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Une salle comble et une tribune de choix, ce 16 novembre à Mulhouse, pour soutenir Christophe et Mathieu Relin, licencié par la SNCF pour le premier, et menacé de l’être pour le second, suite à leur participation à une manifestation contre la loi travail au printemps dernier. Prétexte grossier, avancé par l’entreprise de transport pour se débarrasser d’un syndicaliste encombrant dans le cas de Mathieu. L’ hécatombe répressive continue…

Tour à tour, les intervenants de la tribune, tous syndicalistes SUD et CGT de premier plan et à la pointe des luttes dans les secteurs les plus impactés, ont décrit finement les stratégies répressives mises en œuvre pour faire taire et disparaître toute contestation et dont les cibles sont aussi bien des syndicalistes, des militants politiques que des habitants des quartiers populaires. Peu à peu, chacun a su analyser l’état des forces en présence et identifier précisément ceux qui, pour défendre jusqu’à la folie l’absurdité d’un système-monde, sont prêts à toutes les violences (sociale, physique, psychologique…) et les machiavélismes. Les fossoyeurs de nos droits et de nos libertés ont été cités sans retenue, de l’exécutif aux chiens de garde à matraque en passant par tous les traitres, vendus et collabos bien connus. Michaël Wamen a aussi reconnu amèrement et sans plus aucune illusion, les “retenues” patentes au sein même des responsables de son propre syndicat (CGT) qui s’isolent de plus en plus de la base. Comment expliquer que la CGT cheminots ne soit pas venue en masse à la soirée de soutien à deux camarades du rail réprimés ? Il nous a été alors expliqué que les jours précédents cette soirée de solidarité, il avait été demandé aux syndicalistes de la CGT 68 de ne pas s’y rendre au prétexte fallacieux que cette solidarité allait porter préjudice aux licenciés ! Ainsi qu’il nous avait été rapporté, il y a peu, que la tête de la CGT 67 n’avait pas souhaité le rassemblement de soutien aux 6 de Haguenau (le 9 novembre dernier) au prétexte de ne pas faire de vague malgré une demande unanime de la base, et que les inculpés avaient dû aller déposer eux-mêmes le parcours de leur propre manifestation de soutien en préfecture !

Les résistants sont de plus en plus exposés, livrés à eux-mêmes, en danger même pour certains, et seule une solidarité indéfectible peut les protéger.

Les camps se clarifient, les traitres se distinguent aujourd’hui plus que jamais dans leur rôle de chien de garde du patronat et du gouvernement lesquels n’ont plus aucun scrupule (en ont-ils jamais eu ?) à nous envoyer tous dans le mur quitte à réemployer les méthodes les plus sordides et mortifères de notre histoire…

Le pire peut encore être évité si nous arrêtons de suivre aveuglément les consignes des directions qui ne nous défendent pas, de faire dépendre nos actions de l’agenda électoral, de croire que les gouvernants et leurs alliés de toute sorte nous veulent du bien, et que ce système puisse quoi que ce soit pour nous.

Il faut au contraire faire bloc, se rencontrer, se reconnaître, se lier, s’organiser, reprendre la rue et reprendre tout ce qui fait la qualité de nos vies en main.

Tels étaient les grands enseignements des témoignages de cette soirée.

Durga-L.O

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Mathieu Relin (SUD-Rail, Mulhouse), menacé de licenciement qui avait évoqué son cas dans une précédente interview (https://www.youtube.com/watch?v=dMbWzq724B0)

Mathieu Relin : “C’est l’affaire de tous les citoyens de défendre ceux qui les défendent toute l’année”

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Vincent Duse (CGT, Peugeot Mulhouse)

Extraits de l’intervention de Vincent Duse: “Ces poursuites, condamnations et sanctions sont, par leur ampleur et leur sévérité, une première sous la Vème République. Pourtant ces militants ouvriers et ces manifestants ne faisaient que défendre leurs emplois et le Code du travail, en réalité, leurs droits. Au delà des condamnations, c’est un autre type de droit, de société que veut ouvrir la loi travail car cette loi n’est pas qu’une réforme de plus, c’est un véritable changement de société (…) les patrons pourront faire exactement ce qu’ils veulent.”

“Pour les mois à venir et d’ici fin 2017, il s’annonce une suppression de plus de 200 000 emplois : 22 000 dans les hôpitaux, 7 000 à la SNCF, 7 000 à la Poste, des dizaines de milliers chez les territoriaux, 30 000 dans l’aide sociale, et des milliers dans le privé. Alors les sanctions contre des centaines de militants ne sont qu’un début, un avertissement, et l’outil du patronat pour tenter d’empêcher les révoltes à venir. Le gouvernement veut casser les militants et tous ceux qui relèvent le tête pour faire peur à tous les autres.”

