Palestine / Ramallah le Jeudi 28 Octobre 2010


Lisez les récits des membres de la mission

166ème mission : du 22 au 31 octobre 2010

Elle réunit quatre associations, l’ATMF (association des travailleurs maghrébins de France), IDD (immigration, développement, démocratie) et l’UJFP (union juive française pour la paix), la FTCR (fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives).

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article9547

6ème jour

Jeudi 28 Octobre Ramallah, le Forum Mondial de l’Éducation

La matinée est consacrée à la préparation de nos interventions au Forum dans le cadre de l’atelier de demain organisée par IDD sur le thème éducation, immigration et développement.

A 14 heures, commence une marche à partir du centre ville menant au Palais de la Culture où se tiendra le forum. La manifestation de plusieurs milliers de personnes est « péchue », colorée, désordonnée, joyeuse et revendicative mêlant les organisations politiques palestiniennes comme le FPLP et le FPDLP aux ONG palestiniennes (notamment le PARC et des associations de femmes ou d’aide aux malades et handicapés) et européennes (France, Espagne, Italie etc…). Nous y rencontrons aussi des lycéens protestant contre la destruction de leur établissement.

Puis, au Palais de la Culture se tient la cérémonie d’ouverture du forum. Les intervenants tant palestiniens qu’internationaux ont souligné la signification politique de celui-ci : la solidarité internationale envers le peuple palestinien dans son combat contre l’occupation et la colonisation et pour la revendication de tous ses droits fondamentaux notamment de recevoir une éducation de qualité et pour tous, gage d’un avenir meilleur.

Beaucoup de femmes ont pris la parole, notamment Moema Miranda, brésilienne fondatrice des forums sociaux mondiaux . Elle a rappelé les propos de Mandela affirmant que la lutte contre l’apartheid ne sera pas achevée tant que la Palestine ne sera pas libre Mustafa Barghouthi, leader de l’Initiative Palestinienne et ancien candidat à l’élection présidentielle contre Mahmoud Abbas a eu le discours le plus marquant et le plus applaudi. Il s’est prononcé contre toute fausse paix et pour le BDS. Il a fait le lien entre les revendications de tous les Palestiniens : ceux de 48, de Cisjordanie, de Gaza, de Jérusalem et ceux qui aspirent à retourner dans leur pays

5ème jour

Mercredi 27 Octobre Jénine Bir Zeit Ramallah

Visite du camp de Jénine. Notre guide Nabil est metteur en scène au Freedom Theater. Il nous raconte l’histoire de la bataille du camp en 2002. Après une résistance de 15 jours pendant laquelle les troupes israéliennes ont eu des pertes importantes Sharon a envoyé les bulldozers : 650 maisons ont été détruites. Il y a eu 67 morts dont 15 enfants et 600 blessés. Le camp est aujourd’hui reconstruit ainsi que la mosquée. La ville de Jénine compte 65 000 habitants dont 16 000 dans le camp. Elle était autrefois prospère avec une ligne de chemin de fer allant de Haïfa à la Mecque avec une gare dont il reste les ruines. Il y a aujourd’hui quelques constructions nouvelles. On a pu voir à l’entrée de la ville un entrainement quelque peu folklorique de la police palestinienne.

Le théâtre de Jénine (Freedom Theater). Nabil nous rappelle son histoire. Arna Mer Khemis, israélienne militante communiste mariée à un Palestinien de 48 est venue à Jénine pour s’excuser des crimes israéliens commis pendant la répression de la première Intifada. Elle a su donner la parole aux enfants traumatisés par les humiliations et la répression et, avec une Palestinienne du camp, a fondé le théâtre. La plupart de ces enfants ont participé aux combats de 2002 et plusieurs y ont laissé leur vie. Le film « Les enfants d’Arna » de Juliano, le fils d’Arna, raconte cette histoire poignante. Le théâtre a été détruit pendant les combats puis reconstruit grâce à des dons venus de plusieurs pays dont la France (comité d’entreprise d’EDF) et des États-Unis (un mécène juif). Parmi les initiateurs du nouveau théâtre, Zakaria Zoubeidi, qui fut recherché et menacé de mort par les Israéliens avant d’être amnistié.

Nabil nous explique le type de théâtre pratiqué à Jénine inspiré notamment par Brecht. La pièce « La ferme des animaux » de Georges Orwell n’a pas du tout plu à l’Autorité Palestinienne qui a clairement compris qu’elle était visée par cette critique acerbe de la corruption et des abus de pouvoir. Nabil a été interrogé par la police pendant 15 jours et interdit de voyager pendant un an. Nabil insiste pour que le théâtre aborde le thème de la libération des femmes et de la liberté. Nous avons pu voir pendant un moment une répétition où la metteur en scène est une femme habitée par son métier qui dirigeait des jeunes hommes comédiens.

