port du voile – La Feuille de Chou https://la-feuille-de-chou.fr Presse quotidienne radicale au capital illimité d'indignation. Ce qui n'est pas dans le Journal est dans la Feuille de Chou. Fri, 29 Nov 2013 08:17:47 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.5.5 9650103 Baby Loup Grand Soir 3: quand les gens votent “mal”, on dit que c’est du piratage… https://la-feuille-de-chou.fr/archives/58812 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/58812#respond Thu, 28 Nov 2013 10:05:37 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=58812

http://www.islamophobie.net/articles/2013/11/28/censure-sondage-france3-babyloup

Nom du média : France 3
Date de l’émission : 28/11/2013
Horaire de l’émission : 22h50
Titre de l’émission : Grand Soir 3

Mesdames, Messieurs,

Chaque jour, France 3 propose un sondage en ligne. Les résultats doivent en être annoncés le soir même dans le JT “Le Grand Soir 3”. Victoire des bleus le 20/11, empreintes génétiques le 21/11, prélèvement de l’impôt le 25/11, prostitution le 26/11, et hier, un sondage en rapport avec la décision de la Cour d’appel de Paris sur le licenciement d’une salariée par la crèche Baby Loup.

La question était ainsi formulée : “Etre licencié pour port du voile au travail vous choque-t-il ?”. Les résultats de ce sondage, en ligne à l’heure où je vous écris ce courriel sont qu’une majorité de votants, 83.1%, sont choqués par un tel licenciement.

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque les présentateurs du JT, Louis Laforge et Patricia Loison, annonçaient qu’ils ne donneraient pas le résultat dudit sondage parce qu’il y aurait eu une activité inhabituelle sur le site, Louis Laforge allant même jusqu’à parler de piratage.

Ces sondages sur internet sont régulièrement convoqués par les grandes rédactions françaises. Les statisticiens affirment pourtant qu’ils n’ont aucune valeur scientifique puisque l’échantillon de personnes qui y participent n’est pas significatif. Comment en effet savoir si les votants sont représentatifs de la population française? Et pourtant, régulièrement, ces sondages sont présentés dans nombre de débats, sans qu’aucune distance ne soit prise avec la méthodologie utilisée.

Ce soir, France 3 a estimé que le résultat de ce sondage devait être censuré. La rédaction estimerait donc que la société française ne pourrait se choquer d’un tel licenciement. Que doit-on en conclure? Comment réagir face à cela? Est-il normal que régulièrement des sondages, encore une fois sans aucune valeur scientifique, soient convoqués par les éditorialistes pour justifier leurs écrits, et que les résultats de ces mêmes sondages soient censurés lorsque les résultats qui en découlent sont en contradiction avec ce que l’on voudrait leur faire dire?

Le métier de journaliste est trop important pour que certains le dévoie. Ces sondages régulièrement présentés ne sont-ils pas une insulte au sérieux avec lequel doit être pratiqué ce noble métier? La déontologie exige de la rigueur intellectuelle, scientifique, et une objectivité de traitement des phénomènes qui traversent notre société. J’en appelle donc à votre sagesse pour rappeler à France 3 en particulier, et à ceux qu’il est convenu d’appeler les grands médias en général, que le métier de journaliste ne saurait être dévoyé au profit de la volonté de certains de stigmatiser une partie de nos concitoyens.

La rigueur journalistique n’est pas une option, surtout lorsqu’il s’agit d’analyser le phénomène du vivre ensemble qui est régulièrement menacé dans notre pays, la ministre de la Justice en ayant fait les frais encore récemment.

Je vous remercie, chers membres, pour l’attention que vous porterez à ma requête.

http://www.al-kanz.org/2013/11/28/france-television-sondage-islam/

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Interdire le foulard à l’université serait “pain bénit” pour les extrémistes https://la-feuille-de-chou.fr/archives/55305 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/55305#respond Mon, 12 Aug 2013 08:04:05 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=55305 De Annick BENOIST (AFP)

Paris — Une loi interdisant le port du foulard islamique à l’Université serait “pain bénit pour l’extrême droite et les intégristes musulmans”, selon l’historien Jean Baubérot, qui dénonce par ailleurs “l’amalgame volontairement entretenu entre foulard et voile intégral”.

Dans un entretien à l’AFP, ce spécialiste de la sociologie des religions et de la laïcité considère que l’avis de l’ancienne mission laïcité du Haut Conseil à l’Intégration (HCI), favorable à une loi contre les signes et tenues religieuses, émane d'”un petit cercle d’aigris” mécontents d’avoir perdu leurs prérogatives au profit de l’Observatoire national de la Laïcité (ONL).

“On a l’impression”, dit-il, “que ce petit lobby n’a de cesse de vouloir exacerber les tensions, faire monter la pression, énerver les musulmans, bref se fabriquer des adversaires pour mieux pouvoir se poser en héros contre l’intégrisme par la suite”.

“Ce faisant, on fait le lit de l’extrême droite, alors que se profilent des élections, et celui des islamistes intégristes qui deviennent attractifs: ils peuvent entretenir le sentiment de victimisation de musulmans susceptibles de se radicaliser. C’est pain bénit pour eux”, affirme M. Baubérot.

Selon lui, le HCI cherche à jeter une pierre dans le jardin de Jean-Louis Bianco, président du nouvel Observatoire national de la laïcité. “Que ne s’occupe-t-il de la bonne intégration des étrangers, plutôt que de chercher toujours de nouvelles mesures de répression contre eux ?”

“Débat d’idées”

La publication dans le quotidien Le Monde d’un avis de l’ancienne mission laïcité du HCI, favorable à une loi anti-foulard à l’université, contre l’avis même de la Conférence des présidents d’universités” (CPU), a relancé un débat sur le port du foulard à l’université, où il est autorisé.

“J’ai eu pendant 20 ans des responsabilités administratives à l’université”, insiste Jean Baubérot. “Je ne nie pas qu’il puisse y avoir des problèmes, mais les plus importants n’ont jamais été d’ordre religieux. Il en est de bien plus graves. Seuls ceux qui sont incapables de régler des problèmes par le dialogue veulent une loi”.

La loi de 2004 interdit le port des signes religieux ostentatoires dans les collèges et les lycées (foulard, kippa, croix de grande dimension), mais pas à l’université où “le débat d’idées et le climat de liberté sont intrinsèques”, rappelle l’historien. “Le port du foulard n’a jamais interdit une jeune fille de soutenir une très bonne thèse”, souligne-t-il.

En revanche la loi de 2010, mise en application en avril 2011, interdit le port du voile intégral dans les lieux publics. “L’ennui, relève l’historien de la laïcité, c’est que l’amalgame est systématiquement fait entre ce voile intégral qui cache l’identité d’une personne et le foulard qui ne fait que cacher les cheveux, mais permet l’identification”.

Pour illustrer le débat, dans la presse, “vous avez même des dessins qui représentent des femmes en niqab, alors qu’on parle du foulard”.

“Que veut-on ?”, demande M. Baubérot: “Renforcer l’exclusion de femmes qui peuvent s’épanouir à l’université ? Provincialiser l’université française qui n’est pas la mieux classée au monde ? Faire comme si la France était une île et qu’on ne regarde pas ce qui se passe ailleurs?”

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Trappes : ce que le voile dévoile https://la-feuille-de-chou.fr/archives/54947 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/54947#respond Sun, 04 Aug 2013 10:45:06 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=54947 Par Nicolas Bourgoin, démographe, maître de conférences à l’Université de Franche-Comté, membre du Laboratoire de Sociologie et d’Anthropologie de l’Université de Franche-Comté (LASA-UFC). Il est l’auteur de trois ouvrages : La révolution sécuritaire aux Éditions Champ Social (2013), Le suicide en prison (Paris, L’Harmattan, 1994) et Les chiffres du crime. Statistiques criminelles et contrôle social (Paris, L’Harmattan, 2008).

Les échauffourées récentes du quartier des Merisiers à Trappes, largement médiatisées, sont la énième répétition d’un scénario déjà bien rodé : un contrôle d’identité musclé est effectué par des forces de l’ordre agissant en territoire conquis, les intéressés se rebiffent, certains sont placés en garde à vue, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre, les jeunes attaquent le commissariat du quartier et s’en prennent au mobilier urbain, les renforts de police affluent… et c’est l’escalade. Fait aggravant : la personne contrôlée par la police portait le voile intégral. Symbole du communautarisme islamique et de refus de l’ordre républicain, le voile représente une menace sérieuse pour les élites politiques dominantes qui ont fait de son éradication une priorité expresse. La dernière loi en date, celle du 20 octobre 2010 interdisant le port du voile intégral, à l’origine directe des événements de Trappes, est symptomatique de la vision néo-coloniale qu’elles ont des classes populaires issues de l’immigration.

La suite: http://bourgoinblog.wordpress.com/2013/07/29/trappes-ce-que-le-voile-devoile/

Du même auteur:

Globalisation du contrôle et “guerre contre le terrorisme”:

Création d’un nouveau monstre informatique baptisé XKeyscore pouvant surveiller totalement Internet pour le compte de la NSA (récemment mise en cause dans des activités d’espionnage), révélation du projet INDECT non moins monstrueux visant à contrôler les internautes européens et à généraliser les dispositifs de surveillance automatisée des populations[1], du système d’écoute Frenchelonmis en place par la DGSE permettant de collecter systématiquement les signaux électromagnétiques émis par les ordinateurs ou les téléphones en France[2]… les États et les agences de sécurité bénéficient d’outils de contrôle des communications et des déplacements toujours plus performants. Leur but officiel : repérer les comportements suspects sur Internet et dans la vraie vie afin de désamorcer les menaces criminelles, notamment terroristes. Véritable sésame pour vaincre les résistances aux lois liberticides, la « guerre contre le terrorisme » donne lieu à une militarisation de l’espace public, un panoptisme social intrusif et la mise en œuvre d’une politique de  contrôle intérieur basée sur la peur.

La suite: http://bourgoinblog.wordpress.com/2013/08/03/globalisation-du-controle-et-guerre-contre-le-terrorisme/

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Le mythe de la “jeunesse dangereuse”:

Dans la hiérarchie des peurs bourgeoises, le « jeune » a supplanté l’ouvrier revendicatif ou l’activiste gauchiste. Pour les idéologues sécuritaires, les mineurs délinquants sont « plus jeunes, plus récidivistes, plus violents[1] ». Population en mal d’intégration, facilement mobilisable, la jeunesse est plus que jamais dans le viseur des politiques. On se rappelle les propos tenus par Jean-Pierre Chevènement à propos des « sauvageons qui vivent dans le virtuel ». Ou, plus près de nous, ceux de Nicolas Sarkozy tenus au Conseil des ministres lors de la présentation de son projet de loi sur la délinquance des mineurs en juillet 2006 : « les mineurs de 1945 n’ont rien à voir avec les géants noirs des banlieues d’aujourd’hui qui ont moins de 18 ans et qui font peur à tout le monde ». En oubliant au passage que l’ordonnance de 1945 a été modifiée 35 fois depuis la Libération…

La suite: http://bourgoinblog.wordpress.com/2013/07/16/le-mythe-de-la-jeunesse-dangereuse/

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L’État policier c’est maintenant ! Brève histoire de la conversion sécuritaire de la gauche:

Mise en place de l’Accord National Interprofessionnel (ANI) qui flexibilise encore un peu plus l’emploi, réforme programmée des retraites, gel des salaires dans la fonction publique… et ailleurs. Les coups pleuvent comme jamais sur les salariés. En parallèle, l’État bourgeois se fait toujours plus répressif à l’encontre des récalcitrants : énième loi antiterroriste, violences policières et arrestations massives d’opposants politiques lors des manifestations anti-mariage pour tous, évacuations massives des campements roms, avec pour conséquence une inflation carcérale qui ne faiblit pas. Toujours plus de libertés pour les patrons, toujours plus de répression pour les prolétaires et les sous-prolétaires. Derrière cette double politique, une seule idéologie : celle de la « responsabilité individuelle ».

