24 Juillet 2012, Bruxelles
Le Conseil d’Association UE-Israël se tient aujourd’hui, deux mois seulement après l’adoption des conclusions du Conseil Européen de Mai 2012 dénonçant les politiques coloniales israéliennes et évoquant la menace qu’elles font peser sur la solution des deux Etats. En lisant la déclaration européenne adoptée à cette occasion, les citoyens européens, le peuple palestinien et les autres peuples de la région, seront confrontés à un contraste saisissant. Celui qui existe entre les avancées notables dans les relations entre l’Union européenne et Israël, d’un côté, et la détérioration substantielle de la situation sur le terrain, de l’autre. Car si l’Union Européenne continue de refuser à Israël l’adoption d’un nouveau plan d’action, elle ne cesse de renforcer sa coopération avec ce pays. Cette coopération atteint désormais un niveau sans équivalent dans la région. Pourtant, au moment même où ce Conseil d’Association se tient, de nouvelles colonies sont construites, de nouvelles maisons démolies, des familles sont chassées de leurs terres, des Palestiniens sont détenus administrativement, sans connaître les charges qui pèsent contre eux, et pour une durée illimitée. La liste des violations israéliennes du droit international est longue.
Or, l’Union Européenne, il n’y a pas si longtemps, et suite au printemps arabe, a présenté un mea culpa pour avoir fermé les yeux, dans le cadre de ses relations bilatérales, sur les violations des droits commises par ses partenaires. Elle a révisé sa politique de voisinage pour lier le développement des relations bilatérales au respect des valeurs communes et des droits de l’Homme. L’exigence du respect du droit s’arrête-t-elle à nos frontières? L’Etat Israël demeurera-t-il l’exception, au risque d’affecter la crédibilité européenne et de donner un nouveau souffle à l’accusation de deux poids deux mesures? Il apparait clair aujourd’hui qu’en dissociant le développement des relations bilatérales de la cessation des violations israéliennes du droit international et du respect par ce pays de ses obligations en matière de droits de l’Homme, tant à l’égard des Palestiniens dans le territoire occupé, qu’en Israël même, l’UE renonce à user des instruments les plus importants à sa disposition pour contribuer à la construction de la paix. Dans une certaine mesure, elle permet à l’impunité israélienne de perdurer. Car les déclarations politiques, et la construction des institutions palestiniennes, ne pourront aboutir seules à la fin de l’occupation, à la liberté et à la dignité pour le peuple palestinien, et à la paix pour tous les peuples de la région.
L’aide que l’Union européenne a apporté à la construction de l’Etat palestinien est hors du commun. Ses positions politiques depuis 30 ans sur le conflit sont sans équivoque, y compris quant à sa reconnaissance du droit du peuple palestinien à l’auto-détermination. Et pourtant, sur le terrain, Israël défie la communauté internationale et détruit ce que l’Europe nous aide à construire. Comment expliquer alors qu’Israël demeure, et de loin, le premier partenaire de l’Europe dans la région? Comment expliquer la signature de plusieurs accords sans contrepartie politique et alors même qu’Israël prive un autre partenaire, la Palestine, de mettre en œuvre ses propres accords avec l’Union européenne? Comment exiger des autres partenaires de respecter leurs obligations pour obtenir des bénéfices déjà accordés à Israël, qui est pourtant responsable de violations graves et répétées du droit international? Il revient à l’Union européenne de tirer les conséquences de ces questionnements afin de préserver son rôle, sa crédibilité, et son image, non seulement en Palestine, mais dans la région, et au-delà.