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TURQUIE: NOUVEAUX HEURTS APRÈS LE DÉCÈS DE DEUX MANIFESTANTS KURDES

Dimanche 8 juin 2014 à 19h13
Lice (Turquie), 8 juin 2014 (AFP) — Des heurts entre la police et des manifestants ont éclaté dimanche dans le sud-est de la Turquie, au lendemain du décès de deux protestataires kurdes.

La police a tiré des gaz lacrymogènes et fait usage de canons à eau contre les manifestants qui ont lancé des pierres et mis le feu à des barricades lors des funérailles de l’une des deux victimes décédées à Lice, dans la province à majorité kurde de Diyarbakir, a rapporté un journaliste de l’AFP présent sur place.
Samedi, deux manifestants kurdes âgés de 24 et 50 ans sont morts des suites de leurs blessures par balle, à la suite de violents affrontements entre des soldats turcs et des Kurdes qui protestaient contre le projet du gouvernement de construire de nouveaux postes militaires à Lice.
“Guerre, guerre, guerre ! Non à la paix!”, scandaient les milliers de personnes qui assistaient aux obsèques, parmi lesquelles figuraient des avocats, qui défilaient derrière une pancarte sur laquelle on pouvait lire “Vengeance”.
De brèves échauffourées ont aussi éclaté entre la police et des opposants kurdes à Bagcilar, un quartier ouvrier d’Istanbul, ainsi qu’à Hakkari, une autre ville du sud-est peuplée majoritairement de Kurdes.
L’armée turque a indiqué dans un communiqué publié dimanche que les affrontements de la veille s’étaient produits après que les forces de l’ordre eurent été attaquées avec des tirs à balles réelles, des grenades artisanales et des cocktails Molotov, qui ont fait un blessé du côté des militaires. Selon l’armée, l’un des deux tués était un “militant”.
Les services du gouverneur de Diyarbakir ont également indiqué que les violences étaient le résultat d’une “attaque armée contre les forces de l’ordre qui assurent la sécurité sur la route de Diyarbakir-Bingol”.
Des témoins ont indiqué à l’AFP que les soldats aussi avaient tiré à balles réelles durant les affrontements.
La tension a monté à Lice depuis que les protestataires ont bloqué une route il y a deux semaines dans la zone de construction de nouveaux postes militaires dans cette région à majorité kurde.
Les discussions entre le gouvernement et le chef du PKK Abdullah Öcalan, qui purge une peine de prison à vie dans le nord-ouest de la Turquie, sont bloquées depuis des mois.
Le mouvement rebelle a décrété un cessez-le-feu unilatéral en mars 2013 et ordonné deux mois plus tard un retrait de ses combattants vers leurs bases du nord de l’Irak. Mais il a suspendu ce retrait en septembre 2013, reprochant au gouvernement de ne pas avoir tenu ses promesses d’accorder de nouveaux droits à la minorité kurde.
Le conflit entre les forces gouvernementales turques et les rebelles du PKK a fait plus de 45.000 morts depuis 1984.