La suite: http://bourgoinblog.wordpress.com/2013/07/12/letat-policier-cest-maintenant-breve-histoire-de-la-conversion-securitaire-de-la-gauche/

http://bourgoinblog.wordpress.com

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Progression des actes islamophobes en 2012 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/44353 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/44353#respond Thu, 31 Jan 2013 06:48:46 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=44353

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L’islamophobie en 2012 : les faits marquants

Poursuivant la tendance notée depuis 2008, la progression des actes islamophobes s’accentue de manière très inquiétante en 2012. Sur l’année 2012, le CCIF a recensé 414 actes islamophobes envers des institutions ou individus, contre 298 en 2011 et 188 en 2010, soit une augmentation de 38%. On répertorie 364 actes visant les individus pour l’année 2012 (contre 262 en 2011), soit 102 actes de plus : chaque jour en France, un individu est victime d’islamophobie.

La tendance observée sur les années précédentes n’est pas inversée : les femmes restent les principales victimes d’actes islamophobes. Elles représentent 87,3% des cas visant des individus.

Après les agressions verbales (menaces, insultes, harcèlement, différentes formes de rejet), le passage à l’acte se libère de manière assez grave. Les agressions ont plus que doublé, avec une progression de 134.6%, soit 122 actes contre 52 l’an passé. La violence s’est exacerbée car nous notons plusieurs menaces avec armes à feu ainsi qu’une tentative d’homicide à Vaulx-en-Velin (69) sur un homme.

La cible principale : encore une fois les femmes voilées, qui comptent pour 76% des cas d’agression physique ou verbale.

L’État est encore une fois impliqué dans une large proportion des actes islamophobes, avec un fonctionnaire mis en cause dans 39% des cas recensés.

Plus perturbant encore, la situation à l’école : plus d’un acte sur deux dans le service public est le fait d’un agent de l’Éducation Nationale.

Nous observons une mutation de l’islamophobie, qui après avoir été longtemps et majoritairement l’œuvre des services publics, s’étend désormais au monde du travail, dans le secteur privé, sous forme d’atteintes interpersonnelles ou d’agressions : nous sommes passé d’une islamophobie politique à une islamophobie culturelle, relayée médiatiquement et politiquement. Cette évolution est corrélée à un certain nombre de prises de position du HCI contre les libertés individuelles et de débats politiques stigmatisant les musulmans.

En milieu professionnel, la situation s’aggrave. L’islamophobie au travail passe de 3,59% des actes recensés en 2010 à 10,47% en 2012.

Marginaliser les femmes qui portent le voile : un phénomène qui s’amplifie puisque 16.8% des actes visant à exclure les femmes voilées se déroulent au sein d’entreprises de services : certaines auto-écoles, salles de sport, cabinet médicaux, restaurants et centres de formation professionnelle interdisent l’accès aux femmes voilées. Le passage à l’acte islamophobe se fait de manière décomplexée.

Les institutions toujours plus visées : nous notons 50 actes perpétrés, soit prés d’un par semaine (forte croissance de 38%). La tendance notée en 2011 quant à l’évolution dans le choix des cibles des attaques se confirme en 2012. Si 21 mosquées ont été visées, les attaques touchent désormais aussi les associations, centres culturels ou boucheries halal.

Fait nouveau, on ne s’attaque plus seulement aux lieux de cultes de l’islam (mosquées et cimetières) mais de plus en plus aux commerces (boucheries halal et restaurants) et aux résidences de familles musulmanes (deux maisons ont été recouvertes de tags et de croix celtiques entre autres).

Quelques actes significatifs de l’islamophobie en France en 2012

-Amiens (80), le 5 mai, deux hommes âgés de 70 et 71 ans ont été sauvagement agressés alors qu’ils se dirigeaient vers la mosquée.

-Aigues-Mortes (34), le 4 août, un homme et sa compagne ont tiré à plusieurs reprises sur un groupe de jeunes qui fêtaient la rupture du jeune du Ramadan, puis sur une voiture dans laquelle se trouvaient une femme et sa fille de 9 ans.

-Annecy (74), le 26 octobre, un homme armé d’un fusil à pompe est venu menacer les fidèles qui sortaient d’un local où ils s’étaient rassemblés pour fêter l’Aïd al-Adha , en leur criant des injures racistes.

-Marseille (13), le 28 octobre, une jeune fille de 17 ans a été hospitalisée après avoir été frappée à coups de bâtons par un homme dans la rue au prétexte qu’elle portait le niqab. Ce n’est pas la première agression de ce genre : depuis l’instauration de la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public, nombreux sont ceux qui, comme cet homme, estiment que c’est à eux de la faire respecter, par la violence…

– Une famille musulmane a retrouvé une tête de sanglier dans la poussette de leur enfant.

– Une famille musulmane découvre une croix celtique et le message « La France aux français» sur les murs de leur maison.

-Une femme voilée a été insultée et agressée au couteau par des jeunes devant son domicile.

-Une femme âgée de plus de 60 ans portant un voile a été agressée par un homme qui l’a insultée avant de lui porter un coup de poing au ventre.

-Une femme enceinte portant un jilbab (long voile) a été agressée par un homme qui lui a donné un coup de poing dans le visage et lui a arraché son voile.

-Une femme en niqab à Nantes a été violemment agressée par un homme qui lui a totalement retiré son voile et a provoqué une ITT de 3 jours selon le médecin légiste.

-Deux femmes dont une voilée s’installent dans un restaurant à Marseille. Le responsable indique que le restaurant n’accepte pas le voile et ajoute, face à sa surprise, qu’il accepte pas non plus la kippa.

Les chiffres figurant dans notre rapport ne sont que la partie émergée de l’iceberg, bien en-deçà de la réalité islamophobe à laquelle nous sommes confrontés depuis plusieurs années. En effet, certaines victimes préfèrent se taire, se méfient des agents de la force publique, qui refusent parfois de recueillir leur dépôt de plainte, les autorités minimisant trop souvent la charge islamophobe. Ces violences qui s’accentuent d’année en année menacent de plus en plus l’équilibre de notre pays et la cohésion sociale.

Le Collectif contre l’islamophobie en France

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Chasse aux sorcières musulmanes https://la-feuille-de-chou.fr/archives/23547 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/23547#comments Thu, 12 May 2011 07:18:39 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=23547 Loi sur le voile intégral : une trentaine de femmes verbalisées en un mois

Par A. l’AFP

Publié le 11/05/2011

Une trentaine de femmes ont été verbalisées un mois après l’entrée en vigueur de la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public, qui a conduit la moitié des personnes portant ce signe religieux à l’abandonner, selon une association.

La moitié des quelque 2 000 musulmanes se couvrant du niqab ont décidé de l’ôter, mais d’autres ont fait le choix de se « cloîtrer », ne sortant plus de chez elles, a estimé l’association touchepasamaconstitution, qui s’est proposée de payer toutes les contraventions infligées aux contrevenantes.
« Elles ont été assignées à résidence par la loi », a déploré son président Jean-Bruno Roumégoux, lors d’une conférence de presse.

Le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a indiqué le 4 mai sur RTL qu’un total de « 27 ou 28 verbalisations » avait été recensé jusqu’alors. Le lendemain, deux femmes intégralement voilées ont été verbalisées devant la mairie de Meaux, où elles s’étaient rendues pour « fêter la première amende » du député-maire Jean-François Copé, avec l’association Touche pas à ma Constitution.

Une Américaine résidant à Dreux figure parmi les contrevenantes. Elle a été verbalisée à l’aéroport de Roissy alors qu’elle rentrait de Jeddah (Arabie Saoudite).

Cette femme avait accepté de retirer son voile lors des contrôles, mais l’avait ensuite remis dans l’aérogare et a alors été verbalisée par la Police aux Frontières.

« Beaucoup de craintes avaient été exprimées à ce propos. On disait que c’était inapplicable » mais « cela s’est toujours passé sans problème », a observé le ministre de l’Intérieur.

La loi sera « infiniment difficile à appliquer » et « infiniment peu appliquée », avait averti Manuel Roux, secrétaire général adjoint du Syndicat des commissaires de police au moment de l’entrée en vigueur de la loi.

Le 21 avril, à Toulouse, une quarantaine de musulmans ont prié devant le commissariat de Toulouse pour protester contre la verbalisation d’une femme.
Quelques coups d’éclat ont été aussi orchestrés par Touche pas à ma Constitution, qui a organisé le 11 avril, au premier jour de l’application de la loi, une manifestation sur le parvis de Notre-Dame à Paris avec des femmes voilées.

Le 20 avril, une femme en niqab a tenté, en vain, de se faire verbaliser en déambulant devant l’Assemblée nationale, sous les yeux de gendarmes et de policiers, dans le cadre d’une action de « provocation » organisée par cette association.
Son porte-parole Rachid Nekkaz a été interpellé mercredi 11 mai 2011 avant la conférence de presse au Bristol, un palace situé près de l’Elysée et du ministère de l’Intérieur.

Quatre femmes voilées ont été aussi interpellées. L’une d’elle a été libérée du fourgon de police où elle a été interrogée après avoir accepté de sortir dans la rue sans niqab.
Les récalcitrantes ont été conduites au commissariat. Elles encourent une peine maximale de 150 euros d’amende et/ou un stage de citoyenneté.

Les femmes verbalisées n’ont pas forcément payé l’amende, puisqu’elles ont été appelées à se présenter ultérieurement devant un juge. Dans les Yvelines par exemple, « 7 ou 8 femmes ont été contrôlées » et « les dossiers ont été transmis aux officiers du ministère public », selon le parquet.

