1391847_224726594360587_547431945_nPôle emploi modifie en profondeur son organisation autour du contrôle de la recherche d’emploi. 

Eté 2013, deux ans avant le fin du Pôle emploi 2015 (outil opérationnel de la convention tri-partite Etat / Unédic / Pôle emploi ), les tests préalables à la mise en place de la “police privée de PÔLE EMPLOI “ sont en phase de lancement avec un retard sans surprise d’environ 2 mois.

Trois régions participent à ce laboratoire.

La Haute Normandie en fait partie et y a réservé trois de ses sites.

Le contrôle de la recherche d’emploi n’est pas une nouveauté. Elle est inscrite au Code du travail et était menée, avant Pôle emploi,

– par l’ANPE, essentiellement par le Conseiller chargé du suivi ou de l’accompagnement de la personne, donc au faîte de l’histoire de cette personne et de ses particularités,

– par l’Assedic dans le cadre de contrôles sporadiques de ses dépenses liées aux versements des Allocations de Retour à l’Emploi ou à la préparations de dossiers de demande de remise de dettes par exemple par les Allocataires,

– par l’ex DDTEFP ( actuelle DIRECCTE ), composée de fonctionnaires de l’Administration Centrale protégés par leur statut des pressions de tout bord, y compris d’origine hiérarchique, elle déterminait la lourdeur des sanctions pour les cas qui lui étaient soumis.

Ce qui va changer : 

Les tests mis en place ne touchent pas au fondement législatif du contrôle de la recherche d’emploi par Pôle emploi voir art. L5412-1 1 du code du travail

Ils visent une rentabilité excessive de la masse salariale consacrée à ce contrôle.

Pour ce faire, les tests mettent en place une concentration d’agents Pôle emploi en un même lieu (plateforme interne ou externe) et un isolement de la fonction de contrôle. Ainsi, tous les agents d’une même plateforme serviront une même fonction : le contrôle.

Cet hyper spécialisation d’agents, obéissants à la même règle, concentrés en un endroit clos, auxquels est confiée une unique mission, sous les ordres d’un responsable hiérarchique à qui l’institution demandera des comptes, peut être décodée comme “prémisses” d’une soumission librement consentie dès lors que l’application de la règles s’exerce au détriment d’êtres humains avec lesquels, ceux qui “tiennent les manettes” ne sont pas en contact direct, ne connaissent pas, si ce n’est par dossiers informatisés ou entretiens téléphoniques, ceux sur lesquels ils exercent leurs actions coercitives.

Le mot “coercition” est le mot utilisé par la Direction Générale de Pôle emploi dans le déroulé de son argumentation préalable à la mise en place des Plateformes de Contrôle de la recherche d’emploi.

Ainsi, et toujours selon l’argumentaire de la DG Pôle emploi, la plateformisation du contrôle permettrait aux Conseillers qui suivent les Demandeurs d’Emploi, de mieux les accompagner, étant débarrassés de leur fonction de “contrôleur”. Exactement, dans le texte de la Direction Générale : ” … le Conseiller n’étant plus considéré comme juge et partie”.

Solidaires Sud Emploi Haute Normandie a une approche bien différente !

Nous prétendons qu’en recherchant une meilleur efficacité dans l’application de l’article L5412-1 1 sur le contrôle de la justification de recherche d’emploi, c’estPôle emploi dans son ensemble qui renforce sa position de “juge et partie”.

Nous prétendons que Pôle emploi n’hésite plus à centrer son action sur les aspects comptables et financiers tout en communiquant publiquement sur l’efficience supposée de son nouvel accompagnement (très proche d’ailleurs de celui que l’ANPE pratiquait avant le SMP).

Nous prétendons qu’il est certain qu’en instaurant une distance émotive entre le Conseiller Contrôleur et la personne privée d’emploi, Pôle emploi vise un gain des radiations.

Nous prétendons qu’en annonçant aux Conseillers de terrain que leur travail est allégé des tâches liées au contrôle de la recherche d’emploi, il leur sera demandé un meilleur rendement qui se traduira par une pression pour l’obtention de meilleurs résultats en terme de sorties (c à d, sorties des statistiques sur le nombre des Demandeurs d’Emploi inscrits en Fin de Mois DEFM).

Nous prétendons que la manœuvre se traduira aussi, soit par la diminution de la durée des entretiens, soit par l’ajout de tâches à réaliser en cours d’entretien.

Nous prétendons que c’est bien auprès de son Agence Pôle Emploi habituelle, et en particulier à l’accueil, que le Demandeur d’Emploi, cible d’enquêtes intrusives de plus en plus nombreuses, viendra exprimer avec plus ou moins de retenue son mécontentement.

Nous prétendons que les accueils des Pôle emploi ne peuvent plus faire face aux risques engendrés par les montés d’agressivité quotidiennes.

Pourquoi en arrive-t-on là ?

D’abord, parce que mettre en oeuvre la police des privés d’emploi faisait partie intégrante des objectifs de la fusion. C’était un des rêves de Sarkozy dont nous notons avec grand regret, mais sans surprise, qu’il n’ait pas été abandonné par le gouvernement actuel.

Ensuite parce qu’il s’agit d’un problème de “gros sous” : le déficit de l’UNEDIC devient abyssal. Il s’élève aux alentours de 18 milliards d’Euros.

Pourquoi ce chiffre ? Il est, bien entendu, lié au chômage de masse, conséquence des politiques économiques ultralibérales menées en Europe et en France en particulier.

Mais il est aussi la conséquence directe du coût de la fusion supporté à plus de 60% par le budget de l’UNEDIC.

Ainsi, le contrôle va devenir une activité à part entière assurée par des agents détachés sur plateformes internes ou externes, non protégés par un statut public, qui, mécaniquement, manqueront aux effectifs des agences recevant du public. Effectifs bien entendu non compensés.

En conclusion.

Sachant que, dans Pôle emploi, une expérimentation n’est toujours qu’un préalable à une mise en place inéluctable, SOLIDAIRES Sud Emploi Haute-Normandie dénonce la création d’une police anti-chômeur au sein de notre établissement.

Cette création est d’autant plus choquante qu’elle stigmatise le privé d’emploi déjà bien assez montré du doigt.

Nous tenons, encore une fois, à réaffirmer que le demandeur d’emploi est, avant tout, victime d’un système d’économie ultralibéral qui privilégie les profits financiers les plus délirants au détriment de l’emploi.

Enfin, dans un contexte ou le service privatisé de l’emploi cherche à récupérer de l’argent à n’importe quel prix, cette création est inacceptable et nous en dénoncerons toutes ses conséquences.

http://www.sudemploi7627.org/2013/09/pole-emploi-cree-en-interne-une-police.html