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Fait symptomatique de la politique austéritaire à l’oeuvre, les professions libérales réglementées de santé (pharmaciens, dentistes, labos…) et d’autres branches (huissiers, architectes…) étaient dans la rue ce mardi contre le projet de réforme du gouvernement, dont 3 000 manifestants-grévistes à Strasbourg.

Comme en Grèce et en Espagne, des professionnels dont l’emploi n’avait jamais été menacé sont -pour la première fois de leur vie pour certains- descendus dans la rue crier leur colère comme ce fut le cas de leur collègues grecs et espagnols touchés les premiers par la politique libérale de crise.

Professions peu habituées des manifestations de lutte de classes et bien souvent classées conservatrices ou réformistes de droite, c’est pourtant bien pour aller contre la marchandisation de la santé, le libéralisme et les emplois menacés que les slogans étaient scandés : « la santé n’est pas à vendre », « nos patients ne sont pas des clients », ou encore « non à la financiarisation de la biologie ».

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Diaporamas complets:

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Le rassemblement, massif, de 3000 personnes au moins, grossissait à vue d’œil. Lassés de rester sur place, certains ont pris l’initiative de marcher autour de la place ou en travers. Il y avait tant de monde que plusieurs cortèges circulaient en même temps et se croisaient.

Puis quelques uns-unes se sont allongé(e)s, suivi(e)s par de plus en plus de blouses blanches.

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Mais ça n’a pas suffit à épuiser la combativité. Certains ont pris la direction de la rue des Grandes-Arcades, puis rue des Hallebardes, rue du Dôme, suivis par tout le rassemblement.

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Les responsables policiers commençaient à s’inquiéter. Ils faisaient chauffer leurs portables. Il faut dire qu’ils n’avaient pas prévu que des professions libérales s’enragent ainsi. Et le service d’ordre policier n’avait rien à voir avec celui affecté aux manifestations ouvrières ou de solidarité avec Gaza. Pas de BAC ni de Robocops en vue.

Arrivés place Broglie, plus de doute, le cortège se dirigeait vers la préfecture, non sans quelque hésitation, vite dépassée. En tête pas une banderole, et de microscopiques “mégaphones”.

A la hauteur de l’Opéra, le cortège a ignoré superbement le petit barrage policier gardant l’Hôtel du préfet, pour se diriger vers la place de la République et la préfecture gardée par seulement une vingtaine d’hommes en bleu, pas rassurés.

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Comment démobiliser un mouvement…

Les premiers rangs à peine devant le bâtiment, occupant les rails du tram, s’asseyent sur l’herbe et le goudron. Ouf, se disent les flics. A ce moment on voit un ponte qui se révéla être le Président du syndicat des pharmaciens du Bas-Rhin qui, une fois muni d’un minuscule haut-parleur, s’adresse aux manifestants:

Et là, on entend un père réprimander ses enfants! Sur le thème “C’est pas bien d’avoir quitté la place Kléber. Vous manifestez sans que la manifestation soit déclarée, c’est illégal, vous auriez pu casser des choses, et du coup, à cause de vous, le préfet ne nous recevra pas!” On croit rêver! D’ailleurs, il se fait d’abord copieusement huer, avant de rétablir la situation en parlant de continuer la lutte… en janvier au moment du vote à l’Assemblée! (Le coup classique qui consiste à casser un mouvement tout en ayant l’air de motiver les troupes pour une prochaine fois ! Stratégie dont nous sommes témoins à chaque rassemblement ces temps-ci…)

La démagogie opérant, il est arrivé finalement à convaincre les manifestants de repartir vers le centre-ville. Beaucoup nous faisant part de leur dépit face à ce discours « nul ».

Et puis, le chef syndicaliste va s’entretenir avec ses nouveaux amis chefs de la police qui le félicitent pour ses loyaux services et sa stratégie efficace…

Encore un qui devrait craindre pour sa réélection et, en tout cas, à qui ses électeurs devraient demander des comptes !

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Alain BOETSCH, Président du Syndicat des pharmaciens du Bas-Rhin

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