Hier, mercredi après-midi, à 16h15, au cinéma Star de Strasbourg, dans la plus petite salle, il y avait sept (7) personnes pour le film d’Alain cavalier, Irène, et encore, l’une d’elle est partie avant la fin.

Au rythme des séances, dès la première (et probablement dernière semaine) faut se dépêcher d’aller le voir,* IRENE de Alain Cavalier (1h25) – Dolby Stereo SR Séances : 13h45 (16h15 mer) 18h10 19h45 (21h20 mer) si on aime ça, ou si on veut découvrir, les images de cette nouvelle caméra-stylo, numérique, au poing gauche du cinéaste solitaire.

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Si le cinéma, c’est de la lumière et de l’ombre, des reflets, des fantômes, du son, un narrateur à la première personne, des souvenirs qui remontent, une mémoire fixée, à la fois, la plus privée, donc la plus universelle et publique, pour lutter contre la mort et l’oubli, alors Irène, bien après l’accident de sa compagne, un dispositif de deuil, un peu comme Quelque chose noir, de Jacques Roubaud, filmé d’après les carnets du réalisateur, de 1970, 1971,1972, est ce qu’il ne faut pas manquer.

Le film est produit avec peu de moyens. Une pastèque et un œuf posés sur un bureau et voilà un accouchement difficile. Une boite vide figure la stérilité.

La voix du réalisateur lit des pages de carnets (filmés comme l’écriture chez Godard) échappés au feu d’un camping-gaz.

La scène, quasi primitive, de l’accident, ou de ce qui le précède, revient plusieurs fois, comme une reconstitution, où l’on se prend à penser qu’il aurait suffit d’une tout petit décalage temporel pour que la chose n’ait pas eu lieu, mais l’idée d’un suicide est aussi évoquée.

Le déplacement, au sens freudien, est fréquent : la mer, pour un lac vosgien.

Les plans les plus beaux, outre les reflets, nombreux, sont ceux d’édredons à forme humaine, où l’on croit, comme l’auteur, voir en ses postures, figée, l’absente.