Serait-ce la proximité du Haut-Rhin avec la Suisse? L’air délétère qui rend la Confédération Helvétique irrespirable, après la votation pour expulser automatiquement les “criminels étrangers” soufflerait-il aussi sur la préfecture du Haut-Rhin à Colmar?

En Alsace, il ne s’agit pas de “criminels” étrangers ou autochtones; on ferait le tri entre les sans-abris? Entre ceux qui ont des papiers et ceux qui n’en ont pas? Le radiateur pour les uns, le froid glacial pour les autres, dont des familles avec enfants en bas âge?

Curieusement, les Dernières Nouvelles d’Alsace de ce mardi 30 novembre se contredisent entre le bandeau en “une” et l’article en région 3.

Le bandeau proclame:

Le dispositif hivernal d’hébergement d’urgence ouvert à tous les sans-abri, sans exception.

C’est le point de vue gouvernemental officiel.

Mais, en page région 3, on peut lire:

SDF “communs” d’abord, sans-papiers ensuite.

On y apprend qu’une “hiérarchisation selon le ”statut administratif’des sans-abri “a été mise en place par “le préfet du Haut-Rhin“.

C’est Alsace d’Abord, et son président, Jacques Cordonnier, membre de la direction du “Bloc Identitaire“, ou le conseiller régional FN Binder,qui doivent se frotter les mains!

Quelques jours après la votation suisse pour expulser les “criminels étrangers“, c’est en Alsace, région autrefois annexée par les nazis – en resterait-il des traces?- que l’administration préfectorale prétend trier entre les sans-abri!

Bien que l’accueil soit “inconditionnel“, le préfet prétend distinguer entre “droit commun” (expression affreuse de connotation carcérale) , “personnes réfugiées ou régularisées“, et d’autre part “demandeurs d’asile ou personnes déboutées du droit d’asile“.

Les premiers auront chaud-merci au 115-, les autres se gèleront en dormant dehors, hommes, femmes et enfants compris.

On peut noter aussi que le vocabulaire déshumanisant qui traite des êtres humains comme si c’étaient des stocks – ein Stük- de choses, est bien entré dans les us administratifs :

…la nécessité d’assurer une fluidité au dispositif -le Gestell heideggérien- impose de prioriser le public de droit commun”.

Que le préfet ne nous parle plus du “devoir de mémoire” – la sienne a des trous- et ne dise plus “plus jamais ça“!

Il paraît que “ contacté par les DNA, le préfet du Haut-Rhin a refusé de s’exprimer“…

Les DNA ajoutent:

Dans un communiqué, Europe Écologie Sud-Alsace lui reproche d’être ” hors-la-loi” en faisant “le tri entre les SDF de droit commun et les autres, les sans-papiers“, tout en rappelant que “la discrimination est interdite par la loi de la République

Note:

Le hasard (?) de la mise en page des DNA fait que sous l’article concernant la discrimination préfectorale entre SDF, se trouve celui relatant l’audience de renvoi des 12 boycotteurs de Mulhouse, prévenus de “provocation à la discrimination nationale, raciale, religieuse par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique”.

N’y aurait-il pas comme une erreur d’adressage? Les boycotteurs appellent au respect de la loi qui interdit à l’État d’Israël de faire passer des produits des territoires occupés pour des produits israéliens.

Le préfet aurait été prêt à discriminer des personnes, SDF, selon qu’elles sont munies de papiers en règle ou pas…

Mais que fait le procureur de la République du Haut-Rhin?