Il semble que la loi n’est pas systématiquement appliquée. Une employée d’une clinique parisienne a assuré à l’AFP sous le couvert de l’anonymat que des patientes continuaient de se présenter en niqab à la consultation.
« Elles ne sont pas nombreuses », a-t-elle cependant relativisé.

http://www.lagazettedescommunes.com/65289/loi-sur-le-voile-integral-une-trentaine-de-femmes-verbalisees-en-un-mois/

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Poireau rouge https://la-feuille-de-chou.fr/archives/15135 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/15135#comments Tue, 14 Dec 2010 12:25:57 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=15135
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Une victoire pour la haine : le Tribunal des Prud’hommes valide le licenciement pour port du voile Articles – Baby loup : le Tribunal des Prud’hommes valide le licenciement pour port du voile
BBC – Podcasts – Desert Island Discs with Kirsty Young BBC – Podcasts – Desert Island Discs with Kirsty Young A great BBC radio podcast where famous people are asked to choose eight songs they woudl take with them to a desert isand.
Nantes : le PV pour port du niqab au volant annulé – 13/12/2010 – leParisien.fr Nantes : le PV pour port du niqab au volant annulé – 13/12/2010 – leParisien.fr Une petite victoire



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Marche contre l’islamophobie le 16 mai https://la-feuille-de-chou.fr/archives/9604 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/9604#respond Fri, 07 May 2010 11:47:15 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=9604
Le Collectif U.F.I.(Unis Face à l’Islamophobie) appelle à une grande marche au départ de Bobigny jusqu’à Paris pour dénoncer, condamner l’escalade de la haine qui prend une forme de plus en plus virulente puisque désormais des armes à feu sont utilisées. Soyez nombreux a venir faire part de votre indignation, de votre soutien aux familles, de votre union face à la Haine pour que demain ne soit plus hier!

Nous partirons du canal de l’Ourcq à midi (rdv a 11h30 devant le magasin Baktor ou nous rendrons hommage à Said Bourarach juste derrière au canal) et traverserons Paris jusqu’à République) tout en dénonçant par des interventions lors des arrêts (porte de Pantin, Jaures, canal Saint Martin, Republique) ces actes odieux.

DU FAIT A L’AMALGAME : NOUS NE LAISSERONS PAS LE RACISME L’EMPORTER

Depuis la mi-décembre 2009, huit mosquées (Castres, Obernai, Saint-Etienne) ont été profanées avec une escalade dans les attaques puisque la dernière en date a été mitraillée à Istres. Saïd Bourarach, un vigile de 33 ans a été passé à tabac et retrouvé mort noyé dans le canal de l’Ourcq. Une femme conduisant en niqab a écopé d’une amende de 22€ à Nantes et les projecteurs se sont tournés vers son mari et dès lors, du port du voile intégral le discours politico-médiatique s’est lancé en plaidoyer contre la polygamie, la fraude aux allocations familiales et pour le retrait de la nationalité française.

Depuis cet été et la mission parlementaire sur le voile intégral, les dérapages et actes racistes et/ou islamophobes se sont multipliés et ont connu une ascension exponentielle du fait du seul débat sur l’identité nationale.

Face à ce constat alarmant, le collectif Unis Face à l’Islamophobie (UFI) appelle à une mobilisation contre le racisme anti-arabe, anti-noir et anti-musulman le dimanche 16 mai. Nous appelons toutes les associations et citoyens franciliens à venir nous rejoindre et à être solidaires de notre action. Nous demandons également à toutes les associations de France d’organiser en leur ville et département une action en ce sens.

Cette mobilisation prendra la forme d’une grande marche pour la mémoire des victimes du racisme qui partira dès 11h30 de Bobigny devant le magasin Batkor et se dirigera vers la Porte de Pantin (13h), Jaurès (14h), le Canal Saint-Martin (16h) pour finir à République vers 17 heures.

Ces lieux hautement symboliques ont été le théâtre d’actes odieux et c’est pour dire d’une seule et même voix :

STOP AU RACISME, STOP A L’ISLAMOPHOBIE
que le dimanche 16 mai sera la journée de lutte contre la Haine de l’autre.
Premiers Signataires :

Christine Delphy-Directrice de recherche émérite au CNRS, Vincent Geisser, Françoise Duthu, ancienne eurodéputée, El Yamine Soum -Sociologues, Séverine GOUDIGUEN-Conseillère municipale du Pecq et responsable du groupe local de Saint-Germain-en-Laye, Sabri Haddad, Conseiller fédéral PS 93, …

AJCREV (Alliance de la Jeunesse contre le Racisme, l’Exclusion et la Violence), Association Entraide, Collectif France multiculturelle, Collectif Générations Spontanées contre l’islamophobie Toulouse, Collectif La Guerre Tue, Collectif Vérité et Justice pour Said Bourarach, Emergence Ile-de-France, IJAN (International Jewish Anti Zionist Network), Les Indivisibles, PIR (Parti des Indigènes de la République), RPP (résistance pour la Palestine), …
Collectif Unis Face à l’Islamophobie : Actif Ensemble, A.F.M.Y (Association Franco Marocainne des Yvelines), A.J.A.R. (Agir pour la justice et l’accompagnement des musulmans face aux discriminations religieuses et le Respect des diversités), Association des Musulmans de Villeneuve St Georges, Association Paix et Fraternité, Association Rahma Paris 19e, C.C.I.F. (Collectif de lutte contre l’islamophobie), Marxistes Unitaires, Peace Breather Respaix Conscience Musulmane, Reveil des Consciences, Sous Tous les Toits du Monde,
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Mediapart: Une première étude évalue la discrimination massive qui frappe les Français musulmans https://la-feuille-de-chou.fr/archives/8379 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/8379#respond Fri, 09 Apr 2010 20:51:52 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=8379

08 Avril 2010 Par Jade Lindgaard

Les Français musulmans sont-ils plus discriminés que les autres? La question est quasiment taboue. Il n’existe aujourd’hui qu’une poignée de données parcellaires sur la discrimination en France en raison de la religion. C’est une page qui est en train de se tourner grâce au travail d’un chercheur américain, David Laitin, professeur de sciences politiques à l’université de Stanford.

Dans le cadre du programme «Egalité des chances» de Sciences-po et de la French American Foundation, il publie avec deux chercheuses une étude sur le marché du travail français (à lire ici) qui se demande si «les Français musulmans sont discriminés dans leur propre pays».

L’enquête est expérimentale. C’est un testing, c’est-à-dire que les chercheurs ont envoyé à des employeurs potentiels les candidatures fictives de personnages inventés par eux-mêmes, leur permettant de comparer le sort réservé aux uns et aux autres. Résultat: les CV à «caractère musulman» reçoivent 2,5 fois moins de réponses que les CV «manifestement chrétiens».

Pour les auteurs, c’est «une discrimination considérable à l’égard des musulmans» qui révèle une «vérité dérangeante»: «Dans la République française théoriquement laïque, les citoyens musulmans issus de l’immigration rencontrent, toutes choses égales par ailleurs, des obstacles à l’intégration par l’accès à l’emploi bien plus élevés que leurs homologues chrétiens

Mais qu’est-ce qu’un CV musulman? Hors de question d’écrire en toutes lettres la religion du personnage, cela aurait été parfaitement incongru. Les enquêteurs ont joué sur les prénoms de leurs candidates: «Marie», de tradition chrétienne, et « Khadija », nom de la première épouse de Mahomet. Et indiqué des signaux plus précis encore d’appartenance confessionnelle: Marie a travaillé au Secours catholique et fut bénévole aux Scouts et Guides de France tandis que Khadija est une ancienne employée du Secours islamique et fit du bénévolat pour les Scouts musulmans de France.

Pour le reste, les deux femmes sont identiques: célibataires, 24 ans, de nationalité française, habitantes de quartiers socio-économiquement équivalents (à Lyon), dotées d’un BTS de comptabilité et gestion, et de trois ans d’expérience professionnelle. Pour que la comparaison entre les candidats soit valable, il fallait qu’ils se correspondent en tous points sauf pour leur religion.

Elles sont noires, et selon le scénario élaboré par les chercheurs sans jamais que cela ne figure dans les CV, proviennent toutes deux de l’immigration sénégalaise. Pourquoi ce choix? Parce que vivent en France une dizaine de milliers de personnes originaires de deux communautés du Sénégal, les Joola et les Serer, qui comprennent une minorité chrétienne suffisamment nombreuse pour être comparée aux musulmans de même origine. Les deux groupes sont présents en France depuis environ le même nombre d’années. «Marie» et «Khadija» s’appellent donc toutes deux «Diouf», un patronyme typiquement sénégalais.

Un troisième personnage, «Aurélie Ménard», fut créé pour faire diversion. Les CV de Marie et Khadija ne furent pas transmis aux mêmes entreprises, mais toujours en couple avec celui d’Aurélie. C’est un cabinet associatif, ISM-CORUM, spécialisé dans l’étude des discriminations, qui a posé les candidatures. Le temps de réponse des employeurs a varié entre une journée et un mois. La période d’envoi s’est étalée sur quatre mois. Au total, un peu moins de 550 CV ont été envoyés.

  • Comme l’Alsace-Lorraine sous la IIIe République

Que s’est-il donc passé une fois les documents envoyés? Alors que Marie Diouf a obtenu 21% de réponses positives (un rendez-vous pour un entretien d’embauche), Khadija Diouf n’a pu compter que sur 8% d’issues favorables. Pour 100 réponses positives, Khadija n’en reçoit que 38, soit près de 2,5 fois moins.

Spécialiste de discrimination positive et animateur d’un séminaire à Sciences-po sur les politiques antidiscriminatoires, Daniel Sabbagh analyse l’enquête de ses confrères: «Elle montre un effet discriminatoire massif.» Interrogé par Mediapart, David Laitin explique que «mesurer l’ampleur de la discrimination et chercher à en comprendre les mécanismes revient à sortir du placard une question extrêmement sensible et importante en France».

Cette enquête est une première; elle n’est pas dénuée de faiblesses. La double insistance sur les activités à caractère confessionnel des candidates est peut-être outrée, et a pu braquer des employeurs qui n’auraient pas réagi de la même manière autrement. Ont-ils rejeté la musulmane ou la militante? Autre limite: ce sont des femmes noires qui ont fait l’objet du testing, et non des hommes arabes, pourtant soumis à des préjugés potentiellement plus dégradants.

L’étude ne risque-t-elle pas de sous-estimer et de biaiser la compréhension du rejet supposé à l’égard des musulmans? Non, conteste David Laitin: «Nos résultats sous-estiment l’ampleur de la discrimination, puisque peu de Français associent l’islam radical aux Sénégalais. Pourtant, nous constatons une discrimination significative. Nos résultats sont d’autant plus intéressants

Ce projet est né du constat de «plusieurs signes de malaise dans la société française vis-à-vis des musulmans, surtout depuis le 11 Septembre: la controverse autour de l’entrée de la Turquie en Europe, du port du voile, de la construction de mosquées…», explique Marie-Anne Valfort, maître de conférences en sciences économiques à Paris I, et co-auteure de l’enquête. Peut-on conclure à l’existence d’une discrimination des musulmans en France? «Ce n’est qu’une première étape, il fallait commencer par caractériser cette discrimination», explique la chercheuse, qui poursuit le travail avec ses collègues. Parallèlement au testing, une enquête a été menée, sous la forme de jeux comportementaux, pour comprendre comment se produisent les décisions conduisant à de la discrimination. Les premiers résultats en sont attendus d’ici la fin de l’été.

