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Al Araqib, il y a 48heures : Israël a placardé 8 ordres d’expulsions sur les seules structures encore debout, celles du cimetière, un 9e a été directement remis au Sheikh Sayah Al Turi (le père d’Aziz qui est venu il y a un mois en France).
Certains de ces ordres d’expulsion qui doit être effectuée « de façon souple » du 12 juin au 12 juillet, sont destinés à des habitants décédés et enterrés dans le cimetière depuis longtemps ainsi qu’à des personnes qui ne résident plus au village.

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Le Sheikh Sayah Al Turi montrant son ordre d’expulsion.

En dépit de 63 destructions depuis 2010 les habitants du village continuent à résister. 7-8 familles vivent en permanence dans le cimetière où ont été improvisés une mosquée avec son minaret et un centre d’animation et de rencontre (installé sur un camion). Il bénéficie même d’un « éclairage public » alimenté par des panneaux solaires grâce à la solidarité bédouine. Ce cimetière était encore le seul endroit respecté par les autorités mais récemment divers fonctionnaires y sont entrés et y ont pris des photos.

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Ce dernier acte est un tournant dans les différentes actions de l’Etat. Son application risque de déclencher des réactions violentes dépassant les limites du seul village d’al Araqib et pouvant se propager à tout le Néguev.

Al Araqib, un petit village bédouin d’environ 350 habitants a été entièrement rasé fin juillet 2010. La police a détruit non seulement ses coquètes habitations, les poulaillers et les granges mais aussi les cultures et les alimentations en eau. Les habitants n’ont jamais abandonné leur lutte pacifique, reconstruisant à chaque fois malgré le comportement brutal de la police, les nombreux blessés et les arrestations. En outre la police réclame aux familles près de 4 millions d’euros en « paiement » des dépenses engagées pour les démolitions !

Le Sheikh Sayah Al-Turi qui a principalement dirigé cette résistance a été arrêté et emprisonné de nombreuses fois, il est poursuivi par l’Etat d’Israël pour 20 chefs d’accusations différents et lui et sa famille ont eu à subir des ordres d’éloignement du village.

La résistance obstinée d’al Araqib est bien plus qu’un symbole: c’est sans doute elle qui a dissuadé les autorités israéliennes de se comporter de la même façon dans le cas des autres villages Bédouins menacés de démolition.

La réaction de Sheikh Sayah Al-Turi s’est faite sous forme d’un appel aux Juifs israéliens* : “A tous les Juifs qui croient dans l’égalité et qu’il est possible aux Arabes et aux Juifs de vivre ensemble, mobilisez-vous pour défendre la vérité et la justice et pour vous dresser pour défendre chaque maison bédouine que ce gouvernement raciste veut démolir. L’Etat nous dit : vous n’avez pas votre place dans le Néguev, vous n’avez pas votre place en Israël. Une telle attitude est terriblement grave pour les Bédouins et une grand perte pour les Juifs. Tant que l’Etat ne reconnaitra pas les droits des Bédouins sur leurs terres, il ne pourra pas y avoir dans la région ni égalité, ni justice et ni paix”.

Ces ordres d’expulsion sont sujet à de nombreuses contestations juridiques que le Dukium compte bien explorer pour en empêcher l’exécution. Un des points est le fait que la reconnaissance des droits de propriété d’al Araqib est toujours en cours de jugement.

(*) Rappel: les Bédouins sont des citoyens israéliens et Israël se présente comme « la seule démocratie du Proche-Orient ».