Amère, la bière de Noël des socialistes..
Un an après cette dégustation dans le Nord Pas de Calais avec les brasseurs,François Hollande est appelé par les professionnels de la boisson, plusieurs chefs, comédiens et écrivains français à revoir l’augmentation de la taxe sur la bière. | (LP / O.Lejeune.) LE PARISIEN

Amère, la bière de Noël des socialistes…

Il n’y a pas que le beaujolais nouveau dans la vie!. Depuis quelques années, la bière de Noël le concurrence en cette période de l’année, même si la démarche n’est pas la même «Ils n’ont rien à voir. Le beaujolais nouveau est un produit à forte connotation commerciale, alors que la bière de Noël est noble, authentique», estime Michel Haag, le patron de Meteor et président du syndicat des brasseurs d’Alsace. Fidèles à la tradition, les professionnels alsaciens ont relancé il y a une vingtaine d’années cette bière de Noël liée au breuvage conçu par les moines à la Saint-Martin, le 11 novembre. Plus forte qu’une bière traditionnelle, aromatisée aux épices et à l’orange, elle est brassée uniquement en Alsace et dans le Nord pour la fin d’année avec une sélection de malts torréfiés.
Mais cette année, la bière de Noël risque d’avoir un goût amer: le projet de loi concocté par les socialistes pour le financement de la Sécurité Sociale prévoit en effet une augmentation de 160% des taxes sur la bière. Une mesure à l’emporte-pièce qui a fait descendre dans la rue à Strasbourg 300 brasseurs et salariés de la filière brassicole alsacienne qui produisent près de 60% des bières consommées.”C’est injuste et dangereux. La bière va être taxée quatre fois plus que le champagne et au niveau du degré d’alcool, ce sera 22 fois plus que le vin…” constate encore le patron des brasseurs alsaciens qui estime que le demi au comptoir augmentera de 25 à 40 centimes d’euros.

Alors que les députés viennent d’adopter la nuit dernière,en seconde lecture, le projet de budget de la Sécurité Sociale pour 2013, plus de 85% des Français juge cette taxe inopérante en matière de santé publique et la considèrent comme injuste, selon un sondage Ifop réalisé à la demande des Brasseurs de France. Selon le même sondage, plus d’un tiers (35%) de l’échantillon interrogé pense diminuer sa consommation de bière dans les cafés, bars et restaurants, de même que ses achats de bière dans les magasins et grandes surfaces. Nul doute que les dernières brasseries indépendantes du Nord et de l’Est de la France seront fragilisées par cette mesure inconséquente livrant le marché de la bière aux grands groupes industriels qui produisent le même breuvage uniformisé, des Pays-Bas à la Grèce.
La protestation des brasseurs de l’Est de la France dépasse les clivages politiques. Elle a reçu le soutien inattendu des élus socialistes de l’ancienne capitale de la bière alsacienne, Schiltigheim. Son maire PS, frère du très médiatique gynécologue Israël Nisand, ne décolère pas contre ce nouvel ” impôt confiscatoire et injuste dans la mesure où il ne frappe que la bière”. Il soupçonne ses amis socialistes de ” vouloir tuer la poule aux œufs d’or avec leurs bêtises”. Quant au microcosme parisien, là où l’on attendait Philippe Delerm, ce sont deux comédiens socialos-bobos, François Berléand et Charles Berling qui sont montés au créneau. Dans une tribune au ‘Monde’, nos deux vaillants disciples de Gambrinus conjurent leurs amis socialistes de ne pas mettre en péril ”une joie simple et inoffensive:siroter un demi dans un bistrot (…)Nous sommes en droit de nous demander si nous n’allons pas bientôt connaître l’amertume de la dernière gorgée de bière.(..) Agissons avant qu’il ne soit trop tard”. Ils n’auraient donc plus assez de sous pour se payer un demi ! Ils vont nous faire pleurer… de rire, d’autant que dans la même tribune, ils s’inquiètent d’une éventuelle prochaine surtaxe du chocolat…
Mais bière qui mousse n’amasse plus les foules: il est loin le temps où la hausse du prix de la bière mobilisait les classes populaires. Cela se passait, il est vrai, au 19e siècle chez nos amis allemands en Bavière où la bière est un produit de première nécessité! En 1844, la mise en place d’une taxe augmentant le prix de la bière par Louis I de Bavière, avait provoqué une immense révolte dans la population ouvrière. Une révolte qui restera dans l’histoire comme “La Révolution de la Bière de Munich”, prémisse de la révolution de mars 1848 en Allemagne. Chez nous, cela se soldera par une tempête dans un verre de bière, tant que le champagne de la gauche caviar échappera aux nouvelles gabelles annoncées.

josé meidinger

Il ne suffit pas d’avoir la bière amère, on attend qu’il prenne la tête d’une révolte qui de l’autre côté du Rhin