Nous avons rencontré une Palestinienne d’origine algérienne professeure dans une école des environs dont le parcours a été fait d’exils et de déplacements successifs qui l’ont menée jusqu’au camp de Jénine. Nous rencontrons enfin Ismaël Khateeb dont l’histoire assez fantastique a été révélée dans la presse. Son fils de 12 ans Ahmed jouait avec une arme en plastique. Il a été abattu par un soldat israélien. Les parents ont alors décidé de donner les organes du fils à des enfants malades israéliens. Ce geste n’a malheureusement pas eu de conséquences sur la brutalité de l’armée d’occupation. Il existe aujourd’hui une fondation « Ismaël Khateeb » et la pension dans laquelle nous avons dormi a été créée à la fois par cette fondation et par une ONG italienne.

Deux camarades de la mission se sont recueillies sur la tombe d’un responsable du camp tué en 2007 lors d’une rixe entre factions rivales alors qu’il essayait de s’interposer.

Bir Zeit. Cette très belle université aux portes de Ramallah a été financée en grande partie par de riches Palestiniens vivant à l’étranger La mission s’est scindée au milieu de la rencontre avec le BNC (Comité national palestinien du BDS). Ce qui suit est écrit par le groupe qui participera au Forum Mondial de l’Éducation à Ramallah.

Nous sommes accueillis par Samia, une professeure de Bir Zeit et par les deux responsables salariés de la campagne BDS, Hind qui est Palestinienne et Michaël qui est Anglais.

Nos interlocuteurs ont été très clairs sur une question essentielle. S’il est vrai que chaque groupe national peut adapter le BDS aux conditions locales, ces camarades sont pour un boycott total : économique, politique, académique, culturel, sportif….Concevoir le boycott pour les seuls produits des colonies peut être une première étape. Mais le limiter ainsi est une double erreur : d’une part cela restreint les droits du peuple palestinien à la Cisjordanie et à Gaza en oubliant tout le reste : le droit au retour des réfugiés, les Palestiniens de 48 et l’apartheid. D’autre part, c’est privilégier une certaine gauche israélienne accrochée à la défense de l’ « Etat Juif ». C’est choisir les droits des Palestiniens à leur place.

Michaël a donné de nombreux exemples de succès remportés par la campagne BDS (retrait d’un fonds de pension norvégien, vente des parts de Véolia dans le tramway de Jérusalem..). Le boycott distingue clairement entre Juifs Israéliens et sionistes. C’est la seule réponse possible des sociétés civiles face à l’extension de la colonisation. Nos interlocuteurs ont ironisé sur le boycott initié par le Premier Ministre de l’Autorité Palestinienne Salam Al Fayyed. Ce boycott est la conséquence du succès international du BDS mais il se limite aux produits des colonies alors que massivement les Palestiniens n’achètent pas ces produits. De plus l’imbrication des deux économies et le faible montant des amendes rendent ce boycott inefficace.

Si l’histoire de l’Europe et sa responsabilité dans le massacre des Juifs rendent la solidarité plus difficile, nous devons rationaliser et argumenter face aux accusations d’antisémitisme. D’ailleurs de nombreux Juifs sont actifs dans le BDS.

Le boycott académique ne vise pas des personnes mais des institutions comme autrefois le boycott de l’Afrique du Sud. Certains universitaires israéliens favorables au BDS demandent eux-mêmes à être boycottés (voir le site « boycott from within » = boycott de l’intérieur). Michaël a déjà répercuté partout la plainte contre Stéphane Hessel et a proposé aux députés une lettre type de protestation afin de donner un impact international à ce scandale.

4ème jour

Mardi 26 octobre. Dheishé – Beit Sahour – Al Masara – Jénine

Visite du camp de Deishe. Il compte 12 000 habitants sur ½ km². C’est un des 59 camps gérés par l’UNRWA. En 1948, les réfugiés ont été d’abord dans des tentes. Le camp a été créé par la Croix rouge qui a passé la main à l’ONU quand elle a pris conscience de l’ampleur du conflit. Les tentes ont été remplacées par des « chambres » de 9m² où des familles de 6 ou 7 personnes s’entassaient. Il y avait alors une seule toilette pour plusieurs chambres et il fallait faire la queue. Le camp a connu après 1967 de longues périodes de couvre feu puis des incursions armées avec assassinats ciblés ou punitions collectives.

