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A Strasbourg, depuis 5 ans, une poignée de Syriens et de Strasbourgeois, réunis autour de l’association Alsace-Syrie avec le soutien indéfectible de l’ATMF du Bas-Rhin et de l’UJFP-Alsace, n’ont eu de cesse de réclamer la paix et la justice pour le peuple syrien, de dénoncer les massacres de population à répétition orchestrés par le régime d’ Assad et de son ami Poutine, et de crier leur indignation, leur désespoir et leur effroi devant le silence et la complicité de la communauté internationale.

Pendant que cette dernière n’en finit pas de ne pas prendre de sanctions contre les dirigeants sanguinaires qu’elle reçoit par ailleurs en grande pompe et avec lesquels elle passe de juteux contrats commerciaux, d’armements notamment, sur place, la situation empire chaque jour et les catastrophes se multiplient, comme à Alep, obligeant désormais à secourir en urgence et à sauver toute vie qui peut encore l’être.

Nous assistons depuis des années en Syrie à un gâchis humain orchestré et accepté, qui a déjà fait des centaines de milliers de victimes. A Strasbourg, il y eu, l’an passé, la possibilité de sauver plusieurs centaines -voire milliers- de vies, mais rien n’a été fait alors que tout était prêt pour recevoir des familles de réfugiés syriens. A n’en pas douter, certains ont aujourd’hui des morts sur la conscience.

 

Rappel des faits.

En septembre 2015, nous avions assisté à un grand déballage médiatique autour de la mort d’un enfant syrien de trois ans qui, fuyant le conflit meurtrier avec sa famille et espérant trouver refuge à l’étranger, avait fini noyé, son petit corps échoué sur une plage de Turquie. L’émotion populaire suscitée avaient obligé les pouvoirs locaux et leurs amis associatifs et humanitaires à réagir. A Strasbourg, deux manifestations s’étaient tenues, le même jour (6 sept.), au même endroit: l’une regroupant les fidèles soutiens aux Syriens résistant à la répression d’Assad depuis 2011, l’autre, opportuniste, regroupant les représentants de la Ville PS-EELV et des associations et organisations proches du pouvoir local qu’on n’avait jamais vu s’inquiéter du sort du peuple syrien avant ça, venir réclamer l’œil larmoyant et la voix chevrotante, l’accueil de réfugiés syriens.

 

15 septembre 2015, place Kléber, Strasbourg : Discours municipal porté par la voix d’Eric Schultz, adjoint au maire à l’époque, qui nous avait confié qu’il était convaincu que la Ville PS-EELV agirait… :

 

Et ensuite ?

13 octobre 2015, Hôtel de Ville de Strasbourg

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Ensuite, soit un mois après la manifestation, la Ville avait organisé sous les ors de la République protectrice, les Dialogues de Strasbourg, réunion-cérémonie pleine de promesses d’accueil de réfugiés où Nawel Rafik-Elmrini, l’adjointe au maire en charge du rayonnement européen, représentant la Ville de Strasbourg, avait prononcé un beau discours comme elle sait faire et annoncé la prise en charge de plusieurs centaines de familles de réfugiées syriens (information reprise par la presse), rappelant la tradition d’accueil de Strasbourg. La Ville venait de rejoindre le réseau des villes solidaires (initiative lancée par Cambadelis aux élus PS qui appelait “l’ensemble des élus socialistes à prendre leur part dans une grande mobilisation pour les réfugiés“). Une pétition et un appel “Pour que l’Alsace accueille 10 000 réfugiés” avaient été lancés et forte de leur succès, la Ville avait mis en place un numéro vert pour recenser les citoyens strasbourgeois (de 1000 à 2000) qui avaient proposé d’accueillir un ou plusieurs réfugiés syriens chez eux, en plus des places d’hébergement (350 annoncées) miraculeusement mises à disposition. Bref, tout était prêt pour honorer la fameuse tradition d’accueil strasbourgeoise comme l’avait longuement détaillé la presse grand public.

 

Les “promesses” de la Ville de Strasbourg :

 

Les “promesses” de l’Europe :

Après un second discours sur les valeurs de l’Europe en matière de démocratie et de Droits de l’Homme, le Commissaire européen de ces mêmes droits, Nils Muiznieks, avait été longuement interviewé par Anja Vogel sur les fauteuils de velours blanc et or du grand salon. Quelques Strasbourgeois avaient pu lui poser des questions mais aucune très embarrassante, hormis celle d’un admirateur d’Anja Vogel, déjà sceptique et doutant, non de son succès auprès de la belle journaliste, mais de la réalité de l’accueil à Strasbourg de familles syriennes fuyant la guerre. Nils Muiznieks bredouillant, s’était dépêché de refiler la patate chaude à Nawel Rafik-Elmrini qui avait alors prétexté de retards mais assuré de leur accueil.

 

 

Et ensuite ?

Ensuite plus rien !

Vous imaginiez quoi, que les beaux discours allaient se réaliser ?

 

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Copie d’écran de ce qu’il reste de l’annonce de la constitution d’un réseau de villes solidaires dans l’accueil des réfugiés…

 

Une fois les généreux discours prononcés et diffusés dans la presse grand public, la politique spectacle a estimé que le “job était fait”, allant contre l’élan populaire organisé qui montrait de manière pragmatique que l’urgence n’était pas une posture communicante et un label humaniste strasbourgeois à défendre, mais à sauver des vies humaines !!!