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Prise de position de la LDH dans le débat sur le voile intégral https://la-feuille-de-chou.fr/archives/8270 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/8270#respond Tue, 06 Apr 2010 20:59:49 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=8270 Depuis l’affaire de Creil en 1989, la LDH a maintenu avec constance sa position, joignant la critique du port du foulard et du voile, au nom de l’émancipation des femmes, au refus de toute loi excluante, stigmatisante et empiétant sur les libertés publiques. Or, il se trouve qu’aujourd’hui cette position est celle de nombreux citoyens et responsables politiques et en particulier celle de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, alors même que le débat s’est crispé.

Bien plus rédhibitoire que le foulard, on a vu apparaître le port ultra-minoritaire mais spectaculaire du voile intégral ; le gouvernement a lancé un débat sur l’identité nationale, très vite identifié par l’opinion comme un débat sur l’Islam ; le premier ministre nous annonce une loi interdisant le port de la burqa. Disons tout de suite, pour sortir de la confusion, que parler de « burqa » est un abus de langage : le mot désigne le costume généralement bleu, entièrement fermé, avec un grillage devant les yeux, imposé aux femmes par la société afghane. Le voile intégral, noir, d’origine saoudienne, est une négation rédhibitoire de la personne, mais il ne renvoie pas à l’horreur meurtrière des talibans. Dramatiser le débat, s’il en était besoin, n’est pas innocent.

Nous tenons à affirmer un certain nombre d’éléments essentiels.

1- La laïcité n’a rien à voir dans la question du voile intégral

Les législateurs de 1905 s’étaient résolument refusés à réglementer les costumes, jugeant que c’était ridicule et dangereux : ils préféraient voir un chanoine au Parlement en soutane plutôt qu’en martyr. La laïcité qu’ils nous ont léguée et à laquelle nous sommes fortement attachés, c’est la structure du vivre ensemble : au-dessus, la communauté des citoyens égaux, la volonté générale, la démocratie ; en dessous, des communautés partielles, des syndicats, des associations, des Eglises, une socialisation multiple et libre qui peut même se manifester ou manifester dans l’espace public, mais en aucun cas empiéter sur la volonté générale, et enfin la singularité des individus qui choisissent librement et combinent entre elles leurs croyances et leurs appartenances.

En conséquence, le politique n’a ni à se mêler de religion, ni à traiter une religion différemment des autres ; la loi n’a pas à régler les convictions intimes qu’elle suppose chez les individus ; la République n’a pas à dire ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas mais à protéger également tous ceux qui résident sur son territoire, sauf s’ils mettent en cause l’ordre public.

Le pluralisme religieux et culturel est constitutif de l’unité de la France, qui a toujours connu à la marge des dérives fanatiques, intégristes ou sectaires déplorables mais éphémères.

Donc laissons la laïcité tranquille.

2- L’égalité hommes-femmes attend une vraie politique

L’argument principal, et tout à fait justifié sur le fond, contre le port du voile, c’est qu’il signale de manière radicale l’infériorisation des femmes. C’est bien le cas si le port du voile est imposé par le mari ou un autre homme de la famille. Dans ce cas, la France dispose des outils législatifs permettant à une femme de déposer une plainte pour contrainte ou séquestration et d’obtenir le divorce aux torts de son mari ; sachant bien sûr combien cette démarche peut être difficile pour elle.

Mais il peut s’agir aussi, comme l’attestent de nombreux témoignages, d’une servitude volontaire. Or la liberté ne s’impose jamais par la force ; elle résulte de l’éducation, des conditions sociales et d’un choix individuel ; on n’émancipe pas les gens malgré eux, on ne peut que leur offrir les conditions de leur émancipation. Pour faire progresser l’égalité et la mixité entre les hommes et les femmes, ce qui est urgent, c’est de promouvoir des politiques dans les domaines éducatifs, salariaux et professionnels, des droits sociaux, un meilleur accès à la santé et à la maîtrise de la procréation. Ces problèmes concernent des millions de femmes dans la France d’aujourd’hui et ne sont en rien traités de façon prioritaire. Un abcès de fixation sur quelques centaines de cas ne fait certainement pas avancer l’égalité, qui appelle au contraire à revenir à la solidarité entre toutes les femmes.

3- Une surenchère de discriminations n’est pas la solution

La question du voile intégral renvoie en réalité à un profond malaise des populations concernées, auxquelles la République n’a pas pu ou pas été capable de faire une place. D’où l’apparition de vêtements et de coutumes dont la signification est très complexe, depuis le port du foulard par des adolescentes des banlieues comme signe identitaire jusqu’à ce voile intégral qui est un paradoxe : à la fois dissimulateur de la personne et signe ultra-visible, provocateur, d’un refus de la norme sociale, sous prétexte tantôt de religion, tantôt de pudeur. Même si nous réprouvons ce choix, ce n’est pas une raison pour essentialiser et déshumaniser des femmes qu’on réduit à un signe abstrait et que l’on exclut de toute vie publique.

Interdire le voile, c’est conforter la posture de ces femmes, c’est en faire doublement des victimes : résultat absurde d’une volonté soit-disant émancipatrice. Elles porteraient seules le poids d’une interdiction imposée en grande partie par la domination masculine, et cette interdiction les exclurait à coup sûr de la cité. En revanche tous les musulmans, hommes compris, se sentiraient blessés par une loi qui ne toucherait que l’islam.

4- Droits et libertés

Ce serait en plus ouvrir une voie extrêmement dangereuse en termes de libertés publiques. Réglementer les costumes et les coutumes est une pratique dictatoriale ; que ce soit de façon discriminatoire, pour signaler une population donnée, ou au contraire par l’imposition d’une règle universelle. Obliger les femmes à porter le voile comme leur interdire de cacher leur visage (sauf dans les cas prévus où l’identité doit être prouvée) est également liberticide.

Si une telle hypothèse est présente, c’est que la société française a été profondément intoxiquée par des idées venues de l’extrême-droite et qui se sont infiltrées jusque dans la gauche : la peur de l’immigré, de l’étranger, les relents de notre histoire coloniale, la tentation de l’autoritarisme.

La LDH a une tout autre conception de la démocratie, des droits, de l’égalité et des libertés.

4- Vivre ensemble

La LDH refuse les termes d’un débat instrumentalisé, qui risque de déboucher sur une loi perverse et dangereuse.

Des millions de musulmans vivent en France, et pour beaucoup vivent mal. Ce n’est pas un ministère de l’Identité nationale qui résoudra leurs problèmes et qui leur offrira un avenir, mais des politiques sociales et anti-discriminatoires ; c’est un travail politique, citoyen, de réflexion sur les conditions du “vivre ensemble“.

C’est aussi leur responsabilité individuelle et collective, qui attend par exemple, pour ceux qui sans en avoir la nationalité résident en France, le droit de vote pour pouvoir s’exercer.

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“A visage découvert”: A propos d’un questionnaire des Dernières Nouvelles d’Alsace https://la-feuille-de-chou.fr/archives/6344 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/6344#comments Mon, 15 Feb 2010 10:00:29 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=6344 DNA 150210

A visage découvert

(voir les articles des DNA plus bas)

Il n’est pas dans nos habitudes de rendre responsable le messager des mauvaises nouvelles qu’il porte, mais dans le cas des Dernières Nouvelles d’Alsace du lundi 15 février 2010, on ne peut manquer de reconsidérer la chose.

Chaque semaine, les DNA posent une question aux internautes sur des sujets divers. Ce n’est évidemment pas un sondage, mais quel lecteur garde ce détail à l’esprit ?

La question de la semaine précédente portait sur « le voile islamique partout (sic) ou son « interdiction ».

Le résultat est sans appel, autre que l’esprit critique qui anime ce texte de la Feuille de Chou.

Il y a eu une très forte participation du lectorat : 6326 votants. Dont 5718 personnes (90%) pour « l’interdire dans les lieux publics ».

496 (7%) pour « l’accepter partout » et 112 (1%) “sans opinion”.

Ces réponses n’ont aucune valeur scientifique, étant donné que contrairement aux sondages d’opinion, déjà critiquables, le panel ici est encore moins représentatif de la population alsacienne en âge de voter.

On peut même faire l’hypothèse que, quelques semaines après le résultat du vote anti-minaret en Suisse, à l’issue provisoire d’un débat sur l’identité nationale en France, juste avant les élections régionales, les lecteurs des DNA ont répondu sous influence sans compter la mobilisation forte des opposants à ce « voile ».

C’est un peu comme si le lendemain d’un « crime particulièrement horrible », on demandait l’avis des gens sur la peine de mort. Résultat assuré !

La question posée :

« Doit-on continuer à accepter la présence du voile islamique partout ou l’interdire dans les lieux publics ? Quel est votre avis ? »

Sa formulation est déjà particulièrement retorse. Pour au moins trois raisons.

« Continuer » suppose soit que ce voile était jusqu’alors accepté, soit que trop c’est trop et que maintenant ce laxisme ne peut se poursuivre.

« Voile islamique » n’est nulle part identifié. S’agit-il du niqab, du hidjab, de la burqa ? Visage caché ou offert ? Tout le monde est supposé savoir de quoi il retourne. Place aux fantasmes des uns et des autres !

« Partout » rend compte, en l’accentuant, de la supposée impression dominante « on est envahis », « ils sont partout » de sinistre mémoire, qui renvoie autitre d’un journal antisémite des années d’avant-guerre.

Le commentaire des réponses au questionnaire est assuré par Bernard Delattre. On distinguera avec soin , autant que possible, les phrases, selon qu’elles sont ou non entre guillemets, citations des internautes ou résumé par le journaliste ou avis de l’intéressé ou de son journal.

1er résultat sans appel : « pas de voile islamique dans les lieux publics ». Et même, « aucun signe religieux ostentatoire ».

Il est temps de redire que ce questionnaire est fait en Alsace, région qui, avec le département de la Moselle , a comme caractéristique, d’échapper à la loi commune française en matière de laïcité et de place des religions concordataires dans l’espace public du fait, entre autres, mais pas exclusivement, de la non application de la loi de 1905.

Et donc, qu’on rencontre plusieurs phénomènes qui devraient relever de la même interdiction souhaitée par les 90 % de répondeurs, concernant le catholicisme, les protestantismes et le judaïsme : l’enseignement de la religion dans les établissements d’enseignement publics, le statut de quasi fonctionnaires pour les prêtres, pasteurs, rabbins, la forte imprégnation religieuse de tous les phénomènes sociaux, la présence hebdomadaire dans les DNA d’un « Regard chrétien », les autres confessions étant aveugles probablement, sans parler des agnostiques et autres athées, créatures diaboliques s’il en est.

Ainsi, ne peut-on que sourire quand on lit sous le clavier de Delattre : « La défense de la laïcité constitue le souci de la majorité de nos correspondants. »

La laïcité a bon dos ! Elle ne s’appliquerait qu’à l’Islam, religion non concordataire !

On se fait une bonne idée du mental des correspondants des DNA quand on voit la relation que certains font entre le « voile » et « les grimaces, le port d’un masque.. » carnavalesques, dans une province où le carnaval est des plus vivaces du fait d’une ancienne tradition rhénane. Les musulmanes seraient donc déguisées…Et les religieuses catholiques et protestantes ? Et les Loubavitchs ?

