JE SUIS LIBRE malgré l’occupation
Ziad Medoukh
En lisant cet article, bien des gens seront probablement étonnés de son contenu, d’autant plus étonnés que son auteur est un Palestinien vivant sous occupation, un Gazaoui enfermé par un blocus inhumain imposé de façon illégale par des occupants qui ne veulent pas la paix, qui détestent la paix. L’auteur est un Palestinien qui vit comme son peuple une vie anormale provoquée par l’occupation israélienne dont les mesures défient le droit international.
Mais, cela peut sembler paradoxal, la vérité est que je me sens libre dans la bande de Gaza en dépit de la violation israélienne des droits des Palestiniens, et du droit international.
Aujourd’hui, la situation en Palestine est difficile à tous les niveaux à cause des mesures de l’occupation, qui séparent Gaza de la Cisjordanie, qui empêchent les Palestiniens de mener la vie de tout le monde. Malgré cela, nous nous sentons beaucoup plus libres que les occupants qui essaient de nous encercler, de nous enfermer, avec leurs barrages, leur check-points, leurs colonies et leur mur.
En Cisjordanie, les Palestiniens souffrent de ces barrages, de ces check-points, de la construction illégale de ce mur qui sépare les villageois de leur village, les élèves de leur école, les paysans de leur terre, les familles de leur famille. Ils souffrent de l’accélération de cette colonisation qui n’a jamais cessée, même en pleines négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens.
Deux années presque se sont écoulées depuis la fin de l’agression israélienne contre sa population civile et Gaza est toujours sous blocus. Rien n’a changé à Gaza : les frontières sont toujours fermées et les passages qui la relient à l’extérieur s’ouvrent une ou deux fois par semaine pour permettre à quelques camions d’y acheminer une petite quantité de médicaments et de produits alimentaires bien en deçà des besoins de la population ; par ordre militaire israélien, beaucoup de produits sont interdits d’entrée à Gaza, en particulier les matériaux de construction qui permettraient de rebâtir les maisons détruites fin 2008, début 2009, ce qui laisse les habitants dans une précarité extrême ; mais le plus grave pour les Gazaouis, c’est l’absence de perspective d’avenir, en raison du blocus d’une part, et du maintien de la division d’autre part .
L’occupation m’empêche de me déplacer, de sortir de mon pays, d’y revenir le cas échéant, de mener la vie normale de tout citoyen, mais JE SUIS LIBRE.
Oui, JE SUIS LIBRE malgré l’occupation, je suis bien plus libre que les soldats israéliens qui contrôlent les Palestiniens aux barrages et aux check-points, bien plus libre que les militaires israéliens qui tuent et blessent mes compatriotes avec leurs balles et leurs bombes, bien plus libre que les politiques israéliens qui décident chaque jour de continuer de construire des colonies nouvelles sur nos terres au mépris du droit international et des droits des Palestiniens.
C’est vrai, il est difficile d’aller d’un village à un autre, d’une ville à une autre dans les territoires palestiniens, mais JE SUIS LIBRE.
Les provocations israéliennes, les attaques, les bombardements, les incursions, les raides, se poursuivent, mais malgré tout cela, JE SUIS LIBRE.
La souffrance fait partie de notre quotidien, mais JE SUIS LIBRE
Je vis dans un grand territoire divisé, mais JE SUIS LIBRE
Je vis dans une grande prison appelée Gaza, mais JE SUIS LIBRE.
JE SUIS LIBRE comme tout mon peuple est libre.
C’est le courage, la patience, la détermination, la résistance qui nous rendent libres, qui me rendent libre, mais c’est surtout l’espérance en un lendemain meilleur, mon espérance en un lendemain de liberté et de paix ! Par elle, je suis libre dans ma pensée, dans ma conscience, et dans mon esprit, JE SUIS LIBRE dans mon cœur.
JE SUIS LIBRE malgré l’occupation.
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