“Les Goodyear sont le symbole des résistances, de ces procès, de ces luttes et de leur combat pour les unifier puisqu’ils appellent non seulement à se battre pour leurs relaxes personnelles mais aussi pour la fin des poursuites engagées contre les manifestants, les syndicalistes, les écologistes, les zadistes, les migrants et les jeunes de quartiers. A la fin, c’est nous tous qui allant gagner.”

 

Gaël Quirante, SUD-Poste, Hauts de Seine)

Extraits de l’intervention de Gaël Quirante : “Y’a plus de 300 procès suite aux manifestations contre la loi travail. Le 14 juin, il y avait plus d’un million de personnes dans la rue, et maintenant on est livré chacun de son côté pour résister à ça (à la répression) et c’est le meilleur moyen de se faire bouffer les uns derrière les autres.”

“Y’a plein de travailleurs, y’a plein de jeunes qui n’ont pas envie de désarmer, qui ont envie de continuer cette bagarre-là et qui de fait la continuent d’une autre manière. Si on prenaient toutes les petites boîtes qui bagarrent pour leurs salaires, contre les licenciements, contre les brimades, y’en a plein ! En fait, les travailleurs et travailleuses bagarrent plus que les directions syndicales confédérales, quelles qu’elles soient, et proposent plus de perspectives !”

“La seule arme qu’on possède c’est celle des grèves. C’est ça qui fait baliser le gouvernement.”

“Aujourd’hui, y’a plein de gens qui bagarrent, mais c’est isolé, c’est invisible. Notre rôle c’est de mettre en lumière ça et on a raison de vouloir le faire, et on a une responsabilité à prendre par rapport à tous ceux qui subissent les cas de répression. Etre présent, bien sûr, mais aussi à un moment donné, en intersyndicale, quel que soit notre syndicat, ça les directions syndicales détestent ça, quels que soient les métiers, se regrouper par rapport à une boussole qui est commune, celle de dire : on veut en finir avec le pouvoir de ces patrons-là, qui se permettent d’étaler ce qui vivent grâce à notre travail, on en a ras-le-bol de ces gens-là ! Pendant la loi travail, on disait qu’on voulait tout : qu’on voulait décider dans les boîtes, qu’on voulait décider dans les quartiers, qu’on voulait décider dans les lieux d’études.”

 

 

Mickaël Wamen (CGT, Goodyear Amiens)

Extraits de l’intervention de Mickaël Wamen : “Le populisme qui est en train de monter dans tous les pays notamment aux Etats-Unis, lié à une politique du pire et à l’ultra-libéralisme, a conduit un espèce de débile mental qui a le QI d’une huitre à avoir la puissance la plus phénoménale au niveau du nucléaire.”

“De toute ma vie militante, je n’avais jamais entendu dire qu’à la SNCF on s’attaquait à 400 mecs, sans que les camarades ne pètent pas un plomb. Là, ils s’attaquent à quelque chose qui est syndicalisent parlant le plus fort. Toutes ces manifestations de ces 20 dernières années n’ont pris forme que quand les cheminots nous ont accompagné, notamment sur les retraites. Et aujourd’hui, s’attaquer au cheminots sans une réaction des fédérations à la hauteur des enjeux ça pose la vraie problématique de : qu’est-ce que le syndicalisme, demain ? Qu’est-ce qu’on attend ?”

“Aujourd’hui, on met des gamins en tôle, mais tous ces jeunes gamins ont un rapprochement fort avec le militantisme, c’est pas par hasard qu’on les emmène en prison ! C’est parce qu’on veut casser une réelle dynamique ! Une dynamique qui avait commencé par des AG dans les facs où on sentait une réelle envie des gamins qui disaient : putain, le monde qu’on est en train de nous préparer, c’est une catastrophe sans nom !”

“On veut nous faire fermer notre gueule. Qu’on nous laisse croire, comme certains, que la lutte contre la loi travail va se passer dans les entreprises. Ceux qui disent ça, sont ceux qui vont nous sceller les deux pieds dans le béton, parceque dans les entreprises, la loi travail va créer une dynamique du pire, et ceux qui ont fait ça vous diront : on a essayé mais on n’a pas pu…”(…) “On sait bien qu’à partir du moment où c’est chacun dans chaque entreprise qu’on essaie de combattre un système, le système nous détruit!”

“On a le devoir de faire en sorte que ce que nos ancêtres nous ont laissé quand ils se sont battus, quand ils y ont laissé des larmes, du sang et bien plus pour certains, de ne pas laisser faire ce qui est en train de se passer parce qu’on sera co-responsables voire responsables !”

“Ne laissez pas faire parce que de tout façon les compromis ne seront jamais suffisants pour ceux qui veulent nous détruire. C’est une guerre, ils veulent détruire le monde de ceux qui relèvent la tête.”

“Nous, on n’a pas la puissance financière mais on a la puissance du nombre, on a la puissance de l’intelligence et du savoir ouvrier, de cette culture qui a fait notre force. Que ceux qui étaient fiers à la Libération d’avoir une sécurité sociale et une Charte d’Amiens devraient se lever et venir avec nous dans les rues ! Proposons d’écrire une nouvelle Charte d’Amiens !”