L’un des correspondants ose même évoquer le « braquage de la poste d’Athis-Mons par deux hommes « burqagoulés » et Delattre, sérieusement, d’oser souligner le « beau néologisme » ! Du point de vue linguistique, certes, mais quel racisme !

Les répondeurs, tous spécialistes patentés de l’Islam, -« J’ai beau cherchér dans le Coran » -flics dans l’âme, et lecteurs quotidien du Quran, voient plus un « refus de présenter son identité » qu’une « contrainte religieuse » dans le port du voile. Police, vos papiers, et votre gueule!

Ils sont tous féministes bien entendu , contre « cet accoutrement d’un autre âge qui rabaisse les femmes ». Ils préfèrent évidemment les femmes déshabillées par les publicitaires, surtout par temps froid, sous les Abribus Decaux.

Et le journaliste de justifier par l’introduction aux citations l’avis majoritaire : « …la République française, une et laïque » (en Alsace ?) pratiquait l’assimilation.

Il faut la réciprocité : quand on va chez eux, on respecte leurs tradition, disent ceux qui passent des vacances dans tel hôtel ou club et qui ne rencontrent d’indigènes que faisant leur chambre le matin et servant les repas ou nettoyant les chiottes et les piscines.

Ces crétins oublient qu’il y a de nombreux Français musulmans et des convertis! Que viennent faire ici, chez eux, dans leurs fantasmes, comme chez Delattre, qui ne le précise à aucun moment, les étrangers ?

Ils ne savent donc pas que la Mosquée de Paris a été érigée en 1927, en remerciement pour la contribution de ces parias à la première guerre mondiale et à la victoire de la France ? Et ne savant-ils pas non plus que l’Islam est la seconde religion d’Alsace ?

Ils ne le savent que trop, et n’ont pas compris que les enfants et les petits-enfants des ex « bougnouls » sont installés chez nous, et les Turcs aussi et les Kurdes, et tous les autres d’Asie, d’Afrique d’Amérique, au cœur de nos villes et villages, et qu’ils épousent nos filles qui les trouvent beaux et exotiques, et aptes à « régénérer » la « race » française et “alsacienne de souche“.

Ils sont « féministes » nos islamophobes ! « La religion musulmane ne place pas l’homme et la femme sur le même pied ; » croient-ils. Ils ont vu des curés femmes ? Et des rabbins ? Et le Pape s’appelle papesse ? La France elle, et l’Alsace sont si féministes ! Au fait, combien de femmes meurent de coups dans les couples bien de chez nous? Et les salaires des femmes sont égaux à ceux des hommes, et combien de députées françaises à l’Assemblée nationale ?

Ils craignent une « islamisation rampante (sic!) de notre société ». Et voilà l’effet ici en Alsace d’une affiche d’Alsace d’Abord et d’autres du FN qui souillent les murs depuis 25 ans ! C’est bien connu, « la France (l’Alsace) sera une République islamique » dans X années. Depuis le temps que les racistes l’affirment, on n’a rien vu venir.

L’observance des préceptes religieux, ce n’est pas bien, surtout quand ils sont islamiques. Pas un mot des préceptes juifs pourtant plus nombreux (613).Mais patience, ça vient ! Et les femmes juives orthodoxes bientôt devront aussi ôter leur foulard ou leur perruque. Et on les forcera à serrer la main des hommes et à prendre un escalier mixte…

On en restera là, laissant au (à la) lecteur-trice le soin de commenter lui( elle) même les citations des répondants dans le second article des DNA.

On donne pour la fin et pour mesurer le degré de bêtise de certains cette phrase de P.W de Strasbourg :

« A force de tolérance, on sera bientôt obligé de se déchausser pour entrer dans une église ».

Demain, la Cathédrale de Strasbourg, tranformée en mosquée!

On lui conseille de consulter un psychanalyste !

lu dans les DNA

DNA 150210

http://www.dna.fr/acces/telechargement.php?file=/file/pdf/POFTE.07.0007.DNL.pdf

“A visage découvert

Neuf sur dix de nos lecteurs et internautes regrettent que le port du voile islamique soit admis dans les lieux publics en France. « Vivons à visage découvert » semble être leur devise.

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6326 votants

La question de la semaine dernière : Doit-on continuer à accepter la présence du voile islamique partout ou l’interdire dans les lieux publics ? Quel est votre avis ?
– L’accepter partout 496 votants soit 7 %
– L’interdire dans les lieux publics5718 votants soit 90 %
– Sans opinion 112 votants soit 1 %
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L’opinion de nos lecteurs et internautes est claire : pas de voile islamique dans les lieux publics. Afin de ne pas être accusés d’anti-islamisme, certains vont plus loin. Aucun signe religieux ostentatoire ne doit être toléré dans les lieux publics : ni croix, ni crucifix.
La défense de la laïcité constitue le souci de la majorité de nos correspondants. Les uns prétendent que la législation actuelle est claire. Qu’il suffirait de l’appliquer pour empêcher le port du voile. D’autres, comme Daniel Binder, de Strasbourg, souhaiteraient que notre pays adopte des lois similaires à celles de la Belgique. « Là-bas, écrit-il, une loi votée en 2005 stipule que “hors du temps de carnaval, nul ne peut se montrer masqué ou travesti dans les rues. Il est interdit sur le domaine public de se dissimuler le visage par des grimages, le port d’un masque ou tout autre moyen.” »

La peur de gangsters « burqagoulés »

A l’appui de cette interdiction, un récent fait divers que nous rappelle Roger Lançon, d’Eckbolsheim : « Le braquage de la poste d’Athis-Mons par deux hommes “burqagoulés” (beau néologisme !) milite en faveur d’une interdiction. Pour des raisons de sécurité toute personne circulant sur la voie publique ou un lieu ouvert au public doit le faire à visage découvert. »
Pour une majorité de nos répondants, le voile, mais surtout le niqab, le hidjab et la burqa sont plus assimilés à un refus de présenter son identité qu’à une contrainte religieuse. « Je suis contre cet accoutrement d’un autre âge qui rabaisse les femmes et relève d’une provocation inutile et dangereuse. J’ai beau chercher dans le Coran trace d’une sourate relative à ce sujet, rien », nous explique Paul-Antoine Muller, de Strasbourg.

Un repli communautaire

Pour résumer, jusqu’ici la République française, une et laïque, quoique d’inspiration judéo-chrétienne, justifiait sa réputation de terre d’accueil en assimilant les nouveaux arrivants. Dans certaines limites: « Quand on est accueilli dans un pays, nous écrit Élisabeth Meyer, de Munster, on respecte ses traditions. » « Quand nous nous rendons dans leurs pays, nous nous conformons à leurs règles. Pourquoi ne le font-ils pas chez nous ? » a-t-on souvent lu dans les courriels et courriers.
De plus, dans de nombreux pays musulmans sauf les plus intégristes, observent ceux qui ont voyagé, le port du voile, du niqab ou de la burqa est extrêmement rare.

Une forme d’esclavagisme

La perception du communautarisme est accentuée par le fait que la religion musulmane ne place pas l’homme et la femme sur le même pied: beaucoup considèrent que les vêtements incriminés rétrogradent les femmes, voire les transforment en esclaves.
Pour une majorité de nos répondants, si une partie de la communauté musulmane tente de se marginaliser, c’est pour constituer une force de pression sur notre société. Beaucoup regrettent en la matière un certain laxisme de nos cadres dirigeants et s’inquiètent de voir ses revendications augmenter progressivement au point d’arriver à un seuil intolérable. « Ne pas interdire le voile ou la burqa dans les lieux publics serait ouvrir la boîte de Pandore et permettre une islamisation rampante de notre société », explique Hubert Steck, de Haguenau. Seuil qui pourrait constituer la source d’un conflit grave entre la communauté nationale et le monde franco-musulman.
« L’exigence intransigeante de l’observance des préceptes édictés par la religion [musulmane] affirme la totale prééminence du religieux sur la société civile, renchérit Igor Uino, de Gueberschwihr. Cela n’est pas concevable (ni légalement, ni moralement) dans une société laïque. On peut même ajouter -puisque le mot de respect des croyances de l’autre est toujours brandi- qu’il s’agit là aussi d’un total manque de respect de ceux pour qui Dieu, foi et religion n’ont, en leur intime conviction, aucune raison d’être. »

Liberté religieuse

Si la laïcité demeure bien sûr privilégiée, il n’est pas question -chez l’ensemble de nos correspondants- de remettre en cause la liberté de culte : l’islam -modéré- est accepté comme les autres grandes religions monothéistes. « On peut être un bon musulman sans se déguiser. Une religion qui n’évolue pas, qui ne s’adapte pas, disparaîtra … », remarque Guy Merck, d’Altenstadt.
Le petit 7 % qui ne s’offusque pas du port du voile ou de la burqa nous rappelle qu’au moment de la séparation de l’Église et de l’État en 1905, le Parlement s’était déjà penché sur les signes religieux ostentatoires. Étaient visées principalement les soutanes du clergé catholique. Malgré un air du temps plutôt saturé de laïcité, aucune majorité n’était parvenue à les interdire. Pour les partisans de la liberté absolue, il n’y a pas lieu, plus de cent ans après, d’entamer un nouveau débat : une bonne soeur ou un curé ont tout autant accès à l’espace public qu’une femme voilée ou vêtue d’une burka. On nous fait aussi observer que, surtout à la campagne, le foulard ou le fichu font partie du quotidien des femmes. Il n’y a donc rien de choquant, commentent-ils.
Pour ces personnes, l’actuel débat sur l’identité nationale est beaucoup plus lourd de sens que celui sur le port du voile
Médiation : Bernard Delattre

Édition du Lun 15 fév. 2010

Écrits de nos lecteurs et internautes
L’exemple de la Belgique

M. V. (Beblenheim) : « Pourquoi ne citer que le voile islamique ? Ne conviendrait-il pas d’interdire tout simplement de se masquer le visage dans les lieux publics ? Avec une exception pour les carnavals et les bals des veuves bien sûr. C’est la solution adoptée par nos amis belges. »
Claude Wies (Wingen-sur-Moder) : « Si tout le monde se promenait en montrant son appartenance religieuse, vous vous rendez compte du désordre sur la voie publique ? »
J.M. H. (Sélestat) : « Revenant d’un pays à 95 % musulman (le Sénégal), j’ai rencontré moins de femmes voilées à Dakar qu’un jour de marché à Sélestat. »
Thomas Bishop-Garnier (Colmar) : « Il a fallu des siècles de combats pour s’affranchir des diktats religieux, pour pouvoir faire sa vie. Ce n’est pas une raison pour accepter aujourd’hui des accommodements avec tel groupe ou telle communauté. »

Respecter notre laïcité

M.-C.F. (Molsheim) : «Le voile islamique est le symbole de l’esclavage pour les femmes. Il est incompatible avec notre culture. L’intégration passe par une adaptation à la culture du pays d’adoption, même si celui-ci est tolérant.»
Gilbert Hueber (Colmar) : « Que le voile soit porté dans les pays islamiques d’accord. Mais pas en France. Dans les pays islamiques, il est interdit de porter des objets en cuir dans certains lieux, sur certaines plages et même dans certains hôtels. Le port du short est même interdit à la piscine. Nous respectons ces consignes et obligations. Que les musulmans respectent notre laïcité. »
G.L. (Strasbourg) : « Une loi existe déjà. Il est interdit de sortir le visage caché en dehors du carnaval. »
P.W. (Strasbourg) : « A force de tolérance, on sera bientôt obligé de se déchausser pour entrer dans une église. »
B.S. (Eschau) : « Quand je parle à quelqu’un, je ne regarde pas seulement ses yeux, mais son visage tout entier. »
L.K (Marlenheim) : « La religion ne peut pas prétendre diriger la France. La révolution de 1789 est passée par là. La République est souveraine et n’importe quelle religion doit s’adapter. »
Gilbert Erb (Alteckendorf) : « Nous avons vécu en Iran où ma femme portait le voile. Elle s’était habillée comme tout le monde là-bas, sans discussion. Que ces dames qui veulent habiter chez nous et surtout bien vivre comme nous se conforment à notre style d’habillement. »

Qu’est-ce qui dérange ?