Nous visitons un jardin d’enfants. La plupart des services proviennent d’aides de différents pays. Malgré le manque d’écoles et de professeurs, le niveau d’étude dans le camp est très élevé. Les ruelles sont très étroites, les murs graffités représentent des situations courantes de la Palestine occupée.

A la sortie du camp, nous rencontrons les travailleurs salariés de l’UNRWA, en grève depuis 12 jours parce que leurs statuts et leurs salaires sont très inférieurs à ceux des internationaux. Les poubelles débordent partout, les écoles et le dispensaire ne fonctionnent pas. Nous leur parlons de la grève en France, nous fraternisons et nous promettons de populariser leur lutte, notamment au Forum de l’Education.

Beit Sahour. Nous sommes reçus par Nassar Ibrahim au siège palestinien de l’AIC (la veille, Mikado nous avait accueillis au siège israélien à Jérusalem). Nassar se présente, c’est un professeur marxiste qui a étudié et travaillé dans différents pays et participé aux luttes du peuple palestinien. Il est rentré en 1998 en Palestine. Au début, il a eu des réticences vis à vis des Israéliens anti- colonialistes. Ses craintes se sont estompées et il a créé avec Mikado, l’AIC. Nassar nous a livré son analyse politique. Il a expliqué que le sionisme était dès le début un colonialisme.

Il est fermement partisan d’un seul État en Palestine, laïque et démocratique. Il a dénoncé le non sens des accords d’Oslo ou des tentatives de négociations actuelles puisque les préalables israéliens consistent à maintenir l’emprise coloniale. Il demande aux sociétés civiles des pays du monde entier de manifester leur solidarité et de témoigner. Il s’est adressé particulièrement aux juifs afin qu’apparaisse une alternative à la politique de Netanyahou.

Al Masara. Nous partons en car voir les ravages de l’occupation dans le district de Bethléhem. Hérodion est un haut lieu historique. Sur cette montagne se trouve le mausolée du roi Hérode. Ce lieu est devenu parc national israélien, manne financière et touristique avec le passage de nombreux cars. Non seulement, les Palestiniens sont spoliés mais encore le site est entouré de colonies riches en oliviers. Notre guide Mahmoud est en liaison avec des militants français notamment l’UJFP de Grenoble. Il anime un comité de résistance populaire à l’occupation. Il nous montre au pied d’Hérodion une colonie occupée par les 7 familles les plus extrémistes des anciens colons de Gaza et une autre occupée par Liberman.

Le comité organise chaque vendredi une manifestation non violente. Et pourtant depuis 2002, il compte 29 morts dont 7 enfants, de nombreuses arrestations et humiliations.

Mahmoud nous montre les différentes colonies, les champs d’oliviers auxquels les paysans ne peuvent plus accéder. Certains mêmes, vieux de 3000 ans, sont déracinés (1 600 000 oliviers déracinés en 10 ans). Nous faisons une longue halte devant le mur à Bethléhem dans une zone où il est graffité dans toutes les langues. Ces graffitis sont un mélange de colère et d’espoir. Les autres murs sont tombés, celui là, tombera aussi…

En partant vers Jénine, nous longeons toutes les colonies qui encerclent Bethléhem, notamment Gush Etzion (90000 habitants).

Sur la route, nous sommes arrêtés à un seul check point où un soldat israélien francophone, apprenant qu’on va à Jénine, nous signale « qu’ils sont tous fous là bas ». Puis montrant le chauffeur palestinien : « Et il est calme lui ? »…

3ème jour

Lundi 25 octobre 2010, Jérusalem Est, les colonies autour de Jérusalem, Hébron, Deishe, Bethlehem

Jérusalem Est, les colonies autour de Jérusalem. Nous sommes reçus au siège de l’AIC (Alternative information Center) dans le centre de Jérusalem par Michel Warschawski. Dans le centre de Jérusalem, ce dernier nous a fait un exposé à la fois sur la colonisation, la situation politique en Israël et les rapports avec les États-Unis. Il a différencié deux types de colonisation. La question essentielle pour l’occupant est la conquête démographique.

