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Stigmatisation des Rroms : Manuel Valls ministre de la continuité.

Manuel Valls a déclaré mardi 24 septembre sur France Inter, à propos des Rroms, que “ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation” avec les populations locales.

De tels propos, qui stigmatisent toute une population jugée non-intégrable, sont généralement l’exclusivité de la droite extrême. Monsieur Valls vient donc de franchir un Rubicon idéologique. Il y a en effet un saut qualitatif entre une politique malthusienne en matière d’accueil des étrangers contre laquelle lutte le MRAP, et une théorisation ultra-droitière de l’incompatibilité des cultures.

Ne soyons pas dupes: ses propos avaient pour but de légitimer de prochaines reconduites à la frontière de citoyens européens roumains et bulgares.

Parler de mode de vie, c’est faire référence à une culture. A propos de la culture rrom, on peut parler d’une histoire, liée à celle de l’Europe depuis le 14ème siècle, d’une langue (la quasi totalité des Rroms sont, d’ailleurs, au moins bilingues), de talents, d’adaptation à différents pays…

Mais qu’est donc ce mode vie conflictuel des Rroms ? On comprend dans le contexte de l’émission qu’il est question des bidonvilles, dont les nuisances sont réelles, et surtout pour ceux qui y vivent. Le bidonville n’est pas une exclusivité rrom, il n’est pas inscrit dans les « gènes » de cette population. Avant les Rroms roumains et bulgares, des Portugais, des Algériens et d’autres ont, eux
aussi, vécu en bidonvilles et néanmoins réussi leur insertion dans la société française.

Il est aussi question de délinquance, présentée “en vrac” et sans preuves comme plus importante que dans d’autres groupes de population, incluant la mendicité instaurée en délit. Ce sont là les conséquences d’une situation créée de toutes pièces par les dénis de droit auxquelles sont confrontées ces personnes : restrictions de l’accès au travail, obstacles au logement, à l’école, à la santé …

Il est en effet facile de dire que des personnes ne souhaitent pas s’intégrer à la société française :

– quand on ne leur propose pas le moindre espace pour une insertion,

– quand une circulaire interministérielle qui devait apporter des solutions reste lettre morte,

– quand des diagnostics sociaux sont des mascarades,

– quand on chasse des personnes de leurs lieux de vie pour les contraindre à se réinstaller ailleurs, encore plus pauvres.

Les Rroms sont des citoyens européens et le problème ne vient pas de leur culture, mais du rejet qu’on leur oppose, nourri d’un racisme très ancien. S’il est vrai que la Roumanie et la Bulgarie doivent faire un effort pour lutter contre les discriminations et améliorer la vie de leurs citoyens, la France ne peut se prévaloir de ce fait pour ne pas respecter l’égalité des droits entre tous ceux qui vivent sur son territoire.

Manuel Valls est ministre de l’intérieur et il est nécessaire que le gouvernement, en tant que tel, ainsi que le président de la République, précisent la position de la France sur une question qui provoque un débat important, et même essentiel au niveau des valeurs, à la fois en France et en Europe.

Paris, 25-09-2013

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