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Pour une culture religieuse transmise par l’école laïque

« Je partage avec le Pr François Heim (DNA du 22 février) le constat de carence de la transmission d’une culture religieuse à l’Ecole. J’ai également déploré cette carence quand il s’est agi de présenter à mes élèves la thèse de Max Weber sur la place de l’éthique protestante dans le développement du capitalisme.

Nous divergeons sur les réponses à y apporter.

Rappelons d’emblée que ce champ de transmission existe même s’il aurait besoin d’être développé. Notons aussi que les carences des élèves d’Alsace et de Moselle semblent tout aussi importantes que dans les départements de l’intérieur où l’heure de religion chrétienne ou juive n’existe pas. Ce qui ne saurait nous étonner quand comme nous le rappelle le Pr F. Heim les clercs eux-mêmes ont eu tendance à déserter cette transmission au profit de discussions « humanitaires » pour lesquels ils n’étaient pourtant pas certifiés.

La mise en place de l’heure d’Eveil Culturel et Religieux dans certains lycées au lieu de l’enseignement confessionnel religieux a accentué cette dérive.

La culture religieuse n’est d’ailleurs pas la seule à pâtir de défauts de transmission. Les cultures latine et grecque notamment ont elles aussi subi le contrecoup des restrictions budgétaires qui ont abouti à la quasi disparition de l’enseignement du latin et du grec dans le secondaire. Cela aussi rend difficile la compréhension critique de bien des œuvres d’art. Hésiode ou Cicéron n’ouvrent-ils pas à un questionnement qu’on ne saurait négliger au seul profit de la culture chrétienne ?

La proposition de Régis Debray visant à développer l’enseignement du fait religieux à l’école publique n’a sans doute pas connu une réponse d’une ampleur souhaitable. Pour autant ce n’est ni incompétence, ni défaut d’objectivité des professeurs de l’enseignement public et on voit mal que la relève par des « instances autres » c’est-à-dire non laïques, comme le propose encore le Pr. Heim puisse davantage garantir, cette nécessaire objectivité.

Pour l’heure, contrairement à ce qu’il affirme, aucun monopole d’enseignement n’est attribué à une famille d’esprit, laïcité et objectivité ne déterminent nulle famille de croyance mais des conditions élémentaires du vivre ensemble. La référence à une « laïcité alsacienne » ne pointe en fait qu’un refus de la laïcité républicaine. La laïcité alsacienne n’existe pas. Seul existe en Alsace et en Moselle un régime des cultes qui fait exception à la laïcité telle que le Conseil constitutionnel l’a définie dans sa toute dernière décision du 21 février 2013. »
par Bernard Anclin, professeur de sciences économiques et sociales retraité B.A., publié le 27/02/2013 à 05:0