A Jérusalem, il y a une tentative incessante de judaïser tout Jérusalem Est. La colonisation en Cisjordanie est essentiellement spatiale. Il s’agit d’accaparer le maximum d’espace avec le minimum d’Arabes. Les idées impulsées par Ariel Sharon s’appliquent toujours. Le principe est de laisser cinq ou six cantons aux Palestiniens et occuper tout le reste. Michel a donné l’image de l’emmental et de ses trous. Il a rappelé que pour Sharon et ses successeurs la guerre d’indépendance n’est pas terminée, que les frontières ne sont pas acquises et qu’aucune paix ne sera possible avant 50 ans. Un groupe de jeunes (CEMEA- Solidarité Laïque Étudiant) était avec nous et nous sommes partis en car voir la colonisation autour de Jérusalem. Certaines colonies sont de véritables villes de banlieue, c’est le cas de Pisgat Zeev où va arriver le tramway. Dans les années 70, la vice procureur israélienne Plya Albek avait survolé la région en hélicoptère choisissant les zones décrétées vides pour y construire des colonies. Ces colonies aujourd’hui occupent la majorité de l’espace, et quand les Israéliens disent qu’ils vont se contenter de construire dans les colonies existantes, cela revient à relancer partout la colonisation. A ce propos, la citation d’Ariel Sharon dit « La frontière d’Israël, c’est là où la charrue trace son dernier sillon ». Le système de route est complexe, avec des routes pour colons et en dessous des chemins pour les Palestiniens. Les colonies dites sauvages à savoir les zones industrielles non exploitées, les habitations, les stations-service… servent à occuper l’espace. Il y a des colons économiques attirés par des maisons bon marché, mais ceux qui les dirigent politiquement sont des colons idéologiques d’extrême droite : « Quiconque parle de 300 à 400000 nouveaux colons n’est qu’un rêveur. Notre objectif n’est pas démographique mais spatial et notre rôle est de garantir à la population juive de Judée et de Samarie qu’ils ne vivent pas derrière des barbelés mais dans une continuité juive ». Citation Hodi Liberman dans le Quotidien Haaretz du 17 juillet 1996

Hébron. Ceux qui nous accompagnent depuis Jérusalem sont Ezra, un israélien d’origine irakienne et il y a Hillel, professeur d’histoire palestinienne. L’arrivée dans la ville historique d’Hébron, où plusieurs parties de maisons ont été confisquées par des colons est saisissante. C’est un scandale absolu, le sentiment de révolte et d’injustice nous étreint tous. Sur plusieurs centaines de mètres, il y a des grillages au dessus de la rue sur lesquels les colons particulièrement hostiles jettent leurs détritus. L’impunité de leurs actes les pousse à des conduites de plus en plus irresponsables et dangereuses. Il y a aujourd’hui 500 colons et 1500 militaires comme force d’appoint à leurs exactions. Walid qui dirige le comité de réhabilitation d’Hébron nous montre les dizaines de boutiques et les rues fermées. Du coup la ville s’est beaucoup appauvrie et la mendicité est en forte hausse. Il y règne un sentiment de désolation. Après avoir passé plusieurs portiques « dits de sécurité » nous arrivons au caveau des patriarches. Là où le colon terroriste Barouk Golstein a assassiné 29 Palestiniens en 1994. Une partie de la mosquée a été transformée en synagogue. Nos camarades musulmans se sont vus interdire l’entrée de la synagogue. Devant cette obstruction le groupe a décidé de retrousser chemin. Entre temps l’autre parti du groupe a pu accéder à la mosquée.

Deiseh-Bethlehem. Nous avons pris le repas dans les locaux du centre IBDAH qui se trouvent dans le camp des réfugiés. Nous avons été invités par l’association Ibdah. Wissam nous a conviés à un échange fructueux sur le sort de la population dans le camp. 12000 habitants entassés dans une superficie de d’un ½ km². Wissam a fait son intervention en trois points d’abord en insistant sur le fait qu’au-delà de la convivialité d’être ensemble les liens d’idées devaient être plus fort encore. Ensuite qu’il était important de dépasser les liens religieux, raciaux et géographiques pour entrer dans des liens idéologiques. Enfin, que nous vivons dans un monde globalisé et chacun de nous a le droit de se sentir concerné par la situation de son voisin. Il a été question d’une mise au point historique, géographique et démographique (les jeunes composent 60% de la population) sur la création du centre et les différents bailleurs qui ont subventionné ce lieu (institut partage France…) C’est globalement un message très positif qui a été délivré sur les jeunes, sur les initiatives sportives, les projets associatifs et les rêves quels que soient les mauvais coups du sort. Malgré la difficulté de la vie dans le camp de réfugiés (pas d’espaces de jeux pour enfants, impossibilité de sortir, problèmes de chômages et de perspectives chez les jeunes…), le courage et l’humilité qu’ils témoignent force l’admiration et nous donnent de l’espoir pour lutter auprès de ceux qui sont opprimés. Le message était simple, c’est bel et bien le rêve qui leur permet d’avancer. Ils nous invitent, nous, acteurs privilégiés de ce qui se passe dans les camps pour aller témoigner au monde afin qu’ils ne sombrent pas dans l’oubli. La soirée s’est terminée par une série de questions-réponses.

