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Nelson Mandela est mort.
Comme tous les progressistes à travers le monde nous pleurons sa disparition.
Son combat implacable contre le régime colonial et raciste a irrigué notre réflexion.
C’est avec la tranquillité que son exemple nous inspire que nous nous permettons, aujourd’hui, de rappeler quelques points qui nous semblent être souvent absents du concert d’éloges qui marque sa disparition.

Pour mémoire : l’apartheid, en tant que régime où la séparation est instituée officiellement dans des textes législatifs d’un Etat, est érigé en République Sud-Africaine (RSA) en 1948.
A la même date, l’Etat d’Israël voit le jour, à partir de la partition injuste de la Palestine votée par l’ONU, sur les bases politiques du sionisme qui, rappelons-le, est lui aussi une idéologie colonialiste européenne qui s’est construite sur les mêmes fondements, dans la même période historique qui marque les conquêtes coloniales européennes à travers le monde.
Contrairement au régime établi en RSA, Israël ne peut pas se permettre, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale qui s’est illustrée par la destruction de six millions de Juifs européens, d’inscrire officiellement dans ses textes législatifs des concepts racistes aussi flagrants.
Et pourtant ! Toute la construction de la politique – juridique et législative – de l’Etat israélien comme Etat juif conduit aujourd’hui inéluctablement aux mêmes principes de séparation « hafrada » que ceux employés en Afrique du Sud…
La colonisation, l’occupation, la répression du peuple palestinien dans les Territoires Occupés, comme en Israël aujourd’hui, visent au maintien absolu d’un Etat juif et non d’un Etat de tous ses citoyens, et reposent sur un seul et même principe politique : l’apartheid.
Or, et sans attendre la chute du régime sud-africain, dès 1973, les Nations Unies adoptent la Convention internationale pour l’élimination et la répression du crime d’apartheid. De nombreux textes internationaux suivront qui, tous, érigent l’apartheid comme crime contre l’humanité, et comme un crime contre la paix mondiale.

La troisième Session du Tribunal Russell sur la Palestine au Cap en novembre 2011 a démonté avec précision tous les rouages de cette politique et l’a explicitement définie comme politique d’apartheid. Ce Tribunal a ainsi mis en lumière la pertinence de l’Appel de la société civile palestinienne de juillet 2005 à la société civile internationale à mettre en place et à appliquer une campagne pacifique et non violente de Boycott, Désinvestissement et Sanctions – BDS – tant que l’Etat d’Israël ne respectera pas le droit international et ne permettra pas au peuple palestinien d’exercer ses droits imprescriptibles.

Nous sommes aux côtés de nos camarades palestiniens en lutte et de nos camarades anticolonialistes israéliens, en co-Résistance selon le concept d’Omar Barghouti. Ils nous donnent la force de nous exprimer, de lutter avec eux, avec toutes les forces progressistes- en France et dans le monde- pour abattre, comme ce fût le cas en 1990 pour l’apartheid en RSA, cet apartheid qui ne dit pas son nom, et arracher le masque de cet Etat qui se prétend être une démocratie alors qu’il ne l’est que pour ses citoyens juifs.

Enfin, nous gardons en mémoire le soutien des Etats occidentaux vis à vis du régime sud- africain et qu’ils n’ont lâché que sous la pression de la société civile internationale et de la campagne de boycott menée contre ce régime. L’Etat d’Israël, lui, demeurera un soutien indéfectible de l’apartheid jusqu’à sa chute.

Nelson Mandela a incarné le combat long et douloureux des Noirs sud-africains (avec la participation de nombreux Sud-Africains blancs dont nombre de Juifs) pour l’égalité. Son œuvre s’est poursuivie avec le travail de la Commission Vérité et Réconciliation parce qu’il voulait construire une seule Afrique du Sud, une seule patrie pour tous ses citoyens noirs et blancs.

Nous sommes aux côtés du peuple sud-africain dans la poursuite de son combat pour l’égalité réelle.
Notre reconnaissance à la mémoire de Madiba est infinie.

Comme Marwan Barghouti nous disons :

« L’apartheid est tombé en Afrique du Sud, il tombera en Palestine ».

Le Bureau National de l’UJFP, 9 décembre 2013