via campesina agadir

Déclaration d’Agadir
Agadir, 15 mars 2014

http://viacampesina.org/fr/index.php/les-grands-ths-mainmenu-27/rrme-agraire-mainmenu-36/917-declaration-d-agadir

Nous, Organisations syndicales et mouvements paysans et mouvements
sociaux :
– La Fédération Nationale du Secteur Agricole FNSA/UMT /MAROC,
– Le Syndicat National des Marins pêcheurs, de la pêche côtière et
hautière SNMPCM/MAROC,
– La Confédération Paysanne Française,
– L’Union des Comités du Travail Agricole Palestinien (UAWC),
– Le Conseil Nationale Sénégalais de Concertation et de Coopération des
Ruraux (CNCR),
– ATTAC/CADTM Maroc,
– L’Association Million des Femmes Rurales et l’Association Lutte de
Terre Tunisiennes
Réunis, dans le cadre du Mouvement paysan International VIA CAMPESINA à
Agadir les 13, 14 et 15 Mars 2014 sous le slogan : « Pour la terre et la
souveraineté de nos peuples ! Dans la solidarité et dans la lutte ! »

Après avoir discuté du contexte local, régional et international, marqué
par:

Premièrement, l’accentuation de la crise capitaliste multidimensionnelle
(crise alimentaire, environnementale, énergétique, financière,
économique, institutionnelle, d’endettement et de migration), et les
tentatives des gouvernements à faire supporter aux travailleurs et
travailleuses de la Terre et de la Mer (paysans pauvres, ouvriers et
ouvrières agricoles, marins pêcheurs démunis) et à toutes les catégories
populaires le coût de cette crise. Les politiques d’austérité misent en
œuvre généralisent le chômage, la pauvreté, la précarité et la
persécution des immigrés. Ceci à un moment où les dépenses d’armement
ont augmenté, ainsi que les guerres impérialistes menées dans le cadre
de la concurrence pour le partage des sphères d’influence, et
l’accaparement des richesses, sous le couvert de la légitimité
internationale.

Deuxièmement, la montée des résistances populaires et les grèves des
travailleurs et travailleuses de la Terre et de la Mer dans de nombreux
pays, contre les répercussions de cette crise, et le déclenchement du
processus révolutionnaire dans la région arabe et maghrébine en
conséquence des décennies d’appauvrissement, de tyrannie, de domination
impérialiste, et d’agression sioniste.

Après avoir mis l’accent, en particulier, sur la crise alimentaire liée
aux spéculations capitalistes mondiales sur les produits agricoles, et
l’encouragement de l’industrie des agro-carburants sous la pression des
grandes sociétés de l’agrobusiness qui mènent une course pour
l’acquisition des terres agricoles, notamment dans les pays du Sud.

Cette crise alimentaire a touché directement les peuples des pays du sud
dépendants, en raison des politiques imposées par les institutions
économiques mondiales, et le poids de la dette. Ce qui a été mis en
évidence par les soulèvements et mobilisations populaires contre la
hausse des prix des aliments qui ont éclaté en 2007 et qui persistent.

Après avoir étudié les conséquences des accords de libre échange qui
contribuent au démantèlement de la production agricole paysanne partout
dans le Monde et particulièrement dans les pays du sud, en inondant le
marché par des produits agricoles subventionnés, et en imposant un
modèle d’agriculture d’exportation qui épuise les ressources et pollue
la nature.

Nous déclarons continuer à travailler ensemble pour:

Faire face :

– Aux choix néo-libéraux imposés par les institutions économiques
internationales, et les gouvernements des pays impérialistes pour
garantir les intérêts des multinationales et faire supporter le fardeau
de la crise du capitalisme mondial aux classes populaires et
travailleurs et travailleuses de la terre et de la mer.

– Aux nouvelles stratégies néo-coloniales et aux guerres impérialistes
qui empêchent la paix dans le Monde, et qui bafouent le droit des
peuples à l’autodétermination politique, économique, sociale, et
culturelle.

– Au système capitaliste patriarcal qui génère les discriminations et
les violences à l’égard des femmes.

– Au pillage capitaliste des ressources naturelles terrestres et
maritimes, ce qui aggrave le phénomène de la famine qui sévit dans de
nombreuses régions pauvres de la planète.

– Au modèle de l’agriculture industrielle et d’exportation qui aggrave
la crise climatique, qui détruit l’agriculture paysanne, les liens
solidaires dans le monde rural, et épuise l’eau, endommage la terre, et
pollue la nature.

– A la politique d’accaparement des terres agricoles par les
multinationales et les entreprises locales mandataires, et à l’expulsion
des petits paysans de leurs terres, la destruction des semences locales,
de la biodiversité végétale et animale et du patrimoine génétique
ancestral ;

Nous déclarons renforcer les solidarités locales, nationales et
internationales:

– Pour une réforme agraire intégrale basée sur la distribution
équitable de l’eau, des terres et des politiques agricoles qui assurent
tous les moyens de production, garantissent la souveraineté alimentaire
et respectent l’environnement.

– Avec les luttes des paysans pauvres pour la défense de leurs terres
et de leurs eaux contre les multinationales, des ouvrières et des
ouvriers agricoles pour l’égalité des salaires, le droit à
l’organisation syndicale, aux négociations collectives et à
l’amélioration des conditions de travail, des marins pêcheurs contre la
mainmise des grandes entreprises capitalistes.

– Avec les résistances des femmes contre l’oppression capitaliste et la
domination patriarcale. Pour la garantie de leur dignité et de leurs
droits à l’égalité pleine et effective.

– Avec les luttes des peuples pour leur souveraineté, et contre les
plans coloniaux, notamment en Afrique.

– Avec la résistance du peuple palestinien contre l’occupation sioniste.

Les organisations signataires de cette déclaration soutiennent les
luttes des travailleurs et travailleuses de la Terre et de la Mer au
Maroc. Elles revendiquent ainsi à l’Etat marocain le respect des Droits
Humains, la libération des prisonniers politiques; la ratification des
conventions et accords internationaux relatifs à la garantie des droits
et des libertés individuelles et collectives.

Elles appellent également à l’instauration des négociations collectives
avec les organisations syndicales, à mettre fin aux entraves mises au
droit syndical, et à garantir les droits des migrants sub-sahariens,
tout en mettant un terme aux campagnes de racisme menées contre eux.

Les participantes et participants expriment leur soutien aux luttes des
peuples pour la libération, la liberté, la dignité, la justice sociale
et l’égalité. Et pour un monde dans lequel règne la solidarité entre les
peuples, et où disparaît l’exploitation de l’Homme par l’Homme.