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Dessin de Coco

 

 

DEPUIS JANVIER, GÉRARD VIT AVEC 30  EUROS PAR MOIS !

Technicien de maintenance dans l’industrie pendant trente ans, Gérard a enchaîné les emplois précaires depuis les années 2000. Musicien harmoniste, chanteur, intervenant dans des classes-relais auprès d’enfants en grande difficulté, il vit pour son art et de petits boulots. Il y a deux ans, le Bourguignon dégote un emploi de pion dans un collège, des remplacements de congés maternité, avant d’embrayer sur des vacations dans des écoles avec la réforme des rythmes de vie scolaire deux heures par semaine. Il touche 800 euros de chômage, correspondant à ses remplacements jusqu’à fin novembre.

D’un coup, c’est la dégringolade. Des droits rechargeables se déclenchent à cause de ses vacations à l’école à hauteur de 1,09 euro par jour jusqu’à mars. Depuis janvier, Gérard vit avec 30 euros par mois ! « Je me retrouve piégé dans ce machin-là, c’est une méthode pour réduire les gens en esclavage », grommelle-t-il. Tout de suite, il dépose un dossier de RSA.

Refusé, au motif que le calcul s’effectue sur les trois mois précédents, période où il touchait encore 800 euros d’allocation. Gérard se retrouve le bec dans l’eau. « J’ai déposé un recours devant le conseil général pour le RSA, j’ai contacté une assistante sociale qui était scandalisée, mon seul recours est de porter l’affaire devant le tribunal administratif, donc je vais attendre. »

À cinquante-deux ans, Gérard a beau se démener pour trouver un emploi, rien ne vient. « J’ai galéré par le passé, je suis du genre pugnace, mais là, je vis chez mon père de quatre-vingt-neuf ans, militant communiste et CGT, qui comprend la situation. Ce n’est pas amusant », raconte-t-il, amer. Gérard tient à ses trois luxes : son abonnement de téléphone portable, sa carte de train pour aller visiter son amie et ses cigarettes. « Ce dispositif est censé nous faire accepter n’importe quel travail, mais il nous met juste dans une ­situation de survie. »

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Diplômée d’arts du spectacle, la route d’Enora semblait toute tracée : elle sera créatrice de bijoux. Avant de se lancer, elle signe deux CDD chez Zara. Quand la Rennaise s’inscrit à Pôle emploi, en ­octobre 2014, l’atterrissage est brutal. Non seulement son dossier met 57 jours à être traité, mais l’ex-ANPE lui déniche un reliquat de droits rechargeables issus d’un petit boulot étudiant de 2013. ­Pendant sa licence, la Rennaise gardait les collections du musée des Beaux-Arts deux à six jours par mois afin de mettre du beurre dans les épinards. À cause de cet emploi, elle perçoit 310 euros mensuels pendant 610 jours. Alors qu’avec son dernier emploi de vendeuse, elle aurait pu prétendre à 700 euros…

Source : Humanité.fr : Le drame social des droits rechargeables