Georges Abthaler (Fislis) : « Les pères musulmans qui conseillent le porte du voile à leur fille font aussi bien que les pères paysans alsaciens qui envoyaient leurs filles trop nombreuses dans les maisons religieuses pour leur faire porter le voile, ce que nous voyions encore fleurir il y a trente ans. »
I.D. (Weyersheim) : « Pourquoi interdire le voile ? Qu’est-ce qui dérange vraiment ? La différence ? C’est comme cela que commencent les ségrégations : on interdit le voile, puis les cheveux longs pour les hommes, ensuite les tatouages, les piercings, les rockeurs, les gothiques… Bref tout ce qui ne rentre pas dans le fameux moule que la France souhaite tant. »
Philippe Hoffmann (Steinsoultz) : « Le voile en soi est à peine plus grand que le fichu de nos bien-aimées grand-mères. Le problème du port du nidjab ou pire de la burka est très différent et est perçu comme contraignant et avilissant. Les interdits dans notre société sont de plus en plus excessifs. Quel sera le prochain interdit et pour qui ? »

Édition du Lun 15 fév. 2010

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Pour un dialogue avec une femme en colère… A Wassyla Tamzali https://la-feuille-de-chou.fr/archives/6321 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/6321#comments Sun, 14 Feb 2010 23:35:51 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=6321 Pour un dialogue avec une femme en colère…

(version 150210 11h45 avec les notes qui avaient disparu…)

A Wassyla Tamzali

En réponse à l’article publié dans SolidaritéS[1] sur la « Lettre d’Alger d’une femme en colère » de Wassyla Tamzali (Gallimard, 2009)

Nous ne faisons pas partie des « Européens désabusés » auxquels s’adresse Wassyla Tamzali dans sa « Lettre d’Alger » – et c’est pour cela que nous cherchons le dialogue avec elle . Mais nous regrettons et contestons ses erreurs de jugements et amalgames ou glissements de pensée qui favorisent des visions binaires piégées. Nous proposons de rechercher et défendre ensemble un cheminement vers une dynamique universaliste qui soit effective et se construise à partir de toutes les luttes d’ émancipation aux multiples composantes .

Nous partageons votre colère, Wassyla, contre tous ceux et toutes celles qui s’opposent à la liberté de conscience, tout en prétextant défendre de nobles causes ; nous rejetons comme vous le relativisme culturel qui au nom du combat contre les comportements (néo)colonisateurs imposent aux femmes la soumission à des systèmes culturels dits traditionnels violents et autres rapports de domination ; nous sommes révulsées par l’hypocrisie de nos gouvernants et de tous ceux qui – pour ne pas paraître islamophobes – sélectionnent des « islamistes modérés » promus au « mérite » dans le cadre de rapports « clientélistes », ou pire encore, couvrent des dictatures du monde musulman dès lors qu’elles sont riches en pétrole et prêtes à s’inscrire dans les jeux politiques des grandes puissances… Nous sommes en colère contre ceux qui transforment les révoltes et les luttes des jeunes des banlieues populaires ou celles des populations du Sud, notamment de Palestine, en guerres de religions, au lieu d’en souligner les dimensions sociales et politiques. Et surtout, parce que nous sommes des femmes et féministes convaincues, nous sommes en colère contre les féministes qui oublient la solidarité de base envers les femmes victimes de toutes les discriminations et qui enferment certaines catégories de femmes – musulmanes – dans un monde à part où des critères communs à tous les combats émancipateurs (l’autonomie de choix) ne s’appliqueraient pas…

Malheureusement, chacun de ces motifs de colère, apparemment partagés, se retournent en désaccords avec vous, Wassyla, lorsque votre « grille » de lecture des enjeux français vous aveugle sur les enjeux et vous fait perdre la cohérence des critères …

La cause en est simple : le port du voile n’est nulle part et jamais univoque, jamais indépendant de la personne qui le porte, du contexte – et bien des révolutions et combats féministes se développent aujourd’hui « sous le voile » ou sans voiles, au nom de l’islam contre les dictatures se revendiquant de « la sharia »[2]. Au-delà, Marjane Satrapi a fort bien exprimé l’enjeu du libre choix des femmes,[3] elle qui a si magnifiquement dessiné sa révolte contre le basculement de la révolution iranienne vers une dictature imposant notamment aux femmes le port du voile en Iran. Combien ont raconté, d’ailleurs, le renversement d’attitude des mêmes femmes qui hier – contre le Shah « occidentalisé » – décidaient de porter le voile et qui en combattent l’imposition aujourd’hui [4]

Que nous soyons de « culture musulmane » comme vous, ou pas, croyantes ou athées, nous refusons l’enfermement dans un communautarisme relativiste qui malheureusement est effectivement prôné par des courants dits « salafistes », en France comme ailleurs : notre défense de la laïcité[5] n’a pas besoin de qualificatif « ouvert » ou autres. Nikola Sarkozy s’est réclamé d’une laïcité « ouverte » en cherchant à instrumentaliser des imams pour rétablir « l’ordre » dans les banlieues en évitant, ce faisant, de désigner sa politique sociale combinée au racisme comme cause des révoltes. Notre conception de la laïcité vise l’application à l’islam de ce que la loi française de 1905 préconise, d’une part ; et surtout, compte sur l’école publique pour dépasser les replis communautaristes et impulser l’esprit critique source de toute émancipation. Vous faites donc un contre sens. La laïcité en France signifie la neutralité des appareils d’Etat en matière religieuse, c’est-à-dire leur séparation de tout pouvoir religieux, de toute Eglise, comme condition d’une liberté de conscience et de pratiques religieuses diverses que l’Etat doit protéger… La nouvelle loi de 2004 en France n’est pas l’application de ces principes : les usagers sont légalement) libres, en France, d’exprimer leurs croyances dans l’espace public, sociétal, tant qu’ils ne troublent pas l’ordre public ; la neutralité s’applique aux fonctionnaires de l’Etat et aux bâtiments… Et c’est pourquoi, en toute conscience et liberté, beaucoup de partisans de la laïcité ont discuté et contesté le bien-fondé de la Loi de 2004 – notamment la Ligue de l’enseignement et la Ligue des Droits de l’homme, comme notre Collectif des féministes pour l’égalité… Il faut d’ailleurs toujours (comme pour toute loi) en tirer le bilan : cette loi de 2004 a « libéré » non pas les femmes musulmanes, ni même atténué d’ailleurs le port du foulard : elle a polarisé les attitudes, à la fois plus de foulards portés et un racisme anti-musulman notamment et violemment exprimé contre les femmes voilées… Vous ne pouvez pas être insensible à cela, au nom du fait qu’ailleurs des femmes non voilées sont agressées par des intégristes. Ce sont toutes les violences – et les systèmes patriarcaux qui les portent – que nous devons, ensemble combattre. Et que des femmes voilées soient partie prenante de ce combat à part entière au cœur de l’islam est essentiel pour l’avenir…

Vous dites – et là, votre « grille » de lecture nous laisse pantoises ! – que cette Loi a été adoptée sans prendre en compte les enjeux du féminisme [6]… C’est l’inverse qui a dominé toute la campagne médiatique autour de cette loi – et c’est là un fait général en Europe : la « politisation du voile » a instrumentalisé la cause des femmes… Et vous devriez être, comme nous, ou comme Judith Butler, en colère contre ceux qui se découvrent soudainement « féministes » (ou défense des homosexuels…) quand il s’agit de l’islam.

S’il était démontré que tout musulmans se voulant fidèles à sa foi est condamnés à s’opposer à la liberté de conscience et à l’égalité des hommes et des femmes alors nous pourrions partager votre point de vue Mais ce point de vue est bien pessimiste et réducteur, : l’islam est, comme toutes les religions, à la fois complexe et traversée de courants de pensée contradictoires. Il est sûrement profondément marqué par des violences subies et par le constat que des courants dominants dans le monde musulmans prenant le contre-pied de tout ce qui peut paraître « occidental » (donc colonisateur) : le « féminisme », la « démocratie », la « laïcité », la « liberté de conscience » et donc toute critique des religions sont donc rejetés au nom de « l’islam »… Mais, en Iran dans l’opposition au régime actuel, comme partout dans le monde musulma,n et « occidental » ce dualisme faux et piégé (« Occident/Islam ») est et doit être rejeté. Pas plus « l’Occident » que « l’islam » ne recouvrent des mondes homogènes, des « civilisations » sans conflit majeur… des résistances porteuses d’ ‘émancipation individuelle et collective : c’est de ce cheminement multiple vers des valeurs universelles d’émancipation de libertés et de justice sociale que réclamons.

Marie-Laure Bousquet, Ismahane Chouder, Monique Crinon, Catherine Samary

membres du Collectif des Féministes pour l’Egalité (CFPE), France


[1] SolidaritéS, Suisse, n° 161, 18/01/2010, p.12. Article de Anna et Urs Spillmann http://solidarites.ch/journal/index.php3?action=4&id=4162&aut=689

[2] Il faut lire Fariba Adelkhah « La révolution sous le voile – femmes islamiques d’Iran » Karthala ; mais aussi suivre la campagne « un million de signatures » en Iran, qui unit des femmes athées et des croyantes. Lire aussi « Musulmanes et modernes – voile et civilisation en Turquie » de Nilüfer Göle. Mais aussi, concernant la diversité des combats féministes parmi les musulmanes françaises, « l’une voilée, l’autre pas » Dounia Bouzar et Saüda Kada, Albin Michel ; cf. aussi « les filles voilées parlent », Ismahane Chouder, Malika Latrèche, Pierre Tévanian, La Fabrique, 2008

[3] http://mapage.noos.fr/marjane.persepolis/frameparoles.html

[4] L’avocate féministe iranienne, et prix nobel de la paix, persécutée par les intégristes a pris la même position que Marjane Satrapi dès novemlbre 2003 contre les projets de loi interdisant le port du foulard dans les écoles en France et autres pays d’Europe

[5] Nous partageons l’interprétation qu’en donne la Ligue des Droits de l’Homme ou la Ligue de l’Enseignement en France ; cf. leurs sites et publications respectifs. Cf. également « 1905-2005 – les enjeux de la laïcité », l’Harmattan et le site « islam & laïcité ».

