais bien ce double mouvement entre le droit local et le doit général.

Pour Laïcité d’Accord
Le Secrétaire Claude Hollé

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