Une fois l’émotion retombée – et l’émotion est d’autant plus vite retombée que les pouvoirs publics n’agissant pas, les volontaires livrés à une image d’impuissance, ont baissé les bras-, les pouvoirs publics et leurs amis associatifs complices ont déserté leurs obligations et leurs responsabilités et ont, comme d’habitude, fermé les yeux et les écoutilles sur la détresse humaine, le bombardement de villes entières et l’agonie de tout un peuple, comme la France de leurs prédécesseurs l’avait fait pour Guernica, Nagasaki, Hiroshima, Dresde, Srebrenica, Gaza…

Pire, dans la foulée des attentats de novembre 2015, la France allait propager l’idée que des terroristes pouvaient se cacher parmi les réfugiés et que, de ce fait, il fallait fermer la porte à tous -c’est à dire dans le cas de réfugiés de guerre syriens, les condamner à mort…-, reprenant mot pour mot le discours du FN et le mettant en pratique.

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Tout le petit monde politicard est retourné à ses discours sécuritaires pour eux-mêmes et d’impuissance pour les réfugiés (En quoi Strasbourg était-elle impuissante à accueillir des réfugiés de guerre quand des petites villes de l’Ortenau voisin en accueillaient déjà un demi-millier…?). Le peu d’aide aux survivants syriens ne se fait plus que sur le terrain strictement humanitaire, et là-bas. La presse aux ordres ne relaie plus désormais que les bonnes œuvres de la Ville qui envoie charitablement des fournitures et du matériel sur place, entretenant ainsi sa vitrine humaniste pour pas cher, et se dédouanant -croit-elle- de tout compte à rendre sur l’accueil qui n’a jamais eu lieu.

Aucune association ni organisation n’a jamais publiquement demandé des comptes à la Ville et encore moins ne l’a obligée à tenir ses promesses, au mieux par peur de perdre leur subvention, au pire pour épargner les copains aux affaires quitte à les soutenir dans leurs dérives et renier jusqu’à leurs valeurs fondatrices.

Il n’y a pas d’impuissance politique, ni à Strasbourg, ni nationalement ; il n’y a que des choix politiques et idéologiques, et les conséquences qui en résultent. La prétendue impuissance cache en réalité une complicité active.

La guerre en Syrie est née de la répression sanglante du soulèvement du peuple syrien qui, à l’instar des autres Révolutions arabes du printemps 2011, réclamait la chute d’un régime dictatorial vieux de plus de 60 ans, celui de Bachar El Assad hérité de celui de son père. Le peuple syrien qui s’est soulevé en 2011 pour réclamer sa liberté, le paye, depuis, de sa vie.

L’histoire de la France est pleine de ses soutiens réguliers aux dictateurs, quels que soient les gouvernements français, du moment que “les intérêts de la France” restent saufs et prospères. Tout le monde sait bien que Bachar El Assad a du sang sur les mains, l’ONU l’a confirmé à plusieurs reprises l’accusant même de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. La Communauté Internationale, l’Europe, la France ne sont pas dépourvues face aux atrocités du régime syrien, et quand bien même elles le seraient, cela n’empêcherait pas les devoirs et obligations qu’elles ont au regard du droit international, de mise à l’abri et de protection dus aux réfugiés de guerre.

Sauf que soutenir et protéger le peuple syrien victime du dictateur Assad, c’est soutenir et protéger un peuple qui s’est insurgé contre son dirigeant, c’est reconnaitre qu’un peuple écrasé peut résister à l’oppression, se rebeller et déboulonner son oppresseur. Et ça, visiblement, ni la Communauté Internationale, ni Assad, n’ont envie de faire survivre cette idée-là. Ni là-bas, ni ici.

On imagine la frustration et l’amertume chez les volontaires strasbourgeois qui étaient prêts à ouvrir leur foyer et à offrir une possibilité de survie à des réfugiés, et que la Ville a renvoyé à leur inutilité. On devine le dégoût de ceux qui étaient en train d’organiser le sauvetage de familles et dont on a décommandé la mission. On n’ose imaginer ce qui a pu se passer dans la tête de ceux qui se croyaient sauvés, eux et leurs proches, et dont on a annulé les chances de survie.

Cette “fin de non-recevoir” municipale, copiée sur celle de l’État, fut d’une violence, d’un cynisme et d’une cruauté absolus. Mais, plus que tout, il faut y voir la volonté du pouvoir de mettre un terme rapidement à une situation qui lui échappait : la mise en œuvre d’une solidarité entre les peuples bien concrète, se passant des pouvoirs locaux, jugés médiocres, immobiles voire trop complaisants.

Ne pas condamner Bachar El Assad et ne pas sauver les vies des syriens qui peuvent encore l’être, c’est -de fait- appuyer l’action du dictateur. Ne pas condamner la répression sanglante d’un peuple luttant pour sa liberté, allant jusqu’au mépris du droit international, en dit long sur l’état de notre propre régime.

L’attitude des pouvoirs en place prouve chaque jour un peu plus que nous pourrions faire sans eux, la situation n’en serait pas pire. Leur dérive autoritaire et leur complaisance à l’égard de leurs semblables, ne cessent d’alerter sur l’urgence de se passer d’eux pour notre plus grand bien, notre sécurité, voire notre survie.

Pour voir, dans notre propre pays, se mettre en place, en moins d’un an, un état d’urgence doublé d’un État policier, et subir, en quelques mois, une répression violente pour avoir osé défendre le peu de droits et de libertés qu’il nous reste encore, il ne fait plus de doute que nous serons bientôt tous des Syriens.

Durga-L.O

 

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Et pendant ce temps…

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Les drapeaux sont en berne à Strasbourg, à l’image de sa politique moribonde.

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