[6] Sur le « climat » idéologique derrière la Loi de 2004, cf. notamment « Le foulard islamique en questions », Ed. Amsterdam, 2004. Voir aussi le site de Pierre Tévanian, Les mots sont importants (lmsi)

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Commission Nationale consultative sur les DH (CNCDH) défavorable à une loi sur le voile intégral… https://la-feuille-de-chou.fr/archives/5627 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/5627#respond Mon, 01 Feb 2010 21:41:14 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=5627

COMMISSION NATIONALE CONSULTATIVE

DES DROITS DE L’HOMME

Avis sur le port du voile intégral

(Adopté par l’Assemblée plénière du 21 janvier 2010)

1.. A la suite d’une proposition de résolution de M. André Gerin[1], une mission d’information parlementaire a été créée sur la pratique du port de la burqa ou du niqab sur le territoire national, rebaptisée par la suite mission d’information parlementaire sur le port du voile intégral. Celle-ci a été instituée afin d’établir « un état des lieux de la pratique du voile intégral en France » et d’examiner « ses conséquences concrètes dans la vie sociale » et « son articulation avec les principes de la République française et, en particulier, celui de la liberté et de la dignité des femmes ». Le rapport de cette mission doit être rendu fin janvier 2010.

2. La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) veille au respect des droits de l’homme, en tant que principes indivisibles et universels. En l’espèce, une intervention législative pourrait mettre en jeu les principes de liberté de pensée, de conscience et de religion, de droit au respect de la vie privée, et de liberté d’aller et venir. En prenant en compte la pluralité des positions sur un sujet aussi complexe, la CNCDH entend préciser quelques principes.

3. La CNCDH rappelle que dans une société libérale, toute restriction aux droits garantis par la Constitution et par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales et par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, notamment le droit au respect de la vie privée et familiale, la liberté de pensée, de conscience et de religion, la liberté d’expression et la liberté de circulation doit être prévue par la loi, et constituer une mesure nécessaire, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui[2]. En ce sens, la loi doit être de portée générale, égale pour tous, et ne pas viser de situations particulières, conformément à l’article 34 de la Constitution. A cet égard, les lois d’exception comme les lois de circonstances doivent, dans la mesure du possible, être soigneusement évitées.

4. C’est donc à l’aune du principe de nécessité que doit être jugée une intervention législative. Tout projet ou proposition de loi doit veiller à ce que les effets pervers ne soient pas supérieurs aux effets souhaités, et que les atteintes portées à la liberté de pensée, de conscience et de religion, au droit au respect de la vie privée, et à la liberté d’aller et venir soient strictement nécessaires, et proportionnés au regard du but qui les fonde.

  • Port du voile intégral et respect de l’ordre public

5. Des limitations à la liberté de religion peuvent être fondées sur la nécessité de prévenir les troubles à l’ordre public[3]. Le port du voile intégral dans les espaces publics peut être, dans certaines situations, une atteinte à l’ordre public. Ainsi, la prohibition ponctuelle du port du voile intégral lorsque l’identification de la personne est nécessaire, par exemple au guichet de banques, pour des parents allant chercher leurs enfants à l’école, ou au sein d’hôpitaux peut être justifiée et nécessaire au regard de l’ordre public. Sur ce fondement, l’autorité réglementaire compétente peut prendre un acte administratif prohibant le port du voile intégral.

6. Une telle prohibition du port du voile intégral ne peut être que limitée dans l’espace et dans le temps, et en raison de circonstances particulières. Dans un certain nombre de cas, cette prohibition est déjà appliquée. Une prohibition du port du voile intégral dans tous les espaces publics sur le fondement de l’ordre public ne saurait, sauf à étendre abusivement cette notion, être justifiée ni être considérée comme nécessaire dans une société démocratique, eu égard notamment à la gravité des atteintes aux droits de l’homme qu’elle occasionnerait.

  • Port du voile intégral et atteinte à la dignité

7. La CNCDH souligne que le port du voile intégral lorsqu’il est imposé, est constitutif d’une atteinte à la dignité de la personne humaine. Ce vêtement apparaît pour beaucoup comme une contrainte sociale, que l’on peut considérer comme une forme d’oppression. Par ailleurs, la CNCDH comprend que l’absence de possibilité d’identification pose un certain nombre de problèmes au regard des principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité. L’impossibilité de distinguer le visage des femmes portant le voile intégral peut ainsi être perçu comme une négation de leur personnalité, et comme un refus de communication avec autrui ; en somme, le port du voile intégral rend la femme invisible aux autres et limite ses possibilités de relations sociales, cela empêchant, selon certains, que les femmes puissent y exprimer leur identité.

8. A ce titre, la CNCDH rappelle que l’égale dignité des hommes et des femmes est consacrée par plusieurs textes de droit interne et international. Ainsi, le préambule de la constitution de 1946 rappelle dans son article 3 que la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme. De même, la Charte des Nations Unies et l’ensemble des traités internationaux garantissent une égalité effective des femmes et des hommes. En outre, la Convention pour l’élimination des discriminations envers les femmes du 18 décembre 1979, ratifiée par la France le 14 décembre 1983, prévoit à l’article 5 que les Etats « prennent toutes les mesures appropriées pour modifier les schémas et modèles de comportement socioculturel de l’homme et de la femme en vue de parvenir à l’élimination des préjugés et des pratiques coutumières, ou de tout autre type, qui sont fondés sur l’idée de l’infériorité ou de la supériorité de l’un ou l’autre sexe ou dun rôle stéréotypé des hommes et des femmes ».

9. Cependant, la gravité de cette atteinte à la dignité diffère selon que le port du voile intégral est revendiqué comme volontaire ou non, et, si certaines personnes portant le voile intégral partagent l’idée d’une infériorité de la femme, le vêtement en lui-même ne peut être purement et simplement assimilé à une idéologie. A ce titre, concernant les femmes revendiquant un port du voile intégral volontaire, il apparaît difficile de s’assurer de leur consentement réel, et des influences qu’elles ont pu subir. De plus, il est complexe de distinguer les femmes qui portent le voile intégral de manière revendiquée, des femmes qui le portent de manière subie. En ce sens, l’endoctrinement de certaines personnes peut, dans une certaine mesure être assimilable à une dérive sectaire.

10. La prohibition du port du voile intégral pour des personnes revendiquant pleinement cette pratique pourrait aussi être regardée comme portant une atteinte à leur liberté de conscience. Par ailleurs, les femmes subissant le voile intégral se verraient doublement punies, dans la mesure où une loi risquerait de porter atteinte à leur liberté de circulation. De plus, les personnes imposant aux femmes le port du voile intégral pourraient continuer à jouir de tous leurs droits, alors même que celles qui en seraient victimes subiraient une véritable discrimination. Une loi prohibant le port du voile intégral dans les espaces publics risquerait donc d’avoir, en pratique, des effets pervers, et ne pas être proportionnée aux buts en vue desquels elle a été créée. Sans se prononcer à ce stade sur l’opportunité d’une loi ayant un champ d’application plus réduit, la CNCDH entend rappeler que le soutien aux femmes qui subissent des violences doit être une priorité politique, conformément à la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes[4], ce qui pourrait être une mesure plus appropriée pour protéger le droit à la dignité des femmes portant le voile intégral.

  • Port du voile intégral et laïcité

11. La CNCDH rappelle son attachement au principe de laïcité. Consacrée depuis plus d’un siècle, la laïcité constitue ainsi une valeur fondatrice de la République française, conciliant la liberté de conscience, le pluralisme religieux et la neutralité de l’Etat[5]. La laïcité semble aujourd’hui faire l’objet de deux dérives contradictoires. D’une part, certains tendent à réduire le principe de laïcité à un simple principe de tolérance, justifiant un repli communautariste. D’autre part, certains semblent réclamer aujourd’hui un rejet de tout signe religieux dans l’espace public. Or, non seulement la République « assure la liberté de conscience » mais en outre elle « garantit le libre exercice des cultes » (article 1er de la loi de 1905), la République respectant « toutes les croyances » (Article 1er de la Constitution)[6]. La séparation des Eglises et de l’Etat ne doit donc pas être comprise comme visant à l’éviction hors de l’espace public de toute manifestation d’une conviction religieuse, mais comme l’affirmation d’une différence de nature entre d’une part la poursuite, par un ou plusieurs individus, d’un engagement intime qui leur est propre (l’adhésion à une croyance et les manifestations collectives possibles de cette adhésion) et d’autre part la participation du citoyen à la vie politique, c’est-à-dire aux affaires « publiques ». Ainsi doit être comprise la distinction fondamentale entre « sphère privée » et « sphère publique »[7]. Si, dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit en application du principe de laïcité[8], il ne pourrait servir à lui seul de fondement à une prohibition du port du voile intégral.

Eu égard au principe de laïcité, il n’appartient pas à l’Etat de déterminer ce qui relève ou non de la religion.

  • Prohibition du voile intégral et stigmatisation

12. Par ailleurs, la CNCDH s’inquiète d’un débat qui risque d’assimiler l’ensemble des musulmans à une minorité radicale, même si la doctrine islamique majoritaire ne considère pas que le port du voile intégral soit une prescription religieuse. La CNCDH a déjà, à maintes reprises, dénoncé la stigmatisation qui tend à se développer à l’encontre des musulmans[9], et entend prévenir toute mesure favorisant l’hostilité à leur égard. Par ailleurs, la CNCDH pense qu’une loi prohibant le port du voile intégral, très probablement perçue et vécue comme anti-musulmane, risquerait de renforcer l’audience et l’influence de ces mouvements radicaux qu’il convient de condamner.

13. A ce titre, la CNCDH estime que le port du voile intégral peut être l’expression d’une réaction à un sentiment de discrimination et de marginalisation qu’il ne faudrait pas encourager. C’est pourquoi, bien plus qu’une loi spécifique, un travail de médiation et de dialogue social pourrait permettre de régler un certain nombre de difficultés liées au port du voile intégral, et, dans une certaine mesure, permettre de modifier les pratiques de port du voile intégral qui sont fondées sur l’idée de l’infériorité ou de la supériorité de l’un ou l’autre sexe ou d’un rôle stéréotypé des hommes et des femmes.

14. La CNCDH craint un regain de controverses internationales au sein des organisations internationales de promotion et de protection des droits de l’homme qui avaient émergés à la suite de la loi du 15 mars 2004, alors que le contexte actuel, apaisé, encourage à la prudence et à la mesure.

15. La CNCDH estime nécessaire de faire œuvre de pédagogie, dès l’école, afin de permettre de faire une distinction nette entre la connaissance et la croyance, et de permettre à tous de mieux comprendre les religions et la laïcité en tant que faits historiques et faits sociaux, et de poser les bases d’un vivre ensemble.

