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Israël doit protéger ses citoyens par Amos Oz

Yedioth Aaharonot, 26 décembre 2008

dimanche 4 janvier 2009

Ce texte deAmos OZ a été écrit avant le début de l’opération de Tsahal dans la Bande de Gaza.

Les bombardements systématiques subis par les citoyens des villes et villages d’Israël constituent un crime de guerre et un crime contre l’humanité. L’Etat d’Israël doit protéger ses citoyens. Nul n’ignore que le gouvernement israélien ne veut pas entrer dans la Bande de Gaza, et qu’il préférerait continuer cette trêve que le Hamas a violée avant de l’annuler. Mais la souffrance des civils israéliens dans la zone frontalière avec Gaza ne saurait perdurer.

La réticence à pénétrer dans la Bande de Gaza ne provient pas d’une quelconque hésitation, mais de la certitude que le Hamas désire passionnément pousser Israël à une campagne militaire : si, au cours de cette opération israélienne, des dizaines ou des centaines de civils palestiniens – y compris des femmes et des enfants – sont tués, la radicalisation s’en trouvera renforcée à Gaza, ébranlant peut-être même, en Cisjordanie, le gouvernement d’Abou Mazen, qui laisserait alors la place aux extrémistes du Hamas.

Le monde arabe se solidarisera avec Gaza devant les images d’horreur diffusées depuis la Bande de Gaza par la chaîne Al-Jazirah. L’opinion publique internationale s’empressera alors d’accuser Israël de crimes de guerre – la même opinion publique mondiale restée indifférente aux bombardements systématiques de la population civile israélienne.

Des pressions intenses seront exercées sur Israël pour que son gouvernement observe une retenue. Aucune pression de ce genre ne sera exercée sur le Hamas, car il n’y a personne pour le faire, et qu’il ne reste quasiment aucun moyen de le faire. Israël est un Etat, alors que le Hamas n’est qu’une bande de criminels.

Quelle ligne d’action nous reste-t-il ? Pour Israël, la meilleure solution serait d’arriver à un cessez-le-feu total, en contrepartie d’un allégement du blocus imposé à la Bande de Gaza. Si le Hamas persiste dans son refus de cessez le feu et poursuit ses bombardements contre les civils israéliens, il faut redouter qu’une opération militaire ne joue le jeu du Hamas. Le calcul du Hamas est simple, cynique et scélérat : si d’innocents civils israéliens sont tués – parfait. Si de nombreux Palestiniens innocents sont tués – mieux encore. Face à cette position, Israël doit agir intelligemment, et non pas dans une explosion de fureur.

Traduction : Ambassade d’Israël à Paris

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2 Messages de forum

La guerre du Hezbollah contre Israël et le Liban, par Amos Oz

À de nombreuses reprises dans le passé, le mouvement israélien pour la paix a critiqué les opérations militaires israéliennes. Pas cette fois. Cette fois, la bataille ne relève pas de l’expansion d’Israël et de la colonisation. Aucun territoire libanais n’est occupé par Israël. Il n’existe aucun contentieux territorial bilatéral. Mercredi dernier, sans être provoqué, le Hezbollah a lancé une violente attaque en territoire israélien. Il s’agissait aussi, en réalité, d’une attaque contre l’autorité et l’intégrité du gouvernement libanais puisque le Hezbollah, en attaquant Israël, a pris en otage la capacité de ce gouvernement à contrôler son propre territoire et à décider de la paix ou de la guerre.

Le mouvement israélien pour la paix s’oppose à l’occupation et à la colonisation de la Cisjordanie. Il s’était opposé à l’invasion du Liban en 1982 parce que cette invasion visait à détourner l’attention du monde du problème palestinien. Cette fois, Israël n’envahit pas le Liban. Il se défend contre un harcèlement quotidien et le bombardement de dizaines de nos villes et de nos villages en tentant d’écraser le Hezbollah partout où il est en activité.

Le mouvement israélien pour la paix devrait soutenir purement et simplement cette tentative d’autodéfense d’Israël, aussi longtemps que cette opération s’en prend surtout au Hezbollah et s’efforce autant que possible d’épargner les civils libanais (une tâche pas toujours facile puisque les lanceurs de missiles du Hezbollah se servent trop souvent des civils libanais comme d’autant de sacs de sable humains).

Les missiles du Hezbollah sont fournis par l’Iran et la Syrie, deux ennemis jurés de toutes les initiatives de paix au Moyen-Orient. Il ne peut y avoir aucune symétrie morale entre le Hez bollah et Israël. Le Hezbollah vise les civils israéliens où qu’ils soient, alors qu’Israël vise principalement le Hezbollah.

Les ombres obscures de l’Iran, de la Syrie et de l’islam fanatique planent au-dessus des villes et des villages en feu de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise. Ces ombres noires, dans le même temps, suppriment la société civile libanaise, qui s’était libérée il y a peu, par une lutte héroïque, d’une longue colonisation syrienne.

La vraie bataille qui se livre ces jours-ci n’oppose pas du tout Beyrouth à Haïfa. C’est une bataille entre d’un côté une coalition de nations – Israël, le Liban, l’Égypte et l’Arabie saoudite – qui cherchent la paix et l’islam fanatique encouragé par l’Iran et la Syrie, de l’autre. Si, comme nous l’espérons tous, colombes et faucons israéliens réunis, le Hezbollah est vaincu rapidement, Israël et le Liban seront tous les deux gagnants. Plus encore, la défaite d’une organisation terroriste militante est de nature à doper considérablement les chances de la paix dans la région.

