« Qu’ils s’en aillent tous! »

« Je vous ai compris! » disait hier encore Ben Ali. Et il est parti.

D’autres suivront!

Ce qu’on vient de vivre ces semaines et ces deniers jours en accéléré, c’est une révolution,

Un peuple opprimé, privé de liberté pendant 23 ans a dit assez!

Avec la peur, la servitude volontaire a cessé,

L’alliance de fait des défenseurs des droits de l’homme et du peuple tunisien, dont les mineurs de Gafsa, a fait reculer le tyran,

Il a manœuvré en clone minable du général de Gaulle en 68,

La déferlante populaire dans le pays et à Tunis a eu raison de lui,

Il s’est enfui, comme tout dictateur déchu dans ce cas. Il ne faudrait pas qu’on assiste à un sauvetage du même régime sans sa clé de voute.

Il y a eu des scènes de fraternisation entre manifestants et militaires,.

Mais l’état-major a peut-être tenté en abandonnant Ben Ali de sauver l’essentiel d’un régime honni.

Le vice président a repris le pouvoir jusqu’à des élections. Reste à voir si la révolution populaire pour la démocratie, la liberté, la dignité ,du travail ne sera pas confisquée par la camarilla de Ben Ali restée en place ou par l’armée. Le couvre-feu en Tunisie est un mauvais signe sur la voie des libertés démocratiques.

On a senti ces jours derniers cet enthousiasme révolutionnaire qui selon Kant à l’annonce de la révolution française, se propage partout et signe la vérité d’une juste révolution.

Bien entendu, cet air frais n’est pas parvenu dans les palais et les ministères français.

Des fois que ça donnerait des idées au peuple français!

Sarkozy n’a rien dit pendant cette révolution; les gouvernements français successifs appuyaient Ben Ali sous prétexte qu’il aurait été un rempart “laïque” et “féministe” contre les islamistes. Pire, sa ministre des Affaires étrangères a osé proposé une « aide sécuritaire » alors que Ben Ali faisait tirer sur les cortèges funèbres.

Maintenant que le tyran est tombé ils ne peuvent que « prendre acte », c’est dire leur déconfiture!

La victoire du peuple tunisien est la victoire de tous les peuples.

Les amis d’un tyran, désormais en exil – on espère qu’il ne viendra pas s’ajouter en France à tous les Duvalier jetés dehors par leurs peuples- à l’heure où la chasse aux étrangers bat son plein, sont en pleine déconfiture, On s’en réjouit.

Les événements de la Tunisie auront des répercussions dans tout le monde arabe et au-delà, dans les pays dominés par le néo-colonialisme ou exploités par des tyranneaux locaux .

La jeunesse algérienne ne pourra que se trouver encore plus dynamisée dans son combat pour un avenir dans son pays, riche, mais où une masse de gens sont pauvres et sans travail.

En Jordanie aussi où des heurts ont eu lieu récemment, en Égypte, et bien entendu en Palestine occupée, on tirera la leçon qu’un peuple uni est invincible contre tous les oppresseurs,

,Même en Europe où la situation n’est pas encore aussi mauvaise que dans les pays du sud, les travailleurs grecs, irlandais, espagnols ne peuvent que se trouver confortés dans la lutte contre des sacrifices qui leur sont imposés pour que les banques se remplument.

Tous ceux qui, depuis des dizaines d’années, nous serinent qu’il n’y a qu’une seule solution, libérale ou ultra-libérale, sont affaiblis par la chute de Ben Ali leur ami.

Si le peuple tunisien ne veut pas être dé-saisi de sa victoire, il doit exiger le rétablissement de toutes les libertés et des élections démocratiques immédiates, sans oublier la saisie de tous les biens spoliés par Ben Ali, sa famille et sa camarilla,

Pas question qu’il aille vivre luxueusement à l’étranger avec les revenus de l’exploitation du peuple.

Ses comptes bancaires doivent être bloqués, Les criminels doivent être châtiés par la justice tunisienne ou international. Tous ceux qui ont profité du régime doivent être écartés,

Tout doit être fait pour que le peuple tunisien ne voit pas sa victoire confisquée,

Samedi 15 janvier, plus que jamais, le peuple tunisien a besoin de notre solidarité active.

Tous et toutes dans la rue à Strasbourg place Kléber à 16h.

LA FEUILLE de CHOU

14 JANVIER 2011 21 H 45

L’ex président Ben Ali aurait trouvé refuge en Arabie saoudite!

On a les amis qu’on mérite. (6h, le 15 01 11).