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Communiqué de presse Strasbourg, le 6 juin…
Muharrem Koc 6 juin 17:11
Communiqué de presse
Strasbourg, le 6 juin 2013

Taksim n’est pas seul, Mine Günbay non plus !

C’est avec étonnement que l’ASTU a pris connaissance du communiqué de presse adressé au maire de Strasbourg en date du 5 juin signé par Saban Kiper ainsi que d’autres élus municipaux de différentes communes.

Il vise nommément Mine Günbay, femme politique de gauche, qui, à côté de ses engagements politiques, est également une militante de notre association.

Les signataires, engagés dans la vie politique française, refusent de se prononcer sur le fonds des événements d’une ampleur inégalée en Turquie.
En revanche, le texte défend le premier ministre, « homme de paix », et le parti de l’AKP. Il se réfugie derrière le fait que selon eux la grande majorité de la « communauté turque » locale ainsi que la majorité des associations turques soutiennent le gouvernement. Pas question pour les signataires, de prendre partie sur un événement turco-turc, qui par ailleurs est qualifié de ponctuel, il faut garder la cohésion sur le sol français.

Les auteurs du communiqué, s’expriment ainsi comme des élus de l’AKP en France et ne sont pas en mesure de concevoir une attitude politique autonome, ils utilisent leur implication locale comme un relais de l’AKP sans conviction, ni partage de valeurs. Mine Günbay est impliquée dans la vie politique par conviction et au nom de valeurs universelles qui sont loin de tout approche communautariste.

Pour les signataires, c’est l’attitude de Mine Günbay qui met en péril le vivre ensemble et à ce titre ils exigent des excuses.

Nous tenons à rappeler qu’il n’y a pas une communauté turque vivant en France mais que c’est la diversité qui caractérise les originaires de Turquie : diversité culturelle, ethnique, politique et religieuse.

Nous exprimons notre solidarité entière à Mine Günbay qui est lâchement visée dans ce communiqué. Nous saluons son engagement pour la démocratie et le droit à l’expression. A l’heure où le monde entier a les yeux rivés sur la Turquie, il est juste de manifester la solidarité partout dans le monde.

Nous tenons à dire aux auteurs de ce communiqué que la démocratie exige l’acceptation de points de vue différents. L’opportunisme ne permet pas de gagner en crédibilité. Le chantage aux voix non plus.

Dans ce sens, c’est avec fierté que nous manifesterons avec Mine Günbay lors des différents rendez-vous strasbourgeois en solidarité avec la formidable résistance qui est née il y a plus de 10 jours maintenant à Gezi Park Taksim et qui a fait tâche d’huile dans tout le pays.
Tout en affirmant notre solidarité avec Mine Günbay, nous soutenons les revendications du mouvement de Gezi Park de Taksim qui ne demande que la paix, la justice et la liberté d’expression !

La Présidente,
Christine Panzer
ASTU Action citoyennes interculturelles

Communiqué de presse Strasbourg, le 6 juin 2013
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DNA 7 juin 2013

STRASBOURG
Politique
La Turquie fait débat

La crise en Turquie met en lumière les dissensions et les divergences politiques au sein de la communauté turque strasbourgeoise. Et par ricochet, provoque un débat au Parti socialiste.

Samedi dernier, place de la République, parmi les nombreux manifestants qui brandissaient des pancartes contre le Premier ministre turc, se trouvaient une poignée de conseillers municipaux PS et Verts, dont la socialiste Mine Günbay, d’origine turque (DNA de dimanche). Elle a témoigné, concernant la situation turque, de « lois liberticides et de restriction de la parole ».

Ce qui a provoqué la colère d’un autre conseiller municipal socialiste, Saban Kiper, lui aussi d’origine turque, qui s’est fendu d’un communiqué cosigné par une demi-douzaine d’autres élus d’Alsace – et de plus loin – et disant faire part « du mécontentement de la très grande majorité de la communauté turque de Strasbourg ».
« Erdogan mériterait d’être nommé pour le Nobel de la paix »

Pour eux, la situation en Turquie s’est beaucoup améliorée ces dernières années. « Ce que dit Mine Günbay n’est pas juste et ce n’est pas son rôle, explique Saban Kiper. Elle est d’origine turque et elle importe le conflit en France ». Le communiqué affirme que le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan « mériterait d’être nommé pour le prix Nobel de la paix », pour ce qui concerne le dossier kurde. Rien de moins.

« Il y a des problématiques beaucoup plus importantes en France que la Turquie, déclare de son côté Soumiya Sihabi, jeune conseillère municipale socialiste de Strasbourg, cosignataire du communiqué et qui n’est pas, elle, d’origine turque. Et on ne peut pas manifester comme cela quand on a été proche d’une association comme l’ASTU, proche des Kurdes ; on ne peut avoir plusieurs étiquettes, il faut arrêter d’être hypocrite ».

« J’ai le devoir d’être mobilisée et de dénoncer la violation des libertés fondamentales partout dans le monde chaque fois que cela est nécessaire, se défend Mine Günbay dans un communiqué publié hier. Je combats et lutte contre toutes les formes de violences et notamment les violations des libertés individuelles et les violences policières ».

« La place des élus socialistes est dans ces manifestations », répond le premier secrétaire du PS67 Mathieu Cahn en soutien à sa collègue. D’ailleurs, les adjoints et conseillers municipaux socialistes se sont déplacés nombreux hier soir, place de la République, à l’occasion d’un nouveau rassemblement auquel ont assisté plus de trois cents personnes. Plusieurs adjoints dont le premier d’entre eux, Robert Herrmann, mais aussi le député PS Philippe Bies étaient venus dire que l’évolution de la situation turque ne leur convenait pas, ni les attaques dont fait l’objet leur collègue, autour de laquelle ils faisaient bloc.

Du côté des organisateurs, la jeune Dilara a son explication. « Il y a des islamistes conservateurs qui mettent la pression sur Mine Günbay ».

Dans un communiqué laconique, le maire de Strasbourg Roland Ries apporte son soutien à Mine Günbay : « Les analyses politiques sur la situation actuelle de la Turquie divergent, c’est la vertu de la démocratie que de permettre à chacun de s’exprimer librement. La pratique démocratique va avec le droit de manifester et de faire connaître son opinion librement, dès lors qu’il n’y a ni violence ni dégradation ».

Pour Mathieu Cahn, l’initiative de Saban Kiper relève d’un « communautarisme de bas étage, les masques tombent ».
Ligne de fracture

Ce n’est pas la première fois qu’une ligne de fracture centrée sur l’AKP, le parti d’Erdogan, apparaît au sein du PS local. En 2010 déjà, le débat avait surgi au sujet d’un projet de partenariat entre Strasbourg et une ville turque. Le choix de Kayseri, dirigée par une municipalité proche de l’AKP d’Erdogan et d’où est originaire une partie de la communauté turque strasbourgeoise, s’était attiré les critiques de Mine Günbay. Un an plus tard, c’est Saban Kiper qui s’en prenait au PS qui avait le tort, selon lui, d’annoncer une manifestation en faveur des Kurdes, dont il accusait les organisateurs « d’être proches d’un groupe terroriste ».

Un nouveau rassemblement est prévu ce soir à 19 h place Kléber avant la manifestation de samedi, à 13 h, qui partira de la place de la République. Sur les réseaux sociaux, les organisateurs, majoritairement de jeunes étudiantes issues de la communauté turque, demandent aux militants des partis politiques, associations et autres syndicats de ne pas brandir leurs drapeaux respectifs. Pour éviter toute forme de récupération ou de surenchère.
par Olivier Claudon, publiée le 07/06/2013 à 05:0