La société civile ouvre une porte à une autre politique migratoire du Parlement Européen

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Plusieurs délégués alsaciens ayant participé avec leur association, au Forum social Mondial de Tunis qui a réuni plus de 40000 personnes en mars dernier, ont été marqués par le débat sur les migrations internationales et en particulier par la présentation par le « Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux » d’une liste de 17 306 personnes mortes en essayant d’entrer en Europe. Dans le cadre de la Semaine de la Solidarité Internationale à Strasbourg, ces délégués ont voulu reprendre cette idée en proposant à d’autres associations de s’unir pour réaliser ensemble une grande chaine humaine qui porterait cette même liste sur une banderole de 100m de long allant de la Cour Européenne des Droits de l’Homme jusqu’au Parlement Européen. Plus d’une vingtaine d’associations ont participé à cette action en réunissant presque 500 personnes (dont une douzaine de députés européens et quelques élus locaux) qui ont tenté symboliquement de faire entrer ces Droits de l’Homme à l’intérieur du Parlement mercredi 20 novembre 2013. Ils ont réussi à entrer avec la banderole dans l’enceinte pour y proclamer leur indignation et leur volonté de faire pression sur le Parlement pour une autre politique migratoire, plus respectueuse des Droits humains. Ce message a été relayé par l’intervention de 3 députés européens : Marie Christine Vergiat, Cornelia Ernst et José Bové.

Au moment du bilan, le collectif des associations a estimé que cette action a été un vrai succès à 2 niveaux : la sensibilisation et la mobilisation importante des citoyens strasbourgeois malgré le froid et l’ouverture d’un dialogue constructif avec plusieurs députés européens dont le vice-président du Parlement Européen, qui préside la Commission LIBE (des Libertés civiles, de la Justice et des affaires intérieures, en charge des migrations), Juan Fernando Lopez Aguilar.

Si les associations ont eu à cœur d’abord de sensibiliser le maximum de strasbourgeois en emmenant la liste devant la Faculté de Droit, puis sur la Place Kléber, elles ont reçu un accueil très positif et même un réel intérêt et soutien de la part de la grande majorité de personnes rencontrées, surtout des jeunes. Chacun s’est vu offrir le marque-page de la journée rappelant l’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien et de revenir dans son pays ». Cette action de sensibilisation, forte et symbolique a suscité l’intérêt pour des actions similaires autour de cette banderole par exemple à Sélestat, Mulhouse et même en Angleterre et en Belgique.

Une conférence de presse à l’intérieur du Parlement européen a permis à Vanessa Viera Giraldo (TEJE) et Pierre Greib (Cimade), représentants du collectif avec les députés européens Marie Christine Vergiat, Jürgen Klute et Cornelia Ernst, de dénoncer la politique migratoire de l’Union Européenne qu’ils ont qualifié d’inhumaine et en violation du droit international et de proposer des changements : « Comme premières mesures, nous demandons l’amélioration du sauvetage en mer, le remplacement des centres de rétention par des centres d’accompagnement et d’accueil aux migrants tout au long des frontières méditerranéennes et la création d’un cadre légal européen qui facilite l’accès et le séjour à l’UE » affirme Cornelia Ernst.

De nombreux journalistes français et étrangers ont relayé l’action de cette chaine humaine dans différents pays du monde.

La délégation du collectif composée de Monique Pfaff (Cimade), Viviana Viera (TEJE), Hatem Gheribi (Les voix libres) et Bernard Klingelschmidt (CCFD Terre solidaire) a été reçue, par Juan Fernando Lopez Aguilar. Il a exprimé son soutien à la société civile qui pour lui, est une aide indispensable aux députés européens. Il a souligné le fait que si certains députés partagent les mêmes valeurs, ils ne sont pas aujourd’hui assez nombreux pour traduire en actes une autre politique migratoire basée davantage sur le respect des droits fondamentaux. Il a proposé au collectif de participer prochainement à une audition organisée par la Commission LIBE, pour lui permettre d’expliciter ses 2 propositions principales : une autre politique migratoire plus transparente et respectueuse des Droits de l’Homme en particulier concernant l’agence Frontex et la ratification par les pays européens de la « Convention des Nations unies pour la protection des droits des travailleurs migrants et de leurs familles ».

Un double espoir donc pour que cette action symbolique ne s’arrête pas là mais se poursuive à la fois dans la sensibilisation des citoyens qui se préparent aux prochaines élections européennes et dans le suivi d’un dialogue qui a été ouvert entre des membres du Parlement européen et le collectif des associations organisatrices de cette grande Chaine humaine.

Les 13 organisations membres du collectif SOLIDARITE INTERNATIONALE sont : AMSED, ATMF(Association de Travailleurs maghrébins de France), CARES (coordination des résidents étrangers de Strasbourg) , CCFD-Terre solidaire, CIMADE, COLECOSOL, , ISF(Ingénieurs sans frontières), MRAP, OXFAM, Pastorale des Migrants, TEJE, UDEES (Union des étudiants étrangers de Strasbourg ) , Les Voix libres .

Les 8 autres associations qui ont soutenu l’action : Artisans du Monde, Amnesty International, ASTU, Calima, Collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine, Justice et Libertés, Survie, Union nationale des Sans papiers .