Le 18 octobre dernier, l’équipe de la Feuille de Chou, également membre du collectif Latcho Rom , avait visité deux des quatre campements menacés d’expulsion par la ville de Strasbourg (voir http://la-feuille-de-chou.fr/archives/39290 ). Ce dimanche, nous sommes retournés sur les lieux.

En trois semaines de froid, de pluie et surtout d’inaction politique, les dégâts sont immenses: une boue grisâtre, glissante et luisante a tout envahi, entretenant une humidité constante et favorisant une atmosphère malsaine. Les petits bobos ne cicatrisent plus, les plaies s’infectent. Un homme opéré il y a quelques semaines a vu la cicatrice en bas de son dos plus purulente chaque jour jusqu’à atteindre l’os; il est aujourd’hui alité en permanence.  Tout déplacement est entravé par des risques de chutes. Les enfants à qui on demande de ne pas s’éloigner des baraquements n’hésitent pas à uriner derrière les arbres les plus proches pour éviter de tomber dans la boue. L’absence de douche contraint à éviter tout risque de salissure pour pouvoir aller dignement à l’école ou au travail. Tous les moyens sont bons pour essayer de rendre le terrain moins glissant et plus praticable: cartons, tapis, toiles de jute, brisures de verre ou de terre cuite sont répartis sur le sol, en vain le plus souvent.

Les demandes des résidents sont pourtant simples: un autre terrain plus au sec, avec l’eau courante, des sanitaires, l’électricité ou le gaz. Tout ce qui devrait permettre de vivre dans la dignité due à chaque être humain dans un pays et une ville qui se targuent encore d’être la patrie des Droits de l’Homme et des Lumières…

Mais, comme la ville de Strasbourg (capitale de l’Europe…) ne daigne pas répondre à ces demandes élémentaires pourtant peu coûteuses, Latcho Rom a décidé de ne plus se prêter au jeu de rencontres sans objet, tant que le maire ne bougera pas.

Durga / Feuille de Chou

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