Yehoshua (en 2004) : “On ne le souhaite pas, mais ce sera une guerre de nettoyage.”

janvier 11, 2009

La “une” du Hayat, 7/01/09

Responsable de la page culturelle du quotidien Al-Hayat, Abdo Wazen (عبده وازن) a publié à propos de Gaza un article, traduit par Courrier international. Le poète – qui a connu il y a quelques années des problèmes avec la censure pour un recueil (Le Jardin des sens حديقة الحواس ) un peu trop audacieux sur le plan des moeurs – s’en prend violemment à Amos Oz, David Grossman et autres A.B. Yehoshua. Les représentants du « plus beau visage d’Israël » – comme on peut le lire dans cet article publié sur le site littéraire du Nouvel Observateur à l’occasion du dernier Salon du livre de Paris dont Israël était l’invité d’honneur – se font aujourd’hui sans nulle honte les propagandistes d’une attaque proprement monstrueuse contre une population civile qui n’a aucun moyen de se défendre ou même de fuir les combats, prisonnière qu’elle est dans son ghetto.

A.B. Yehoshua, David Grossman et Amos Oz sont considérés comme faisant partie du “camp de la paix”. Voilà pourtant les propos que tenait A.B. Yehoshua dans le quotidien israélien Haaretz, le 19 mars 2004. Ils inquiètent sur ce qui se passe dans la tête de certains intellectuels de ce pays, et ils obligent, à tout le moins, à se poser des questions sur le camp qu’ils ont choisi.

Il se peut qu’il y ait un jour une guerre contre les Palestiniens. Ce n’est pas certain mais ce n’est pas exclu. Mais si une telle guerre a lieu, elle sera très courte. Une guerre de six jours, peut-être. Quand on aura évacué les colonies, quand on aura cessé d’être une armée d’occupation, les règles de la guerre seront différentes. Nous déploierons toute notre puissance. Nous n’aurons plus besoin d’aller chercher tel terroriste ou tel meneur, nous emploierons la force contre la population toute entière. Nous interviendrons de façon différente… Ce sera une guerre totale… Elle sera beaucoup plus dure pour les Palestiniens. S’ils tirent des roquettes Qassam sur Ashkelon, nous couperons l’électricité à Gaza. Nous couperons les communications hertziennes à Gaza. Nous priverons Gaza d’essence. Nous déploierons toute notre puissance comme nous l’avons fait avec l’Egypte, contre les villes du canal en 1969, et là, quand la souffrance des Palestiniens sera tout autre, beaucoup plus intense, ils mettront d’eux-mêmes fin au terrorisme. Le peuple palestinien neutralisera lui-même le terrorisme. Il n’aura pas d’autre choix que de faire cesser les tirs. Peu importe qu’il s’agisse de l’Autorité palestinienne ou du Hamas. Quand les responsables de l’essence, de l’électricité et des hôpitaux verront que plus rien ne fonctionne, ils interviendront en quelques jours pour faire cesser les tirs de Qassam. La nouvelle donne changera complètement les règles du jeu. On ne le souhaite pas, mais ce sera une guerre de nettoyage. Une guerre qui montrera aux Palestiniens qu’ils sont souverains. La souffrance qu’ils subiront, quand l’occupation aura pris fin, leur montrera qu’ils doivent en finir avec la violence puisqu’ils sont désormais souverains. A partir du moment où nous nous serons retirés, je ne veux plus connaître leur nom. Je ne veux plus entendre parler d’eux. J’en aurai fini avec le régime de l’occupation, les opérations policières et les associations de défense des droits de l’homme. Ce sera peuple contre peuple. Etat contre Etat. Je ne vais pas commettre de crimes de guerre contre eux, mais je vais leur montrer toute ma puissance. S’il y a des tirs sur Ashkelon, il n’y a plus d’électricité à Gaza.

Cette traduction figure dans Le nouveau philosémitisme européen et le ‘camp de la paix’ en Israël (La Fabrique, 2007, p. 97-99), un livre d’un autre écrivain israélien, Yitzhak Laor (déjà mentionné dans ces chroniques) dont nous citons également les commentaires :

Remarquez la phrase : « Nous n’aurons plus besoin d’aller chercher tel terroriste ou tel meneur. » En mars 2004, date de l’interview, « les assassinats ciblés de militants de l’Intifada dans les territoires occupés avaient pris l’allure de chasses à l’homme quotidiennes. Les maisons d’arrêt et les prisons étaient pleines, les camps de détention bondés, les Palestiniens bloqués aux barrages faisaient la queue pendant des heures, l’armée tuait sans distinction ceux qu’elle qualifiait de « terroristes préparant un attentant en Israël. » C’était une généralisation systématique des opérations des escadrons de la mort de l’armée. Analysons la logique terroriste du stratège A.B. Yehoshua : « Ils » tirent des Qassam. Que désigne ce « ils » ? Nous leur coupons l’électricité. Que désigne ce « leur » ? Comme il est facile de priver d’électricité les bébés de Gaza, comme il est facile de priver les hôpitaux de Gaza d’essence et d’eau, et ce, « parce qu’ils tirent des Qassam ». C’est la logique du terrorisme par excellence. […] Pourtant, dans le genre, A.B. Yehoshua atteint un summum dans son interview de 2004 : « On ne le souhaite pas, mais ce sera une guerre de nettoyage. Une guerre qui montrera aux Palestiniens qu’ils sont souverains. » C’est un discours fasciste ou je me trompe ?

Pour ceux qui souhaiteraient un autre éclairage sur A.B. Yehoshua, Pierre Assouline propose dans son blog cette « conversation animée » avec l’écrivain, en juin 2007, où il est question de morale et d’éthique…

Posté dans France, Palestine, littérature par Yves Gonzalez-Quijano