2ème jour

Dimanche 24 octobre 2010, Jérusalem Est, Tel Aviv-Taybe.

Les derniers camarades de la mission arrivent ce soir. Tout le monde a pu passer les contrôles mais on doit noter que tous les jeunes arabes-francais ont été systématiquement retenus et interrogés pendant 2-3heures.

Tel Aviv. Nous sommes reçus à la coalition des femmes pour la Paix par Esti Micenmacher. Dans la coalition, il y a eu un débat sur le BDS et sur le droit au retour des réfugiés palestiniens. Au sein de la coalition, plusieurs groupes l’ont quittée pour des divergences de stratégie (ces derniers estiment que les prises de position sur le boycott dépassent le cadre initial). La coalition a créé un site « Qui profite ? » en anglais « Who profits ? », qui vise à lister les personnes, entreprises qui profitent de l’occupation. Ce site donne les noms non exhaustifs de toutes les entreprises, banques, multinationales, industries, services qui génèrent des profits à partir de l’occupation de la Palestine. Parmi ces entreprises, on y trouve des groupes français, belges, suisses (tels que Véolia, Dexia, Danone, Orange…). Certains de ces groupes exploitent les carrières palestiniennes et y enfouissent les déchets dans des décharges sauvages. Les entreprises israéliennes détiennent le monopole de la distribution du pétrole et de l’eau. Des entreprises d’armement telles que G4S se font de la pub en expliquant l’efficacité de leurs produits testés sur la population palestinienne.

Taybe (Ville du triangle ; zone d’Israël ou les palestiniens sont majoritaires tout près de Tulkarem). Nous y rencontrons le parti Balad national laïque et démocratique, un des 3 partis des Palestiniens de 48 à la KNESSET. Il a été fondé par Azmi Bicharra, aujourd’hui contraint à l’exil. Parmi ses 3 députés du Balad, une femme Haneen Zoabi, qui était sur la flottille, Jamal Zahalka nous explique les positions de son parti. Les Palestiniens de 48 réclament la fin de toutes les discriminations qu’ils subissent en terme d’éducation, de possession de la terre, de logements, de droits. Le Balad se prononce pour l’autonomie culturelle des Palestiniens. Il considère que les Palestiniens de 48 subissent une situation semblable à celle de l’Afrique du Sud durant l’Apartheid. Il se bat également sur le terrain juridique contre les expropriations ou destructions de maisons. Le Balad est particulièrement sensible aux questions de l’éducation. Éducation, dont est privée de plus en plus la jeunesse palestinienne. Deux autres membres de la direction du Balad nous ont expliqué l’existence des 40 villages non reconnus dans la région et les conséquences désastreuses pour les habitants (manque d’eau, d’électricité, de service, etc…). Ces villages ont dû finalement s’adresser à la justice internationale TPI (Tribunal Pénal International) pour obtenir un peu d’eau potable. Interrogés par nous, le Balad nous a expliqué son soutien sans réserve au BDS et milite également pour un seul État en Palestine.

1er jour,

samedi 23 octobre 2010, Jérusalem Est.

Nous avons déjà 28 personnes présentes sur les 32 prévues. Sont présentes les 4 associations ATMF, IDD, FTCR, UJFP. Comme premier contact, il y a eu une présentation mutuelle des participants. Puis, Michel Warschawski nous a fait un point sur la situation de la colonisation notamment à Cheikh Jarrah. Il nous a fait un point sur la situation politique en Israël avec le gouvernement le plus à l’extrême droite jamais connu et les conséquences dramatiques qui en découlent (occupation, arrestations arbitraires et massives et expansion des colonies). Il y a un début de recomposition du mouvement pour la Paix. Un point a été fait sur le BDS (Boycott Désinvestissement Sanction) et ses conséquences en terme d’atteinte à l’image d’Israël. Le groupe ensuite s’est rendu sous la conduite de Rhacib dans le quartier d’Al Boustan dans la ville de Silwan. Là, déjà 88 maisons ont été confisquées par les colons et 1600 personnes expulsées. Nous avons été reçus sous la tente de la fraternité érigée par la population qui résiste. Tout le quartier échange et lutte, il y a des nombreuses arrestations y compris chez les enfants. Il nous a été expliqué comment l’archéologie et les fouilles menées servent de prétextes à la tentative d’exproprier et de judaïser tout un quartier.