A ce titre, la CNCDH souligne que l’éducation aux droits de l’homme, et les cours d’éducation civique, juridique et sociale doivent être une priorité, en visant les femmes et les hommes, afin de permettre la participation de tous à la vie de la cité, dans un esprit d’ouverture.

  • Applicabilité d’une prohibition du port du voile intégral

16. La CNCDH souligne qu’une prohibition du port du voile intégral peut sembler difficile à mettre en œuvre en pratique. Il conviendrait à cet égard de prendre en compte les risques qu’une intervention législative pourrait entraîner pour les intérêts français et les Français à l’étranger.

17. La rédaction d’une loi ne serait pas sans poser de problème. Concernant les personnes à qui cette loi s’appliquerait, il conviendrait de déterminer si la prohibition du port du voile intégral vise les ressortissants français, les candidats à la naturalisation, les résidents de longue durée, les détenteurs de visa de courte durée, ou les touristes…

18. Par ailleurs se pose la question de savoir quelle serait la définition ou la description objective du vêtement incriminé et ou s’arrêtera l’interdiction.

19. De plus, concernant le champ d’application territoriale d’une prohibition du port du voile intégral, plusieurs espaces peuvent être concernés : si le domicile semble exclu, au nom du droit à l’intimité, les notions d’espace public et d’espace privé restent à définir.

20. Enfin, concernant les effets juridiques d’une éventuelle prohibition, il conviendrait de déterminer les sanctions prévues (amende, confiscation du vêtement litigieux), et les personnes étant visées par la loi (les femmes portant le voile intégral, leurs familles, ou leurs proches), ainsi que les cas d’aggravation de la peine, notamment pour la récidive.

21. Sur le plan international, avant toute intervention législative, il convient de prendre en compte que les arguments invoqués et les dispositions adoptées risquent d’être transposés dans des pays étrangers, avec des objectifs diamétralement opposés. L’idée que chaque Etat est souverain pour imposer des codes vestimentaires, ou pour définir ce qui est conforme à la moralité ou à la dignité de la femme, peut introduire le relativisme juridique allant à l’encontre de l’universalisme des droits de l’homme, et de l’égalité entre les sexes.

22. Au regard de l’analyse de tous ces éléments et du dispositif normatif existant, la CNCDH n’est pas favorable à une loi prohibant le port du voile intégral.

La CNCDH formule en conséquence les recommandations suivantes visant à guider les réflexions du Gouvernement et du Parlement sur le port du voile intégral :

1. En premier lieu, la CNCDH n’est pas favorable à une loi prohibant de manière générale et absolue le port du voile intégral.

2. Elle rappelle que le soutien aux femmes qui subissent toutes forme de violence doit être une priorité politique.

3. Elle préconise, afin de lutter contre toute forme d’obscurantisme, d’encourager la promotion d’une culture de dialogue, d’ouverture et de modération, afin de permettre une meilleure connaissance des religions et des principes de la République.

4. Elle appelle au renforcement des cours d’éducation civique – y compris l’éducation et la formation aux droits de l’homme – à tous les niveaux, en visant les hommes et les femmes.

5. Elle demande la stricte application du principe de laïcité et du principe de neutralité dans les services publics, et l’application des lois existantes.

6. Elle souhaite que, parallèlement, des études sociologiques et statistiques soient réalisées, afin de suivre l’évolution du port du voile intégral.

*****

(Résultat du vote en Assemblée plénière – pour : 34 voix ; contre : 2 ; abstention : 0)


[1] Proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur la pratique du port de la burqa ou du niqab sur le territoire national du 9 juin 2009.: http://www.assemblee-nationale.fr/13/pdf/propositions/pio…

[2] Article 9 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales

Liberté de pensée, de conscience et de religion

1. Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.

2. La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire lobjet dautres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de lordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés dautrui.

Article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques :

1. Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté davoir ou dadopter une religion ou une conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, individuellement ou en commun, tant en public quen privé, par le culte et laccomplissement des rites, les pratiques et lenseignement.

2. Nul ne subira de contrainte pouvant porter atteinte à sa liberté davoir ou dadopter une religion ou une conviction de son choix.

3. La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire lobjet que des seules restrictions prévues par la loi et qui sont nécessaires à la protection de la sécurité, de lordre et de la santé publique, ou de la morale ou des libertés et droits fondamentaux dautrui.

4. Les Etats parties au présent Pacte sengagent à respecter la liberté des parents et, le cas échéant, des tuteurs légaux de faire assurer léducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs propres convictions.

[3] La Cour européenne des droits de l’homme considère ainsi que des exigences de sécurité individuelle ou collective peuvent justifier une limitation de la liberté de religion. Elle a décidé que les sikhs pratiquants portant le turban pouvaient être obligés de l’ôter afin de pouvoir porter un casque lorsqu’ils circulent à moto (X c. Royaume-Uni, no 7992/77, décision de la Commission du 12 juillet 1978, Décisions et rapports (DR) 14, p. 234), ou encore afin de pouvoir se soumettre aux contrôles en vigueur à l’entrée des consulats (El Morsli c. France (déc.), no 15585/06, 4 mars 2008 ou des aéroports (Phull c. France (déc.), no 35753/03, CEDH 2005-I, 11 janvier 2005).

[4] Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, 21 décembre 1993 :

http://www2.ohchr.org/french/law/femmes_violence.htm

[5] Avis en réponse à la consultation du Bureau du Haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies sur le suivi par la France de la Résolution 7/19 du Conseil des droits de l’homme du 27 mars 2008 sur « la lutte contre la diffamation des religions », (Adopté par l’Assemblée plénière du 12 juin 2008), http://www.cncdh.fr/IMG/pdf/08.06.12_Avis_diffamation_des…

[6] Art. 1. de la Constitution de la V° République :

« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure légalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction dorigine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.. »

[7]La laïcité aujourd’hui, rapport d’étape de la CNCDH, http://www.cncdh.fr/IMG/pdf/La_laicite_aujourd_hui.pdf

[8] loi du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics :

http://legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEX….

A ce propos la CNCDH avait fait valoir : « La loi du 15 mars 2004 sur le port de signes religieux ostensibles dans les écoles publiques – primaires et secondaires – doit être appréhendée dans ce contexte. Issu d’une réflexion collective approfondie menée par une commission de Sages, présidée par le Médiateur de la République, ce texte ne doit pas être conçu comme une mesure discriminatoire à l’égard des religions dans leur ensemble ou d’une religion en particulier. Il a pour objectif de réaffirmer le principe de laïcité qui garantit la liberté de conscience et le pluralisme religieux dans l’espace public, en assurant la liberté de chacun de s’exprimer et de pratiquer sa religion. Si la loi interdit les signes religieux ostensibles, cest-à-dire les signes et tenues dont le port s’apparente à une forme de prosélytisme religieux excessif, elle autorise les signes discrets d’appartenance religieuse ».

Avis en réponse à la consultation du Bureau du Haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies sur le suivi par la France de la Résolution 7/19 du Conseil des droits de l’homme du 27 mars 2008 sur « la lutte contre la diffamation des religions », 12 juin 2008 :

http://www.cncdh.fr/IMG/pdf/08.06.12_Avis_diffamation_des…

[9]Etude sur « l’intolérance et violences à l’égard de l’Islam dans la société française », 31 octobre 2003 http://www.cncdh.fr/IMG/pdf/Etude_Intolerance_a_l_islam_2…

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Mettre les voiles… https://la-feuille-de-chou.fr/archives/5320 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/5320#comments Wed, 27 Jan 2010 13:59:27 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=5320

rencontre voilée au Christkindelsmärik

Rapport de la Mission d’information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national (658 pages…)

Ouvrir
http://www.assemblee-nationale.fr/13/pdf/rap-info/i2262.pdf

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Identité nationale https://la-feuille-de-chou.fr/archives/5064 https://la-feuille-de-chou.fr/archives/5064#respond Mon, 18 Jan 2010 20:38:22 +0000 http://la-feuille-de-chou.fr/?p=5064 Communiqué de presse des Panthères roses – lundi 18 janvier 2010

Lors du dernier débat parisien sur l”identité nationale” au Cercle Foch, des Panthères roses sont allées exprimer à Eric Besson et à l’UMP ce que ce “débat” leur inspire : la nausée.

Identité nationale : la nausée

A la recherche d’un mythe perdu, d’une identité blanche qui se rêve dans un village de province – l’église surplombant le tableau – Nicolas Sarkozy et Eric Besson « débattent » d’« identité nationale ».

Pendant ce temps, les discriminations à l’embauche et les violences policières – en particulier à l’encontre des plus « bronzéEs » – vont bon train. Des débats publics à l’emporte-pièce agitent le chiffon rouge « islam » à tout va et les tensions intercommunautaires enflent.

Evoquer la France et sa grandeur, le patrimoine et la tradition comme autant de slogans rassembleurs est certes bien pratique pour cacher la misère en temps de crise. Mais dans ce « débat sur l’identité nationale », c’est le racisme « bien pensant » qui s’exprime parmi les politiques. Des « quand il y en a un, ça va » d’Hortefeux au verlan et la casquette à l’envers du « jeune musulman » de Morano, le visage méprisant et xénophobe de l’UMP au pouvoir crève l’écran.

Le terrain était bien préparé : il y avait déjà les jeunes de banlieue stigmatisés au Kärcher, l’Afrique sans Histoire, les quotas grandissants d’expulsion de sans-papierEs et les modifications successives des codes régissant l’entrée et le séjour, sans parler de l’interdiction du port du voile à l’école sous prétexte de « dignité des femmes ».

Des « débats » qui n’ont pas lieu d’être, tels que l’interdiction de la burqa ou des minarets, instaurent un climat insupportable de stigmatisation des musulmanEs et particulièrement des arabes.

Ces 20 dernières années, les « autres », celles et ceux qui ne sont pas « comme tout le monde » (trop voilées, trop immigréEs, trop casher, trop hallal…) n’ont cessé d’être stigmatiséEs. Cette transformation des « autres » en fauteurSEs de troubles est bien le même procédé que celui utilisé en 1998 lors des débats sur le PACS, puis en 2004 lors du débat sur l’ouverture du mariage, où l’on reprochait aux homosexuelLEs de se « ghettoïser », quand nous ne réclamions que l’égalité des droits.

Trans, gouines, pédés, nous avons aussi à subir ce double discours qui nous exhorte à la discrétion et à la modération d’un côté, et nous refuse de l’autre le principe élémentaire d’égalité des droits (ouverture du mariage et de la parentalité aux homos, changement d’état civil sans obligation de stérilisation pour les trans).

Nous n’avons pas besoin de débattre en France d’une identité nationale surannée. Nous avons besoin de politiques volontaristes pour l’égalité des droits quel que soit lieu de naissance, la religion, la couleur de peau, le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’état de santé. Nous avons besoin de politiques éducatives d’ampleur contre le racisme, l’antisémitisme, le sexisme, l’homophobie, la transphobie, la lesbophobie, qui vont au-delà de bonnes intentions et d’incantation à la tolérance. Nous avons besoin d’urgence d’une politique de redistribution des richesses. Commençons déjà par supprimer le ministère de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale.

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