manu-1-valls-lyceens172.preview

Heureusement, la jeunesse est là. En faisant irruption sur la scène médiatique jeudi dernier, le mouvement lycéen a redonné en quelques instants des couleurs à l’atmosphère politique et sociale. Pas de quoi crier victoire bien sûr, d’autant plus que Leonarda ou Khatchick ne sont toujours pas rentrés en France. Pourtant, quelque chose a changé…
Ce sursaut de dignité a déjà gagné par son insolence qui constitue un pied de nez magistral au climat ambiant nauséabond dans lequel l’ensemble de la société semblait s’enfoncer inéluctablement. Un mouvement lycéen sous « la gauche » n’arrive déjà pas si fréquemment, mais une mobilisation de cette nature contre la politique du gouvernement en matière d’ « intégration », c’est du jamais vu. Et c’est en premier lieu à Manuel Valls que nous devons ce registre inédit.

La rue reprend ses droits
Le ministre de l’Intérieur n’aura pas mis quelques semaines pour passer du discours aux travaux pratiques sur le « dossier » Roms. Mais une famille expulsée vers le Kosovo parmi tant d’autres sort de l’ombre car une des filles, Leonarda, absente le soir de l’expulsion des siens, se fait arrêter le lendemain dans la cadre d’une sortie scolaire. La petite goutte d’eau qui fait déborder le vase. L’émotion, la colère et chacun de découvrir d’autres « Leonarda ». À Paris, le cas du jeune Arménien Khatchik mobilise lui aussi ses camarades.
Et voilà des milliers de jeunes qui battent le pavé. Un pavé qui résonnait si peu ces derniers temps. Des milliers de visages, de voix, de slogans, de témoignages, qui tournent en boucle sur nos écrans, jusqu’alors réservés aux discours sécuritaires et autres reportages stigmatisants. Voilà au journal de 20 heure le droit à l’éducation pour tous, le droit d’asile, l’égalité des droits, et la démission de Valls réclamée par la rue… Autant de paroles subversives qui révèlent une fronde plus globale, celle d’une jeunesse qui ne met pas genoux à terre contre le racisme et qui conteste l’extrême-droitisation de la société. La plus belle réponse à l’air du temps.

Révoltant et inhumain
C’est l’amorce explosive d’une résistance qui reste à construire. Au mouvement ouvrier, aux organisations étudiantes, antiracistes, et à la gauche non gouvernementale de la consolider et de l’élargir au plus vite. Car le gouvernement ne désarme pas et s’enferre dorénavant dans un positionnement qui n’a rien à envier à Hortefeux ou Guéant. Après avoir transpiré quelques gouttes de sueur et de stress sous le soleil des Antilles, Valls est revenu, adoubé par Hollande.
Car, en ne proposant que le seul retour de Leonarda en France, Hollande a pris une position aussi révoltante qu’inhumaine. D’abord à l’encontre du droit international concernant le droit pour les migrants de vivre en famille. Mais il a aussi fait le choix de remettre en cause, cette fois ci officiellement, le droit à l’éducation pour tous les enfants scolarisés, avec ou sans papiers. Il ratifie et cautionne l’expulsion des frères et sœurs de Leonarda pourtant scolarisés en France eux aussi. Qu’y a-t-il d’humain à demander à Leonarda de choisir entre sa famille et ses camarades de classe ?

Valls dégage !
Valls pourra s’enorgueillir d’être conforté dans sa course poursuite indécente l’UMP, qui, elle, ne sait plus quoi inventer pour coller au FN. Et dire que certains médias ont soupçonné un temps le locataire de la place Beauvau de partir en croisade contre le FN. Information rapidement démenti par l’intéressé. Pour une fois, on veut bien le croire car ce type de croisade nécessite du cran et du courage. Dépourvu de ces deux qualités, Valls préfère s’en prendre en conscience à la communauté dont il sait par avance qu’elle sera la moins défendus parmi les moins défendue : la communauté Rom.
Ce ne sont pas les Roms qui bousillent la vie quotidienne de millions de personnes, mais de fortunés capitalistes qui siègent dans les conseils d’administration de grandes banques ou de profitables groupes industriels et prennent la décision de licencier des centaines de milliers de travailleurs comme des kleenex afin d’augmenter leur retour sur investissement et autres dividendes. Ceux là sont bichonnés par le pouvoir… Les Roms, eux, harcelés et pointés du doigt. Cherchez l’erreur !
Composé de toutes celles et ceux qui s’entêtent à y rester, ce gouvernement est désormais frappé du sceau de la honte. Les lycéens nous montrent la marche à suivre. C’est bien Valls et sa politique qu’il faut virer !

Olivier Besancenot

http://www.npa2009.org/node/39248