“Quel que soit celui qui prendra le pouvoir après Hollande, fera pire parce qu’il n’aura pas plus scrupule qu’un mec qui se disait de gauche et qui nous a détruit la gueule comme personne. ”

“Ne faisons confiance et ne croyons pas les paroles d’hommes et de femmes politiques qui connaissent très bien les rouages d’un système qui nous broiera.”

“Des camarades sont arrêtés, finissent en garde à vue. On n’aurait jamais cru possible y’a 5 ans ce qui est en train de se dérouler sous nos yeux : c’est des rafles ! ”

“La loi travail, ça inverse complètement les normes. Si on va jusqu’au bout de la réflexion : quel intérêt d’avoir des organisations syndicales dans notre pays s’il n’y a plus rien à défendre ? jusqu’à quand les organisations syndicales vont-elles devoir être présentes dans les entreprises s’il n’y a plus rien à défendre ? A partir du moment où seuls les salariés avec des moyens de pression énormes décideront de ce qui est bon ou non pour eux, on va servir à quoi ?”

Extraits de l’intervention de Mickaël Wamen : “Il faudrait une réforme qui interdise aux syndicats qui collaborent avec ceux qui détruisent le monde du travail, de pouvoir porter encore le nom de syndicalistes. Ce sont des vendus, des collabos ! Ce sont des gens qui pour avoir des places dans des structures sont capables de vendre père et mère !”

“Je ne peux pas comprendre comment un élan de puissance syndicale et d’envie, de soif de justice comme le 14 juin se soit écroulé comme un château de cartes le 15 septembre. C’est pas possible. J’étais le 15 septembre à Paris et tous les commentateurs, y compris chez nous (à la CGT) venaient minimiser cette journée d’action. Y compris chez nous, on est venu nous dire que ça n’avait pas bien marché. Moi, j’y étais et je peux vous dire qu’il y avait du monde et que ça avait de la gueule et que pour une manifestation de reprise, on pouvait se dire qu’on pouvait quelque chose d’encore mieux la fois d’après ! Qu’est-ce qui empêche aujourd’hui les centrales syndicales d’appeler à un mouvement d’ampleur pour faire échec à ceux qui nous détruisent ?”

“Les prisons que le gouvernement français veut faire construire (16000 cellules), c’est pas pour y mettre des énarques, ni tous ceux qui pourrissent notre pays. Les prisons françaises, au rythme où on va, vont être remplies de syndicalistes et de gens qui relèvent la tête, de gens comme vous et moi qui avons simplement eu le malheur de dire : on vous emmerde, votre système on n’en veut plus, et nous ce que l’on veut c’est de l’équité pour tous.”

Extraits de l’intervention de Mickaël Wamen : “J’ai pas vu un seul syndicaliste casser quoi que ce soit. Les voyous qui s’en sont pris au service d’ordre de la CGT, ils portent un nom : la police. C’est des méthodes vieilles comme le monde : on se fait casser par ceux qui sont censés maintenir l’ordre pour faire monter le contre-pouvoir, c’est ça la réalité !”

“La violence, elle n’est pas que dans le monde du travail. Aujourd’hui dans les cités, les gamins, c’est tous les jours, y’a pas une journée où on va pas les contrôler 3 à 4 fois jusqu’à temps qu’on obtienne ce qu’on veut : qu’il y en ait un qui pète un plomb !(…) C’est des méthodes de crapules, des méthodes de bandits, et on ne peut pas se laisser enfermer là-dedans !”

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Yannick Sodaniak (CGT Hôpital Wattrelos)

Extraits de l’intervention de Yannick Sodaniak : “Le bilan de ce gouvernement, c’est : tout casser pour tout donner à l’actionnariat.”

Extraits de l’intervention de Yannick Sodaniak : “S’il faut faire un syndicalisme réformé alors il faut peut-être aller chercher d’autres pistes. Moi, je suis fier de manifester et de faire des trucs avec les copains de SUD, je suis fier de faire des trucs avec les copains de la CNT parce que eux aussi, ils se bougent. Je suis fier de faire des choses avec les copains Antifas. Par contre; j’aurais honte qu’on recommence à faire des alliances avec ces pourritures de la CFDT et de l’UNSA ! Et la CGT, moi je suis à la CGT, elle a quand même oublié des choses : la Charte d’Amiens, on devrait réécrire une Charte d’Amiens… Qui est-ce qui décide à la CGT ? C’est pas Montreuil ! C’est nous, c’est la base ! (Martinez), il ne décide de rien, lui, il fait ce qu’on lui dit, il ferme sa gueule, il met en ordre ce qu’on lui demande ! C’est nous qui décidons ! Et la loi travail, on n’y a pas renoncé et on continuera à y aller !”

 

 


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