http://www.metrofrance.com/info/360-salaries-attaquent-la-sncf/mjlm!MQjZUTkE0eWU/

Les cheminots français ont un statut plus avantageux que leurs collègues étrangers. Ces derniers poursuivent la SNCF pour discrimination.

La SNCF est-elle coupable de discrimination à l’égard de ses cheminots étrangers ? C’est ce que pensent 360 d’entre eux, essentiellement des Marocains, qui poursuivent l’entreprise devant les prud’hommes. Une audience doit se tenir mardi à Paris.

La SNCF, qui ne veut “pas faire de commentaires” sur le sujet, a demandé un délai pour préparer sa défense. Le procès sera donc renvoyé en 2011. Les plaignants, employés ou retraités, se battent pour accéder au statut protecteur du personnel de la SNCF réservé aux Français et, depuis peu, aux ressortissants de l’Union européenne. Ce statut, dit “de cadre permanent”, permet aux cheminots de partir à la retraite à 55 ans et de cotiser à la caisse de prévoyance et de retraite de la SNCF.

Cette clause de nationalité exclut quelque 2 000 employés maghrébins qui sont, eux, “contractuels” depuis que l’entreprise les a embauchés dans les années 70. Ils ont le statut de salarié du privé, cotisent à l’assurance vieillesse et maladie et partent à la retraite à 60 ans.

“Ils sont aussi discriminés sur le déroulement de leur carrière, explique Bouabdellah Frahlia, du syndicat SUD-Rail. Ils n’ont pas le droit de passer les examens en interne pour évoluer”. Pourtant, “leur contrat prévoit qu’ils soient traités à égalité avec leurs collègues français”, précise Léopold Mendes, leur avocat.

En réalité, “ils sont restés des cheminots de base à assembler des wagons dans les gares de triage, là où leurs collègues ont fait carrière”. De plus, ils restent exclus des avantages en nature attribués aux permanents, comme la possibilité pour les familles de bénéficier de tarifs ultrapréférentiels sur le réseau SNCF. L’avocat estime à plus de 300 000 euros le montant du préjudice subi par chacun. Somme qu’il réclame par travailleur à la SNCF. Il envisage de saisir la Halde.

Exemplaire type du contrat  de travail signé par les cheminots  étrangers dans les années 70.

Ph

Un contrat non respecté
Voici un exemplaire type du contrat de travail (photo) signé par les cheminots étrangers dans les années 70. On y lit noir sur blanc que “le travailleur étranger a droit au même régime de travail que les ouvriers français”, qu’il “doit recevoir à travail égal une rémunération égale à celle de l’ouvrier français de même catégorie” et que “l’égalité de traitement s’étend également aux indemnités s’ajoutant au salaire”. On y apprend aussi qu’il travaillait à l’époque 43 heures par semaine, en plein air.

——————————————

Mis à jour 13-12-2010 22:42 :

http://www.metrofrance.com/info/ahmed-katin-c-est-du-racisme-de-la-discrimination/mjlm!z1FBslAqGQaM/

Ahmed Katin : “C’est du racisme, de la discrimination”

Ahmed Katin est à l’origine de la procédure visant la SNCF devant les Prud’hommes. Témoignage.

Ahmed Katin

Ahmed Katin

Photo : DR

Ahmed Katin vient de passer la dernière décennie à remuer ciel et terre pour que les cheminots contractuels soient traités comme leurs collègues permanents. A 62 ans, ce Marocain est à l’origine de la procédure visant la SNCF devant les Prud’hommes. Il a 39 ans d’expérience dans l’entreprise.

“C’est elle qui est venue me chercher au Maroc, explique-t-il. J’ai commencé à Pantin. A l’époque, les Marocains étaient installés dans des bungalows pleins d’air et sans douche.” Aujourd’hui, il renseigne les voyageurs en gare de l’Est. Mais jusqu’en 2004, Ahmed a changé les traverses des trains, accroché et décroché les wagons de marchandises et de transport de voyageurs. Un métier physique et pénible, qui explique pourquoi les cheminots partent normalement à la retraite à 55 ans.

Cette mesure ne vaut cependant que pour les permanents, donc les Français. Etant contractuel, car étranger, Ahmed est aligné sur le régime privé. Il ne pourra prendre sa retraite à taux plein – environ 1 150 euros bruts par mois – qu’en mars 2012. “On fait le même travail que les permanents, mais on n’a pas les mêmes droits, pas les mêmes avantages, pas le même déroulement de carrière. Tout ça parce que ni la direction ni les syndicats ne veulent que desMarocains commandent à des Français. C’est du racisme et de la discrimination !”.

Etant contractuel, Ahmed n’a pas pu passer les examens qui permettent, en interne, de gravir les échelons. Il a pourtant été chef de manœuvre et coordinateur d’équipe, mais sans en avoir le titre ni la paye. “Dégoûté”, il sera présent aujourd’hui aux prud’hommes, à Paris. Mais, même s’il se dit prêt à se battre jusqu’en cassation, il n’y croit plus : “Je ne pense pas qu’on va donner quelque chose à des ouvriers comme nous”, dit-il, résigné.