Mardi 28 août 9h salle 140

Palais de justice de Strasbourg

4 camps Roms menacés!

Après Lille, Lyon et Paris… Strasbourg ? Non !
Appel d’associations strasbourgeoises

Deux ans après le honteux « discours de Grenoble », peu de choses ont changé semble-t-il pour les 15 à 20 000 Roms migrants qui vivent en France. En ce mois d’août 2012, alors que beaucoup profitent tranquillement de leurs vacances, les expulsions s’enchaînent, de Lyon à Lille en passant par Paris, attirant une nouvelle fois l’attention de la Commission européenne qui veut lutter contre les « expulsions arbitraires et les traitements discriminatoires ».
Le changement du 6 mai dernier a fait naître de nombreux espoirs, y compris chez les Roms qui ont souffert de la politique de Nicolas Sarkozy et de la stigmatisation qui en a découlé. Cent jours à peine après l’élection de François Hollande, les interrogations sont cependant nombreuses… Les incertitudes aussi. Car lorsqu’on vit avec la crainte d’être expulsé à tout instant ; lorsqu’on ne peut, malgré tous ses efforts, accéder à l’emploi ; lorsqu’on se heurte aux préjugés, le quotidien n’est alors fait que d’incertitudes.
Cette situation ne peut plus aujourd’hui être tolérée en Europe, une Europe bâtie au lendemain de la Seconde guerre mondiale pour assurer la paix et la prospérité sur un continent dévasté. Parmi les valeurs fondatrices de cette Europe se trouvent le respect des droits de l’homme et la non-discrimination. Parmi les principes qui ont dirigé la construction européenne depuis lors, se trouve la libre circulation. La libre circulation des personnes notamment. Comment alors, plus d’un demi-siècle après l’adoption de la Convention européenne des droits de l’homme et du Traité de Rome, accepter que des citoyens européens soient ainsi traités?
Les expulsions ne règlent aucun problème. Certes, les terrains sont débarrassés de leurs occupants indésirables. Mais ceux-ci n’ont alors d’autre choix que d’aller s’installer un peu plus loin, sur un autre terrain, dans l’attente d’une autre expulsion. L’aide au retour n’apporte pas plus de solution. C’est un dispositif coûteux et inefficace, puisque nombre de personnes en ayant bénéficié reviennent peu de temps après. Pourquoi ? Car malgré la précarité de leurs conditions de vie en France, l’espoir d’une vie meilleure, pour elles et leurs enfants, reste plus grand que dans leur pays d’origine.
LA solution à la question de l’intégration des populations Roms n’existe pas. Il est néanmoins possible d’apporter DES solutions. Au niveau national, un travail de fond doit être mené pour lutter contre les stéréotypes et mieux connaître et comprendre l’histoire de ces populations. A plus court terme, le régime transitoire et discriminatoire concernant l’accès à l’emploi des Roumains et des Bulgares doit aussi prendre fin. Au niveau local, des réponses concrètes aux problèmes du quotidien (logement, santé, scolarisation, formation) doivent être apportées par les collectivités en étroit partenariat avec la société civile et les populations concernées, et avec le concours de financements européens comme le FEDER ou le FSE.
Hier, le gouvernement a fait un premier pas en ce sens en annonçant la suppression de la taxe qu’un employeur doit payer à l’OFII et l’élargissement de la liste des métiers accessibles aux ressortissants roumains et bulgares. Mais cela n’est pas suffisant et une stratégie plus globale doit être élaborée en étroite coopération avec les représentants de ces populations, la société civile et les collectivités territoriales. Surtout, les expulsions doivent cesser en attendant que des alternatives satisfaisantes puissent être proposées. Les expulsions sont synonymes d’angoisse pour les familles et ne font que repousser le problème un peu plus loin.
A Strasbourg, les habitants de 4 sites ont été assignés en référé par la ville. L’audience est prévue mardi 28 août 2012 à 9h. Presqu’un an après le Sommet des Maires sur l’intégration des populations Roms organisé par le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, en partenariat avec la Ville de Strasbourg, l’on est en droit d’attendre une autre politique de la part de la « capitale européenne des droits de l’homme ».
Ainsi, nous, associations présentes auprès des familles Roms au quotidien (Médecins du Monde, Emmaüs, Arpomt, Cercle Menachem Taffel, Latcho Rom) appelons la Ville de Strasbourg à ne pas donner suite aux procédures d’expulsions en cours et à mettre en place un dialogue structuré en vue de trouver des solutions durables et satisfaisantes pour tous. Des contacts en ce sens sont en cours et nous espérons un aboutissement rapide.
La valeur d’une société se mesure sans aucun doute à la manière dont elle s’occupe de ses groupes les plus vulnérables… Montrons l’exemple à Strasbourg !
Strasbourg, le 23 août 2012
Médecins du Monde-Strasbourg, Emmaüs Mundolsheim, Arpomt, Cercle Menachem Taffel,
Latcho Rom.
Contact : latchorom.strasbourg@gmail.com