Strasbourg a suivi les consignes nationales de rassemblement bruyant à l’heure où un allumé aux yeux trop bleus fixés sur le prompteur s’est adressé à la France en prétendant être son chef.
Bien avant le 20 h, une quinzaine de cars de la milice privée de l’individu stationnaient rue de la Nuée-Bleue si bien nommée pour le coup et rue du Dôme plus un véhicule des pompiers pour le secours aux victimes. Ambiance!
Un peu avant l’heure, des centaines de manifestant.e.s face à l’Hôtel de Ville, lieu des réceptions et des mariages, faisaient déjà un bruit d’enfer avec des casseroles des poêles, des bidons, des sifflets, et même quelques flûtes sans parler des caisses claires et autres instruments de percussion.
Il s’agissait à l’occasion de ce mot de désordre national de répondre par la dérision sur le même mode que le freluquet de l’Elysée: il ne nous écoute pas, pourquoi l’écouter?
Le grand charivari de Strasbourg
A 20 heures pile, on a vu se mettre en place un sosie de Micron, en costard élégant, le visage artistiquement reproduit mécaniquement sur une imprimante, ressemblant fidèlement au modèle habitant son palais de l’Elysée. Le silence se fit, non sans mal, tant la colère du peuple était bruyante.
Alors le simili président, tenant une feuille de papier à la main, en lieu et place du prompteur fixement regardé par l’ersatz élyséen, se mit à lire le véritable discours du gugusse.
Des huées et des bruits divers ponctuèrent la chose. La foule de plusieurs centaines de personnes reprit son bruit tonitruant (Jupiter, c’est le peuple, en réalité, qui fulmine).
Peu à peu on assista à un véritable charivari comme au Moyen-Age, casserolade, sifflets, cris et slogans, une chenille, des danses, à deux ou en groupes, une manifestation dans la manifestation, et toujours des slogans dont certains ravageurs comme (citation) “Louis XVI, on t’a décapité,M…n, on va recommencer!”. On s’est représenté Badinter en larmes, quoi la seule réforme progressiste de Mitterrand, jetée aux orties?
Il était déjà 20h30, et les gens dansaient sur les rails de tram. Comme par un mystérieux appel, venu d’on ne sait où, un cortège se forma dont la tête se dirigea tranquillement vers l’Opéra et la place de la République qu’il s’agissait une fois encore de défendre avec sa copine la démocratie, le droit de circuler librement et toutes ces choses que le pouvoir en place, secondé lourdement par sa milice, ce jour venue du 66, Pyrénées Orientales, pour ceux qui n’ont plus souvent des départements, s’appliquait à faire oublier à son bon peuple.
Enfin pas si bon, selon le point de vue de l’adversaire. Le cortège tourna à gauche sur le quai en direction du Palais de Justice qui, l’après-midi venait de condamner un responsable CGT à 3 mois de prison avec sursis, et d’autres à de la prison ferme, dont un pote Gilet jaune, sans domicile fixe qui avait été muni, selon, le Chournal, de pétards et autres objets détonants de tradition en Alémanie.
Le cortège n’alla (n’Allah?) pas loin car des gyrophares s’interposèrent entre le peuple et le Tribunal. Une mini barricade érigée, avec des objets divers tirés d’un chantier. Quelques plastiques ornant les poubelles de métal partirent en fumée et gaz peu amènes, les taxis proches s’étaient garés plus loin et personne n’incendia la pompe à essence.
Commença alors une longue marche au pas rapide des jeunes présents, suivis cependant par quelques plus âgés et même des vieux soixante-huitards de mon genre.
Ainsi on visita la Neustadt, République, avenue de la Liberté, Palais U., avenue de la Victoire, etc. Suivis de plus ou moins près par d’autres gyrophares et parfois même par de la soldatesque à pied, déguisée en Robocops autres PlayMobils.
Des gaz s’échappèrent, pas d’où vous pensez, mais de tubes de plastique ou de métal dont les keufs étaient munis. Des jeunes gens très dynamiques munis de précieux gants et vêtus de noir les renvoyaient à l’expéditeur.
Sur le boulevard de la Victoire- la nôtre, on fait tout pour-, de nombreux chantiers s’offrirent aux mains expertes des dits jeunes qui à coup de pompes, ou de poings les firent tomber pour les tirer en pleine rue ou sur les rails du tram. On tourna à droite sur le campus en direction de l’arrière de la Fac de Droit, on traversa quelques pelouses, on prit l’avenue du Gal de Gaulle, autre pointure que le Micron, on longea la cité Paul Appel rénovée récemment.
Là, le destin de la Feuille de chou et celui des manifestants divergea. Le premier prit à droite car il avait déjà fait plus que ses 10000 pas réglementaires et il était 22h. On se retrouva d’abord dans un chantier avant de redescendre la rue de la Cité Gaujot. Les autres se cassèrent vers la gauche quand le chef des contre-émeutiers ordonna que tous s’en allassent, sans résultat of course.
On apprit plus tard que le reste du cortège traversa la zone commerciale, longea le cinéma UGC, puis termina du côté du Neudorf et pour certains au cimetière, non qu’ils fussent morts et enterrés, mais pour le calme du lieu.
Dans des centaines de viles il se passa des choses du même tabac; et même à Ville, à Saverne, comme quoi le Gus d’en haut peut toujours se brosser en croyant qu’on va oublier la retraite et applaudir d’autres contre-réformes, à commencer par des lois contre les étrangers.
Une page de pub, offerte gracieusement.
Download/Télécharger (CP-Lintelligence-pour-quoi-faire-2.pdf,PDF, 365KB)