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Les mesures préconisées par le président du département du Haut-Rhin
sont d’autant plus choquantes qu’elles concernent une population au
RSA, précarisée, parfois humiliée et souvent aux abois aux plans
social, affectif et psychologique.

Les conditions de la précarité s’imposent aux « bénéficiaires » : ce
n’est pas un choix ni une faute morale.

Nous ne sommes plus au Moyen-Age où les maladies mentales ( et
dermatologiques) et la pauvreté étaient considérées comme des
punitions divines.

La précarité entraine le plus souvent des répercussions relationnelles
au sein de la famille, du couple et de la société.

Mais cela peut être aussi l’occasion de s’investir « bénévolement »
dans ces cadres intimes et domestiques pour éviter la dégradation des
relations à la condition que la société décide de ne pas entacher la
dignité et l’honneur de nos concitoyens.

Stigmatiser ces populations, c’est prendre le risque de les
culpabiliser et de les décourager et d’augmenter les morbidités
psychiatrique et psychosomatique.

Avec une augmentation de la consommation des psychotropes et des
recours aux filières médico-sociales.

Les bénéficiaires du RSA ne sont pas responsables du chômage et ne
doivent pas pâtir de la « destruction » des emplois.

C’est la société et le département qui doivent fournir l’emploi et à
défaut indemniser « dignement » tous ceux qui seraient en défaut
d’emploi.

Vous avez déjà essayé de vivre avec le RSA ?

Certes, chacun connaît autour de lui « ces quelques bénéficiaires qui
se la coulent douce et vivent sans vergogne au crochet de la société
».

Mais cette minorité ne doit pas imposer un jugement négatif sur toute
« la corporation ».

Avec le RSA, pas d’accès aux loisirs, ni à la culture ni aux loisirs.

Pas ou peu de cadeaux et de surprises pour les enfants.

Nous ne sommes pas loin du Danemark qui vient de légaliser la saisie
de l’argent et des objets de valeur des demandeurs d’asile.

Quand on ne stigmatise pas les immigrés et les réfugiés, à leur place
ce sont les bénéficiaires des allocations chômage et de l’aide sociale
(comme dans le Bas-Rhin) qui servent de cibles dans le « rôle de
saboteurs de la course au sac qu’est la société compétitive. Seules
des punitions économiques sévères pouvaient motiver les perdants à
réagir, englués qu’ils sont dans une paresse sourde ».

(Carsten Jensen-Libération du 11 février).

Pourquoi ne pas proposer que Mrs Straumann et Bierry payent sur leurs
deniers le surcoût médico-social des propositions qu’il font à
l’emporte-pièce, accroissant l’humiliation et l’incompréhension des «
damnés de la terre et de la mer » …et de leurs soutiens fraternels ?

Nous savons pourtant bien, nous travailleurs sociaux et soignants ,
que les personnes en situation de grande pauvreté « sont, plus que
toutes autres, privées d’alternative, et qu’elles auront à affronter,
au sein même de la relation médicale, des obstacles multiples : manque
de ressources, difficultés d’accès aux droits, décalage entre la
précarité quotidienne et les exigences du suivi médical. L’extrême
pauvreté dévalue le temps : les journées ne sont plus scandées ni par
le travail, ni par l’activité, et chacun doit réinventer une vie
adaptée aux circonstances, alors même que les soutiens familiaux ou
amicaux sont très érodés. Cette création concentre toutes les forces
de l’intéressé. Refuser de voir au-delà de la journée qui vous attend,
c’est quelquefois nécessaire au maintien de la cohésion de sa
personne. Inversement, faire perdurer un statut précaire, faute
d’espérer un processus, une évolution, peut également avoir un effet
protecteur. Dans les deux cas, le temps est immobile. Consulter, c’est
rentrer dans un temps en mouvement, mais c’est aussi rendre les armes
et renoncer à ordonner une vie qui, aussi précaire soit-elle, est, à
cet instant-là, sa propre vie. Les personnes en situation de grande
pauvreté ont donc, plus que d’autres, en raison des conditions
d’asservissement qu’elles subissent, des raisons de s’efforcer de
conserver l’initiative de consulter, et l’exercice étroit de leur
libre arbitre. Pour le soignant, cet instant se situe presque toujours
dans un temps très spécifique à cette population : ces personnes
consultent presque toujours après ne pas avoir été soignées. En aval
du non-soin, le médecin se trouve donc, d’office, lui aussi asservi.
Là où il doit habituellement s’employer à construire une relation de
confiance dans la durée, avec ses aléas, ses ralentissements, ses
interruptions et son caractère imprévisible, le même praticien se
trouve sommé de gérer un temps utile, un temps où chaque geste, chaque
élément, chaque démarche, doit contribuer à rapprocher le patient du
système de soins, dont il se trouve éloigné. »

( Maryse Esterle-Hedibel, 1998, citée dans le livre à paraître Le
Divan du Monde).

On a bien sauvé les banques en 2008 en faisant croire en plus que la
crise était due aux dépenses publiques excessives et non pas à
l’irresponsabilité (et à l’indifférence glacée de « détruire ») des
marchés financiers !!!

Georges Yoram Federmann

Le 14 février 2016

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